
Les résultats d’un « projet de monitoring de la désinformation au Togo » publiés par le Centre d’Observation et d’Analyse du Web (COAWEB), initiateur de Togocheck, révèlent une « propagation alarmante de la désinformation » dans le pays.
Les résultats dudit rapport ont été rendus publics la veille de la journée internationale du fact-checking, commémorée le 2 avril.
Mené entre septembre et décembre 2024 avec l’appui des partenaires, le projet de monitoring de la désinformation au Togo a couvert les cinq régions du pays, avec pour but d’analyser la propagation des fausses informations au Togo, notamment sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux.
« Si 20% des fausses informations concernent le Togo, plus d’une sur trois est de nature anti-européenne ou anti-occidentale. Parmi celles-ci, plus de 70 % visent spécifiquement la France », souligne le rapport.
Selon Florent Tiassou (Président du Coaweb/Togocheck), « la lutte contre la désinformation est un enjeu crucial pour la démocratie et le vivre-ensemble ».
« Ce projet, a-t-il poursuivi, « a démontré qu’en combinant fact-checking, éducation aux médias et diffusion d’informations vérifiées, nous pouvons limiter la propagation des fausses informations et promouvoir une société mieux informée ».
« L’analyse des tendances de la désinformation au Togo révèle l’importance d’une vigilance accrue et d’une action collective pour contrer les narratifs trompeurs », a expliqué Pr. Bernard Atchrimi (enseignant chercheur à l’université de Lomé et coordinateur du rapport de monitoring).
« L’ampleur des fausses informations dans nos sociétés contemporaines est telle qu’il faut les appréhender comme un fait social dont il faut saisir les linéaments », a-t-il ajouté.
— Canaux de diffusion « variés » —
Dans le rapport, les canaux de diffusion de ces fausses informations sont « variés » : WhatsApp (53%), TikTok (25%) et Facebook (15%) sont les principales plateformes utilisées pour propager les fausses informations.
Le « contexte international » a également une forte influence, car « la désinformation au Togo est fortement liée aux dynamiques géopolitiques africaines et mondiales, avec une montée des discours anti-occidentaux et pro-autoritaires », note le rapport.
Par ailleurs, ces fausses informations ont un impact sur l’opinion publique, parce qu’elles « alimentent la méfiance envers les institutions démocratiques et les partenariats internationaux, favorisant l’adhésion à des modèles de gouvernance autoritaires ».
« Cette étude revêt une importance capitale. Elle nous offre un aperçu précieux de la perception des Togolais et permet d’identifier clairement les fausses informations qui circulent plus dans le pays. La collecte et l’analyse des données révèlent que les dynamiques de la désinformation au Togo s’inscrivent dans un contexte plus large, influencé par la politique africaine et les enjeux géopolitiques internationaux », a souligné Noël Tadégnon (Vice-président du Coaweb/Togocheck).
Le rapport a formulé une série de recommandations à l’endroit du Coaweb/Togocheck (renforcer les capacités des journalistes en vérification des faits, sensibiliser les rédactions aux risques de diffusion des fake news et multiplier les séances d’éducations aux médias), des autorités togolaises (faciliter l’accès aux sources officielles et la mise à disposition d’informations aux médias et aux vérificateurs des faits, renforcer la transparence institutionnelle, soutenir les initiatives de formation des hommes des médias sur la vérification des faits) et des partenaires internationaux comme l’Union européenne (continuer à soutenir les initiatives de lutte contre la désinformation du Coaweb et favoriser les échanges d’expertise entre journalistes togolais et européens sur les méthodes de fact-checking). FIN
Chrystelle MENSAH