
En 2023, 4,8 millions d’enfants de moins de cinq ans sont décédés, un chiffre historiquement bas grâce aux efforts mondiaux depuis 2000. Les mortinaissances, bien qu’en légère diminution, demeurent élevées à 1,9 million par an.
Selon deux nouveaux rapports des Nations Unies publiés ce mardi 25 mars 2025, ces avancées, obtenues grâce à des investissements soutenus pourraient cependant être mises en péril en raison des coupes significatives annoncées ou prévues par les principaux donateurs dans le cadre du financement de l’aide internationale.
Face à une réduction des financements internationaux, les programmes essentiels pour les enfants sont fragilisés : pénuries de vaccins, fermetures de services de soins et perturbations des interventions vitales et pour l’UNICEF, des millions d’enfants supplémentaires pourraient succomber à des causes évitables si des investissements stratégiques ne sont pas réalisés.
« Des millions d’enfants sont en vie aujourd’hui grâce aux engagements pris à l’échelle mondiale en faveur d’interventions éprouvées telles que les vaccins, la nutrition ou l’accès à l’eau salubre et à l’assainissement. Si l’on peut se féliciter d’avoir atteint un niveau historiquement bas concernant les décès évitables d’enfants, sans les bonnes décisions stratégiques ni les investissements adéquats, nous risquons toutefois d’assister à l’anéantissement des résultats obtenus au prix d’efforts considérables, et ainsi de voir des millions d’enfants supplémentaires mourir de causes qui auraient pu être évitées. Nous ne pouvons permettre qu’une telle situation se produise », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF.
Les deux rapports indiquent par ailleurs que le lieu de naissance d’un enfant influe grandement sur ses chances de survie, le risque de décès avant l’âge de 5 ans étant 80 fois plus élevé dans le pays où le taux de mortalité est le plus fort, comparativement à celui où il est le plus faible.
Par exemple, un enfant né en Afrique subsaharienne a, en moyenne, 18 fois plus de chances de mourir avant l’âge de 5 ans qu’un enfant né en Australie et en Nouvelle-Zélande. Au sein d’un même pays, les enfants les plus pauvres, ceux qui vivent en zone rurale et ceux dont les mères ont un faible niveau d’instruction courent des risques accrus.
« La lutte contre le paludisme, la prévention des mortinaissances ou encore la fourniture de soins fondés sur des données probantes aux bébés les plus fragiles sont autant de domaines dans lesquels nous pouvons faire une différence pour des millions de familles. Face à la baisse des financements mondiaux, il s’avère plus que jamais nécessaire d’intensifier la collaboration en vue de protéger et d’améliorer la santé des enfants », a expliqué Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Investir en faveur de la santé des enfants pour garantir leur survie…
Il faut noter qu’avant même cette crise du financement, les progrès en matière de survie de l’enfant marquaient déjà le pas. Ainsi, depuis 2015, le taux annuel de réduction de la mortalité des enfants de moins de 5 ans enregistre un ralentissement de 42 %, et celui des mortinaissances de 53 %, comparativement à la période 2000-2015.
« La plupart des décès d’enfants évitables surviennent dans les pays à faible revenu, où les services essentiels, les vaccins et les traitements sont souvent inaccessibles. Il est indispensable d’investir en faveur de la santé des enfants pour garantir leur survie, leur éducation et leur contribution future au marché du travail. La réalisation d’investissements stratégiques, sous-tendue par une forte volonté politique, nous permettra de continuer à faire reculer la mortalité infanto-juvénile, et ainsi de lever un frein à la croissance économique tout en ouvrant des possibilités d’emploi qui seront bénéfiques à l’échelle du globe », a précisé Juan Pablo Uribe, Directeur mondial de la Banque mondiale pour la santé et Directeur du Mécanisme de financement mondial.
« Les disparités en matière de mortalité infanto-juvénile observées tant entre les pays qu’en leur sein demeurent l’un des plus grands défis de notre époque. Y remédier est plus qu’un impératif sur le plan moral, il s’agit d’un progrès fondamental pour assurer le développement durable et faire advenir l’équité mondiale. Tous les enfants méritent les mêmes chances dans la vie et il relève de notre responsabilité collective de faire en sorte qu’aucun d’entre eux ne soit laissé de côté », a ajouté pour sa part Li Junhua, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de l’ONU.
Le combat pour la survie des enfants étant aussi un levier indispensable pour le développement durable et l’équité mondiale, les membres du Groupe interorganisations des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité juvénile appellent par conséquent les gouvernements, les donateurs et leurs partenaires dans les secteurs privé et public à protéger les acquis obtenus de haute lutte en matière de survie de l’enfant et à intensifier leurs actions. FIN
Chrystelle MENSAH