
Trente-cinq ans après la création de la zone franche, le Mouvement Martin Luther King (MMLK) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur les conditions de travail déplorables des employés.
Dans une lettre adressée au Directeur Général de la Société d’Administration de la Zone Franche (SAZOF), le président du MMLK, Pasteur Edoh Komi, dénonce une exploitation systématique des travailleurs au profit des opérateurs économiques.
Un bilan accablant
Créée dans les années 1990 sous l’impulsion du feu président Gnassingbé Eyadéma, la zone franche était censée réduire le chômage et offrir des opportunités d’emploi à la jeunesse togolaise. Mais trois décennies plus tard, le constat est amer.
Selon le MMLK, de nombreuses entreprises opérant dans cette zone fonctionnent en dehors des règles, exploitent leurs employés avec des salaires dérisoires, des contrats précaires et des conditions de travail indignes. En 2009 déjà, le mouvement publiait un rapport choc intitulé «Zone franche ou esclavage des temps modernes ?». Un constat qui, selon lui, reste toujours d’actualité.
Parmi les problématiques soulevées : des salaires inférieurs au SMIG (52.500 FCFA), une prédominance de contrats à durée déterminée (CDD), l’absence de bulletins de paie et de congés, des heures supplémentaires sous-payées et un manque criant de mesures de sécurité sur les lieux de travail.
Le droit de grève, pourtant fondamental, est systématiquement bafoué. Toute tentative de contestation se solde par des licenciements abusifs.
La SAZOF pointée du doigt
Le MMLK accuse la SAZOF de passivité face à ces violations répétées des droits des travailleurs. Selon le mouvement, certains inspecteurs du travail seraient complices des opérateurs économiques, accentuant le sentiment d’impunité.
Malgré les avantages douaniers et fiscaux octroyés aux entreprises de la zone franche, celles-ci n’investissent pas dans l’amélioration des conditions de vie des employés. Une situation que le MMLK juge inacceptable.
L’exemple de la Société Nouvelle d’Industrie
Le cas de la Société Nouvelle d’Industrie à Gbatope illustre la détérioration des conditions de travail dans la zone franche. Depuis plusieurs mois, un conflit oppose la direction aux employés, qui réclament de meilleures conditions de travail. En guise de réponse, certains travailleurs ont été violemment agressés par des vigiles et agents de sécurité de l’entreprise, conduisant plusieurs d’entre eux à l’hospitalisation. Le MMLK dénonce une absence de sanctions à l’encontre des responsables de ces violences et interpelle la SAZOF sur son inaction face à ces abus.
Un appel à l’action
Face à cette situation, le MMLK exige : Une réforme profonde des statuts de la zone franche pour garantir des conditions de travail équitables ; L’application stricte de la législation du travail en vigueur au Togo. Le mouvement prévient qu’en l’absence de mesures concrètes, il se réserve le droit d’organiser une grande manifestation les jours à venir. FIN
Bernadette AYIBE