Conflit RDC/ M23 et ses alliés rwandais : Le Kenya appelle à un « cessez-le-feu immédiat »

Le président kényan William Ruto

Le président kényan William Ruto a appelé ce samedi à un « cessez-le-feu immédiat » dans l’est de la RDC où les combats se poursuivent entre l’armée congolaise et le groupe armé M23 et ses alliés rwandais, qui ne cessent de gagner du terrain.

M. Ruto s’exprimait à l’occasion d’un sommet des dirigeants d’Afrique australe et de l’Est organisé en Tanzanie pour tenter de trouver une issue au conflit qui déchire l’est de la République démocratique du Congo depuis plus de trois ans et s’est accéléré ces dernières semaines.

Ce sommet conjoint des huit pays membres de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) et des 16 pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a été convoqué après la prise éclair de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, par le groupe armé antigouvernemental M23 (« Mouvement du 23 mars ») et les troupes rwandaises.

Il se déroule à Dar es Salaam en présence du président rwandais Paul Kagame tandis que son homologue congolais Félix Tshisekedi y assiste par vidéoconférence.

Les présidents du Kenya, de Somalie, d’Ouganda, de Zambie et du Zimbabwe étaient présents à l’ouverture des discussions.

« Un cessez-le-feu immédiat est le seul moyen de créer les conditions nécessaires à un dialogue constructif et à la mise en œuvre d’un accord de paix global », a déclaré William Ruto.

« Nous appelons toutes les parties à respecter le cessez-le-feu, et plus particulièrement le M23 à cesser toute progression et les forces armées de la RDC à cesser toute mesure de représailles », a ajouté le chef de l’Etat kényan, qui préside actuellement la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est.

Depuis la chute de Goma la semaine dernière, au prix d’affrontements meurtriers et d’une dégradation d’une situation humanitaire déjà catastrophique, le conflit s’est installé dans la province voisine du Sud-Kivu.

Des affrontements sont en cours samedi à une soixantaine de km du chef-lieu de la province, Bukavu, selon des sources locales et sécuritaires.

La peur et la panique se sont déjà emparées de cette grande ville d’un million d’habitants. Des banques et des écoles ont été fermées. De nombreux habitants ont déjà quitté la ville.

Positions éloignées

Plusieurs pays voisins de la République démocratique du Congo redoutent un embrasement régional, faute de solution diplomatique rapide.

Depuis le début du conflit en 2021, une demi-douzaine de trêves et cessez-le-feu ont été signés, avant d’être systématiquement rompus.

Les tentatives de médiation, notamment de l’Angola et du Kenya, ont jusqu’ici échoué. Kinshasa réclame auprès de la communauté internationale des sanctions contre le Rwanda, mais aucune décision n’a été prise jusqu’ici.

Une réunion ministérielle s’est tenue vendredi en amont du sommet dans la capitale économique tanzanienne. Le chef de la diplomatie kényane, Musalia Mudavadi, y a appelé à une fusion des processus de paix initiés d’une part par le Kenya et d’autre part par l’Angola.

Excepté un appel au « cessez-le-feu », les positions de la SADC et de l’EAC paraissent toutefois éloignées.

La semaine dernière, les dirigeants de la SADC, dont fait partie la RDC, ont « réaffirmé » leur « engagement indéfectible à continuer de soutenir Kinshasa dans sa quête de sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale ».

L’EAC, à laquelle appartiennent la RDC et le Rwanda, a pour sa part « fermement exhorté le gouvernement de Kinshasa à engager le dialogue avec tous les acteurs, dont le M23 ». Ce que la RDC a jusqu’ici refusé.

Le président rwandais Paul Kagame réclame le retrait de la mission de la SADC (SAMIDRC), déployée depuis 2023 dans l’est de la RDC, estimant qu’elle n’est « pas une force de maintien de la paix » et n’a « pas sa place dans cette situation ».

L’est de la RDC est riche en ressources naturelles (notamment le tantale et l’étain, massivement utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, et l’or) et Kinshasa accuse Kigali de vouloir les piller.

Le Rwanda nie et affirme vouloir éradiquer de la région des groupes armés, notamment créés par d’ex-responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.

Source : Afp