Propagation des zoonoses : Le concept One Health pour une riposte inclusive (mini dossier)

Des acteurs de la santé lors d'un atelier de Lomé sur la surveillance des maladies infectieuses

La région africaine, comme le reste du monde, fait face à une résurgence d’épidémies. Ces dernières années ont été marquées par des maladies comme le virus Ebola, la Covid-19 et la récente variole du singe (Mpox), des pathologies également présentes dans le règne animal, avec un impact certain sur l’environnement (par exemple, la contamination des cours d’eau).

Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 60 à 70 % des maladies infectieuses émergentes qui affectent les humains au cours des dernières décennies sont d’origine zoonotique. Elles représentent jusqu’à 70 % des crises sanitaires dans la réponse aux urgences de santé publique. Environ 80 % d’entre elles ont un lien avec les épidémies, 18 % avec les catastrophes naturelles et 2 % sont de causes rares.


Un tel environnement, caractérisé par une diversité écologique et des interactions complexes entre les humains, les animaux et l’environnement, constitue sans doute un terrain fertile pour l’émergence et la propagation des maladies zoonotiques, c’est-à-dire transmissibles de l’animal à l’homme. La récurrence de ces épidémies a renforcé l’urgence d’adopter une approche intégrée et intersectorielle pour une meilleure surveillance.


Améliorer le mécanisme de surveillance
Cette question était au cœur d’un atelier régional tenu du 16 au 18 septembre 2024 à Lomé, la
capitale togolaise. Axé sur les maladies respiratoires zoonotiques, l’atelier a mis l’accent sur le
concept « Une seule santé » (One Health) pour faire face aux menaces sanitaires émergentes.
Il a permis aux participants d’examiner les rapports de surveillance des maladies respiratoires,
d’identifier les lacunes liées à la pandémie de Covid-19 et de formuler des recommandations
pour améliorer la coordination entre les secteurs de la santé.


Selon Dr Lokossou (Directeur du département des soins de santé à l’Organisation ouest-africaine de la santé, OOAS), il s’agit de contribuer à la mise en place d’un observatoire régional couvrant la santé humaine, environnementale et animale.
« Cette initiative a été une opportunité pour l’OOAS de soutenir la mise en place d’outils de la quadripartite OMS, FAO, Organisation de la santé animale, et Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) dans notre espace régional. Aujourd’hui, nous sommes fiers de dire que l’Afrique de l’Ouest est plus avancée par rapport aux cinq grandes régions du continent », a-t-il déclaré lors de l’atelier sur le One Health.


L’approche « Une seule santé », une coordination bénéfique
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que le concept « Une seule santé » est une approche visant à optimiser la santé des humains, des animaux et des écosystèmes en intégrant ces domaines, plutôt qu’en les séparant. Le concept reconnaît l’interdépendance entre la santé humaine, animale et environnementale et promeut une collaboration entre différentes disciplines pour prévenir, détecter et répondre aux menaces sanitaires.

En Afrique de l’Ouest, cette approche est particulièrement pertinente en raison des interactions étroites entre les communautés humaines et animales, souvent exacerbées par des pratiques culturelles, des mouvements de population et l’expansion des activités agricoles.
L’urgence de renforcer les systèmes de surveillance des maladies au niveau national permettra de détecter précocement les maladies infectieuses pouvant évoluer en épidémie et d’y apporter rapidement une réponse efficace pour en limiter les dégâts. Cette approche holistique est également adoptée par Speak Up Africa, une ONG de plaidoyer et de communication stratégique œuvrant pour la santé en général et l’élimination des maladies tropicales négligées.


Des défis sanitaires complexes et interdépendants
Selon Dr Adjaratou Diakhou, Secrétaire permanent du Haut Conseil au Sénégal, les défis sanitaires de l’Afrique ne peuvent être relevés de manière isolée car ils sont complexes et interdépendants.
« Speak Up Africa a toujours préconisé une approche holistique pour relever les défis sanitaires de l’Afrique, notamment en ce qui concerne les populations, l’environnement et l’économie », a-t-elle ajouté.
En 2022, Speak Up Africa s’est associée au Haut Conseil pour la sécurité sanitaire mondiale (HCNSSM) au Sénégal pour sensibiliser la société civile, le secteur privé ainsi que les partenaires techniques et financiers à l’initiative « One Health ». Le thème de la sensibilisation était : « Promouvoir les efforts déployés dans le monde entier pour réunir toutes les disciplines de la santé humaine, animale et environnementale. » L’ONG a également soutenu le développement d’une stratégie de plaidoyer avec le Secrétariat technique de One Health Sénégal pour institutionnaliser le concept.


Dans le cadre de cette stratégie, l’ONG a mis en lumière les lacunes des différents départements sectoriels en matière d’intégration, ainsi que l’importance d’une collaboration efficace entre ces différents organes décisionnels.
« Il est inconcevable, dorénavant, de parler seulement de santé humaine. La Journée mondiale ‘Une seule santé’ illustre l’importance de travailler en synergie avec tous les secteurs, à tous les niveaux. Nous sommes pionniers, au Sénégal, dans la prise en compte de l’approche One Health dans les politiques publiques, mais il reste encore beaucoup de défis à relever, notamment au niveau opérationnel, en termes d’engagement communautaire et de financement », a souligné Dr Adjaratou Diakhou. FIN

Ambroisine MEMEDE