Portée par une demande croissante et une diversification des produits transformés, la filière patate douce se positionne progressivement comme un levier de croissance économique au Bénin.
Le dernier bulletin d’informations de l’Observatoire du commerce, de l’industrie et des services (Ocis) de janvier 2025 met en lumière la part grandissante de la patate douce dans l’agriculture béninoise.
Jadis considérée comme un produit secondaire, elle gagne en importance grâce à une augmentation de la demande locale et à l’apparition de nouvelles unités de transformation.
La demande de patate douce au Bénin est en hausse, portée par une sensibilisation accrue à ses bienfaits nutritionnels. Consommée sous forme de tubercules frais, frits ou bouillis, elle s’intègre désormais dans des produits transformés comme la farine, les chips, le gari ou encore la confiture.
Pourtant, avec une consommation par habitant estimée à seulement 7 kg par an, le potentiel de croissance demeure considérable.
L’intégration de la patate douce dans les programmes de nutrition scolaire et les initiatives de lutte contre la malnutrition contribue également à populariser ce tubercule. En 2023-2024, la production nationale de patate douce a atteint 77 477 tonnes, soit une progression notable par rapport à 2017 (58 145 tonnes).
Le département de l’Atlantique se hisse en tête avec 18 774 tonnes produites (24,2 % de la production nationale), suivi de l’Ouémé (16,2 %) et de l’Atacora (11,9 %). La culture reste concentrée dans le sud du pays, notamment en raison des conditions climatiques favorables et de la proximité des marchés de consommation.
Toutefois, des efforts sont en cours pour étendre la culture à d’autres régions à fort potentiel agricole, avec l’appui d’Ong et d’organismes gouvernementaux. La filière bénéficie du dynamisme de plusieurs unités semi-industrielles et artisanales. Parmi les initiatives notables, des unités existent et produisent de la farine de patate douce enrichie en bêta-carotène, tandis que d’autres transforment le tubercule en alcool alimentaire et pharmaceutique.
De nombreuses petites entreprises locales se lancent également dans la production de chips, de confiture et de gari à base de patate douce, apportant une valeur ajoutée au tubercule et créant des emplois.
La diversification des produits ouvre de nouvelles perspectives, notamment sur le marché de la boulangerie et des en-cas nutritifs. L’intégration de la patate douce dans la fabrication de farines panifiables pourrait constituer une alternative au blé importé, réduisant ainsi la dépendance par rapport aux importations.
Des défis à relever
Malgré son potentiel, la filière fait face à plusieurs défis. La conservation des tubercules pose problème en raison de leur forte teneur en eau, réduisant leur durée de stockage.
La productivité, estimée à 6 tonnes par hectare en moyenne, reste bien en deçà des standards mondiaux qui sont de 11 tonnes/ha. Le manque d’infrastructures de transformation et de conditionnement limite également l’expansion du marché.
Par ailleurs, l’absence d’organisation structurée des acteurs et le manque de financement freinent le développement du secteur.
La recherche agronomique doit être renforcée pour améliorer les rendements et développer des variétés plus résistantes, mieux adaptées aux conditions locales et aux exigences du marché.
Pour assurer son essor, la filière doit renforcer la recherche sur des variétés plus résistantes, développer des solutions de stockage et encourager l’industrialisation. L’exportation de produits transformés, notamment vers les pays voisins comme le Togo et le Nigeria, pourrait constituer une source de revenus supplémentaire.
Des initiatives commencent à voir le jour pour structurer la filière et créer des coopératives de producteurs afin de faciliter l’accès aux financements et aux marchés extérieurs.
La mise en place d’un cadre réglementaire et d’une certification des produits permettrait également d’améliorer la compétitivité du secteur. Avec un accompagnement adapté et une meilleure structuration, la filière patate douce pourrait jouer un rôle crucial dans la diversification des revenus agricoles au Bénin.
En s’appuyant sur les innovations technologiques et un partenariat public-privé renforcé, elle pourrait devenir un moteur de croissance durable et de sécurité alimentaire dans le pays.
Une meilleure sensibilisation des consommateurs et des industriels aux avantages nutritionnels et économiques de la patate douce permettrait également de dynamiser la demande et d’accélérer la structuration de la filière.
Source : La Nation (Quotidien National)