« Je pense clairement aujourd’hui, qu’une partie de l’action internationale sur le climat se joue en fait sur l’accès au vaccin et à la lutte collective contre le Covid19 », a déclaré Ronan Dantec (Président de l’Association Climate Chance).
C’est une « exigence de solidarité », a-t-il souligné dans son message lors de la plénière d’ouverture du Sommet Climate Chance Afrique 2021.
Cette rencontre virtuelle (en raison du Covid19) a regroupé plusieurs intervenants de haut niveau, venus du monde entier et des différents secteurs de l’action climatique. Il s’agissait entre autres, d’identifier les priorités de l’action climat et de la mobilité durable en Afrique, et de préparer la COP27, qui aura lieu en Afrique. L’objectif de Climate chance est surtout la mise en réseau des acteurs non étatiques, pour renforcer l’action climatique.
L’action climatique internationale doit être axée sur une base de solidarité, impliquant le soutien des pays riches aux nations africaines, surtout en cette période de crise économique due à la pandémie au Covid19 qui a également des conséquences sur l’action climat.
Selon M. Dantec, chacun doit assumer sa part de responsabilité pour réduire les émissions et participer à l’adaptation des plus vulnérables, et l’Afrique a un rôle à jouer dans la captation du CO2 à travers ses forêts. Le continent a aussi à faire, pour que son développement urbain soit respectueux aujourd’hui, de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
« Mais on ne peut pas demander à l’Afrique de faire cet effort collectif si par ailleurs, les pays riches ne sont pas solidaires sur l’accès au vaccin. Je pense clairement aujourd’hui qu’une partie de l’action internationale sur le climat se joue en fait sur l’accès au vaccin et à la lutte collective contre le Covid19 », a expliqué M. Dantec.
On comprend aisément que, sans solidarité Covid19, la solidarité climat serait difficile. La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 est aussi une crise environnementale.
Une relance économique verte en Afrique
« Avec les inondations et les vagues de chaleur, on voit qu’il n’y a plus aucun endroit en Europe ou ailleurs dans le monde, où on est immunisé contre l’impact du changement climatique. Et c’est évidemment vrai pour l’Afrique, le continent qui contribue le moins aux problèmes climatiques, mais qui en souffre le plus », a de son côté estimé Ambroise Fayolle (Vice-Président de la Banque européenne d’investissement).
« En Europe, on voit aujourd’hui que le plan de relance économique après la crise liée au Covid19, intègre les questions climatiques, les questions de transition écologique. Ça doit être la même chose sur le plan africain. Nous allons avoir besoin de plan de relance économique en Afrique. L’Afrique est durement touchée par cette crise de Covid19. Il faut à partir de là, que ces plans de relance en lien avec les bailleurs internationaux, intègrent cette nécessaire transition climatique, énergétique et écologique. Je crois que c’est autour de ces questions-là que nous devons travailler et continuer de fédérer l’ensemble des acteurs non étatiques en lien avec des Etats », explique M. Dantec.
Un continent, mains tendues face au Covid19
D’après les estimations du Fonds monétaire international (FMI), les besoins de financements additionnels des pays africains pour rattraper le retard né de la crise et garantir une reprise solide se chiffrent à 425 milliards de dollars sur la période 2021-2025. D’ici 2025, les pays en développement seront appauvris de 12 000 milliards de dollars à cause de la pandémie, l’incapacité à déployer des vaccins pourrait réduire les revenus des pays du Sud de 1 500 milliards de dollars supplémentaires.
Notons qu’en juin, le G7 a annoncé plusieurs centaines de millions de doses qui, pour la plus grande part, n’ont toujours pas atteint le continent.
Le 4 octobre dernier, plusieurs célébrités africaines dont la chanteuse béninoise Angélique Kidjo et la superstar nigériane Davido, ont -dans une lettre ouverte publiée par l’Unicef- appelé les pays riches à donner « urgemment » des doses de vaccins contre le Covid-19 aux pays africains.
« L’Afrique ne peut pas attendre. Nous avons besoin de doses maintenant », ont-ils insisté, précisant que moins de 4% de la population africaine a été vaccinée contre plus de 70% de la population de certains pays riches.
« Cette différence est injuste et contre-productive, elle laisse les Africains – et le monde entier – à la merci du virus », ajoutent-ils, avertissant que cela pourrait mener à l’apparition « de nouveaux variants plus dangereux », ont déploré les signataires. FIN
Ambroisine MEMEDE
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