Les prix des bouteilles de gaz butane ont subi une forte augmentation depuis dimanche au Togo. La bouteille de 6 kg est passé de 3.120 à 5.350 de F.CFA (augmentation de 2230 de F.CFA) et celui de la bouteille de 12,5 kg, de 6.500 à 11.150 de F.CFA (soit une augmentation 4.650 de F.CFA).
Au Togo, l’approvisionnement du pays en gaz butane est assuré par trois opérateurs privés : Total Energies, ZENER SA. et SANOL SA.
Dans une interview exclusive accordée jeudi à l’Agence Savoir News, le ministre de la communication et des médias, porte-parole du gouvernement, Pr Akodah Ayewouadan apporte des éclairages.
C’est la première sortie officielle d’un membre du gouvernement, après cette hausse des prix des bouteilles de gaz butane. Lisez plutôt.
Le prix des bouteilles de gaz butane ont subi une forte augmentation depuis le week-end dernier. Selon nos informations, le gouvernement aurait décidé de suspendre les subventions sur le gaz. Monsieur le ministre, pourquoi il a fallu que le gouvernement suspende sa subvention sur le gaz?
Contrairement à ce qui se dit ici et là, aucun document officiel n’est pris pour le moment, attestant de la suspension de la subvention de l’Etat sur le prix du gaz. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une discussion qui est ouverte avec les différents importateurs. Cette discussion est une discussion ordinaire comme celles que le gouvernement a l’habitude d’avoir avec ces derniers.
Cette discussion a lieu dans un cadre global et confidentiel. Malheureusement, vous savez, nous sommes dans une ère où la facilité de circulation de l’information et de certains documents peut porter préjudice aux discussions de fond qui ont lieu jusqu’à présent. En l’espèce, et de toute évidence, il y a eu des documents qui se sont malencontreusement retrouvés sur les réseaux sociaux et qui ont donné lieu à des prises de position ici-et-là. Le gouvernement rappelle que les discussions ne sont pas encore arrêtées et le cas échéant, il faut attendre qu’un document officiel soit pris pour être fixé sur le prix du gaz.
Mais sur le marché, cette augmentation est effective et constatée.
Que l’augmentation soit constatée, c’est un fait. Ce qu’Il faut savoir, c’est que contrairement au prix des produits pétroliers, le prix du gaz n’est pas structuré. L’on est quasiment dans un processus de libre concurrence. Ce sont les importateurs qui achètent le gaz et qui le revendent. Le gouvernement n’intervient qu’en aval notamment pour apporter une subvention, afin d’alléger le poids du consommateur final. Dans la mesure où, l’on n’est pas sur un prix complètement structuré, il n’est pas surprenant que des importateurs aient la main libre sur la fixation du prix. A contrario sur les produits pétroliers, le gouvernement est présent en amont et en aval.
Depuis cette augmentation, aucune sortie du gouvernement. Les populations ne sont pas habituées à ce silence-là.
Dans la droite logique de ce que fait le gouvernement depuis le début de ces crises à répétition, il y a beaucoup de recul sur les prises de décision. Vous avez pu le noter depuis la crise de Covid-19 jusqu’à celle tirée de la guerre en l’Ukraine, le gouvernement prend le temps pour ses décisions. Il n’y a donc pas lieu de céder à la panique parce que les discussions sont en cours. Elles sont très techniques et n’appellent pas à la précipitation. Elles appellent plutôt à beaucoup de mesure, beaucoup de sens de la communauté, de solidarité pour que l’on puisse proposer des solutions qui soient les plus efficaces pour les populations.
Vous savez, malgré les efforts constants du Président de la République, notre pays comme bien d’autres, reste dépendant en matière énergétique des apports extérieurs. Et, il ne faut pas balayer d’un revers de la main les efforts non négligeables du gouvernement pour pouvoir faciliter le quotidien pour les populations. Les différentes aides directes qui sont faites aux populations en portent témoignage, notamment les transferts monétaires aux populations les plus vulnérables, le plafonnement des prix sur certaines denrées, la suspension du paiement des taxes ets.
Au total, que le gouvernement ne soit pas encore sorti jusque-là, les raisons sont claires : il faut prendre le temps de la réflexion avant d’agir.
D’aucuns estiment que le gouvernement ne sortira pas de sitôt. Est-ce que vous ne craignez pas une ruée non mesurée vers le charbon de bois ?
La crainte peut exister, mais les faits doivent nous permettre de constater si cela est avérée ou pas. Ce qui est certain, c’est que le gouvernement continuera à exhorter de façon constante les populations à se détourner du charbon de bois. Le gouvernement continuera également à faire le nécessaire pour que les produits de substitution soient disponibles, à des prix supportables pour les populations.
On retient que le gouvernement interviendra à coup sûr, mais il prend le temps de mûrir les réflexions avant toute intervention.
Je peux vous l’assurer. Aujourd’hui, les réflexions ont bien avancé et le plus grand regret du gouvernement, c’est de voir que les discussions qui auraient dues être tenues confidentielles pour assurer la sérénité de celles-ci, se soient retrouvées de façon non maîtrisées sur les réseaux sociaux. Mais je peux vous rassurer, le gouvernement interviendra dans des délais raisonnables sur la question.
Quel est votre appel à l’endroit de la population ?
Je pense qu’il faut continuer à garder la sérénité et le calme. Les décisions seront prises après les consulatations pour pallier les difficultés. Au même moment, les contrôles seront intensifiés pour limiter les abus des commerçants véreux.
Est-il possible de garder son calme quand on sait qu’au niveau des stations, les prix ont flambé ?
Il y a des réactions qui sont parfaitement humaines et elles sont compréhensibles. Mais la responsabilité du gouvernement, c’est de continuer à créer les conditions pour que la vie au quotidien de nos concitoyens soit apaisée. FIN
Propos recueillis par Ambroisine MEMEDE