Accusé par son père d’être « enfant sorcier », le petit Abalo, 14 ans, vit dans la rue depuis février 2024 : « Un jour, j’étais à l’école quand mon père est venu me chercher. Il m’a conduit à la maison et a commencé par me bastonner devant le chef canton, m’accusant de sorcier ».
« Je me suis réfugié chez ma maman. Il est encore venu et il a brûlé la maison. De là, j’ai fui pour me retrouver dans la rue », raconte Abalo, l’air triste, à un groupe de journalistes, avant d’ajouter : « je ne suis pas un enfant sorcier ».
Ce dernier faisait la classe de quatrième dans un collège au moment des faits.
Aujourd’hui, Abalo, soucieux de son avenir, participe à des séances de causeries organisées par la direction régionale de l’action sociale de Kara (environ 420 km au nord de Lomé), grâce à l’appui du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Il veut à tout prix, apprendre un métier.
« Je ne veux plus rester dans la rue, je veux apprendre un métier, raison pour laquelle j’assiste à ces causeries. Je veux devenir un grand soudeur », ajoute Abalo avec force.
63 enfants et adultes en situation de la rue participent à des causeries-éducatives dans l’enceinte de la direction régionale de l’action sociale de Kara, des séances qui leur permettent de prendre conscience de leur situation et de s’engager pour leur réinsertion sociale.
Parmi ces enfants, se trouvent des orphelins, des enfants abandonnés, des enfants traités de « sorciers » par leurs parents. La plupart n’ont plus de liens avec leur famille.
« Je me sens très mal à l’aise dans la rue. Je demande à toute bonne volonté de nous aider à quitter cette situation », confie Abdul (24 ans).
Cet orphelin de père, qui a aussi perdu tout contact avec sa mère depuis plusieurs années, vit dans la rue depuis plus de 12 ans.
« Je me suis retrouvé dans cette situation, faute de soutien. Je rêve de devenir un conducteur de véhicule poids lourd. Je veux que ma situation change et je suis certain que 2025 sera l’année de changement pour moi », lance Abdul.
Ces causeries avec les enfants en situation de rue, portent leurs fruits, car certains enfants ont repris le chemin de l’école, d’autres apprennent un métier.
« Au-delà de ces causeries-débats visant à renforcer leurs capacités, nous les accompagnons par moments en vivres et non-vivres. La plupart de ces enfants veulent quitter la rue », souligne Komlan Ekpenté (chef de la division régionale de la protection de l’enfant à la direction régionale de l’action sociale, de la solidarité et de la protection de la femme).
Ce dernier est le principal animateur de ces causeries, qui se tiennent deux fois par semaine.
« Ces séances visent notamment à amener ces enfants à prendre conscience de leur situation. Ils apprennent des notions de la vie pouvant leur permettre de s’engager à changer ce mode de vie », précise M. Ekpenté. FIN
Junior AUREL