Culture : Au Bénin, la diplomatie vaudou séduit les Afrodescendants

Le vaudou célébré chaque année au Bénin, s’est répandu dans le monde par les esclaves venus d’Afrique de l’ouest, notamment dans les Caraïbes.

Le festival « Vodun Days » se déroule en ce moment dans le sud du Bénin.Ces festivités se tiennent chaque année pour mieux faire connaître le vaudou.

Aujourd’hui encore, cette religion s’est transmise au fil des générations, par-delà l’Atlantique. En témoigne notamment la musique Gwoka en Guadeloupe, que le groupe Indèstwas Ka et son association mettent en valeur.

Dans une interview accordée à la DW, Frantz Broussillon, chanteur et membre fondateur du groupe, explique ce que représente le vaudou pour lui, Guadeloupéen, en 2025.

Son entretien :

Frantz Broussillon : Parmi les Noirs, les Africains qui ont été emmenés en Guadeloupe et réduits en esclavage, il y avait certainement des pratiquants de vaudou. Ils ont élaboré, pendant l’esclavage, une musique appelée Kalinda. Cette musique-là, au contact d’autres influences, s’est structurée et est devenue le Gwoka que nous pratiquons aujourd’hui.

DW : Et le vaudou ?

Frantz Broussillon : Dans les campagnes, dans certaines familles, certaines pratiques spirituelles et vaudoues ont été conservées. Par exemple, pour le Gwoka, ne se joue pas n’importe comment. Parfois, des libations sont effectuées. Il y a des rites. Autrefois, il fallait vraiment fréquenter ceux qui savaient, les initiés. Aujourd’hui, cela s’est un peu démocratisé. Dans presque chaque ville, chaque commune, il y a des écoles de Gwoka. Mais il y a le danger que cela devienne un peu touristique.

DW : C’est un reproche que certains formulent aussi vis-à-vis de ce festival organisé au Bénin… Que cela devienne un peu un amusement touristique ?

Frantz Broussillon : Oui, il y a toujours ce risque. Moi, je suis pour que l’on fasse connaître cette culture, mais en prenant certaines précautions. Il y a des touristes honnêtes qui viennent réellement découvrir une culture, une spiritualité.

DW : Et comment vous, Guadeloupéens, percevez-vous ces démarches que multiplient plusieurs pays d’Afrique, dont le Bénin, à l’égard des Afrodescendants ? Par exemple, le Bénin souhaite faciliter l’accès à la nationalité béninoise pour ceux qui le souhaitent.

Frantz Broussillon : À mon avis, ce serait peut-être mieux d’avoir une sorte de passeport permanent, une façon d’aller et de revenir à notre guise. Longtemps, nous avons été coupés les uns des autres. C’est bien que le mouvement se fasse des deux côtés. Il faut un rapprochement, mais il faut y aller tranquillement, sans marche forcée. Il faut laisser les gens comprendre pleinement ce qui leur est arrivé et adhérer à cet état de choses.

Source : DW