Liberté d’expression et obligations du journaliste :  Un webinaire de l’OTM éclaire la lanterne des professionnels de médias et étudiants

La table d'honneur

L’Observatoire Togolais des Médias (OTM), en partenariat avec l’Institut des Sciences de l’Information et de la Communication Audio-visuelle (ISICA), a organisé ce vendredi 13 décembre, un webinaire sous le thème : « La liberté d’expression et les obligations professionnelles du journaliste ».

Cette rencontre en ligne modérée par le Directeur de l’ISICIA, Mawusse Akué Adotévi, a enregistré la participation du président de l’OTM, Fabrice Pétchezi, des professionnels issus de divers médias et de nombreux étudiants.

L’objectif du webinaire est d’éclairer la lanterne des participants sur le rapport existant entre « La liberté d’expression et les obligations professionnelles du journaliste ».

Dans son mot introductif, le président de l’OTM a souligné que le webinaire s’inscrit dans le cadre d’un grand projet mis en branle depuis trois ans par l’OTM et intitulé : « Promouvoir la Liberté d’expression et protéger les défenseurs des Droits de l’Homme”, financé par l’Union européenne (UE).

« Ce grand projet ambitionne d’œuvrer dans le sens d’un agrandissement des espaces de liberté en ce qui concerne l’exercice du métier du journalisme au Togo et de protéger les défenseurs des Droits de l’Homme », a déclaré M. Fabrice Pétchezi.

Deux expertes sur le thème

Quelle corrélation existe-t-il entre la liberté d’expression et les obligations professionnelles du journaliste ?

C’est en effet, la question principale qui a été au cœur de ce webinaire. Éclatée en deux sous-thèmes, cette thématique est développée par deux expertes et figures de proue du monde du journaliste et du droit de l’information au Togo.

Il s’agit notamment de Mme Kouméalo Anaté (Professeure titulaire en Science de l’Information et de la Communication (SIC), Députée à l’Assemblée nationale), et Dr Afi Akpé Kuagbénu (Maître-assistante en droit privé, Directrice des Ressources Humaines à l’Université de Lomé).

Face aux nombreux participants connectés, les deux expertes ont présenté respectivement les sous-thèmes : « Les pratiques informationnelles et les exigences du métier du journalisme », et « Les aspects juridiques de la liberté d’expression ».

Pratiques informationnelles et exigences

« La Liberté d’expression et les obligations du journaliste sont deux notions indissociables. Et la liberté de presse constitue un axe stratégique dans la protection de la liberté d’expression, aussi bien dans le pluralisme médiatique que celui de la démocratie », a souligné le Professeur Anaté, dès l’entame de sa présentation.

Elle a par la suite modelé l’antre de son développement autour de trois principaux axes, notamment les pratiques informationnelles en journalisme, l’information journaliste et obligations journalistes et les enjeux démocratiques liés à l’information.

L’experte définit les pratiques informationnelles comme l’ensemble des actions et des techniques et des comportements adoptés par un journaliste pour informer le public de manière rigoureuse, indépendante et éthique.

Pour le Professeur Anaté, “la pratique informationnelle s’inscrit dans un cadre technologique et déontologique dans l’exercice de la profession journalisme”.

« En journalisme », a-t-elle expliqué, « la pratique informationnelle exige du journaliste plusieurs tâches :  la recherche et la collecte des informations, la vérification et l’analyse de ces informations, la rédaction d’article ou la production et ensuite la diffusion de cette information, dans le respect des règles de déontologie et d’éthique ».

Comme obligations, la Députée a maintenu le curseur sur l’engagement et les comportements que le journaliste doit développer pour jouer efficacement son rôle et exercer correctement son métier. Entre autres, l’intégrité, la crédibilité et l’objectivité.

Concluant sa présentation sur les enjeux démocratiques liés à l’information, le Professeur Anaté a démontré qu’il existe « un cercle vertueux entre la liberté d’expression et la démocratie », mettant sous les feux de la rampe, le rôle prépondérant que les médias jouent en faveur de « l’enracinement de cette démocratie ».

A en croire le Professeur titulaire en Science de l’Information et de la Communication, la santé de la démocratie peut être appréciée dans un pays à l’aune de la qualité de la presse et du travail des journalistes.

Toutefois, la communicatrice nuance et martèle que les derniers sont des acteurs du jeu démocratique, mais en même temps peuvent fortement consolider ou fragiliser la dynamique démocratique.

« L’impact des médias n’agit positivement sur la dynamique démocratique, que s’ils jouent honnêtement leur rôle et s’ils apportent des informations justes, objectives et avec un traitement équilibré », a souligné le Professeur Anaté.

Aspects juridiques

« La Liberté consiste à faire ce que l’on désire », c’est à partir de cette citation de John Stuart Mill, que Dr Afi Akpé Kuagbénu, est entrée dans le vif de sa communication portant sur « Les aspects juridiques de la liberté d’expression ».

Dans un contexte juridique général, elle définit la liberté comme “une situation garantie par le droit, dans laquelle chacun est maître de soi-même et exerce toutes ses facultés comme il le veut ».

Abordant la thématique spécifique de la liberté d’expression, la Maître-assistante a indiqué qu’elle consiste pour chacun de s’exprimer et de diffuser librement son opinion, par la parole, par l’image, et s’informer sans entrave aux sources accessibles au public.

« C’est une liberté qui est rappelée par notre constitution, au détour de sa préambule et de son annexe intitulée : +La Déclaration solennelle des droits et devoirs fondamentaux des personnes+ », a-t-elle rappelé, avant de souligner que : « La liberté d’expression est reconnue à tout individu et particulièrement aux journalistes, pour qui, elle constitue un outil de travail ».

Dans la suite de son développement, il a été question, pour Dr. Kuagbénu, de mettre en exergue, au travers du code de presse, sur le plan légal, la qualité de journaliste professionnel au Togo.

Combinant ainsi les dispositions des articles 17 et 20 du code de la presse, et la définition de la liberté d’expression, elle a déduit, que la liberté d’expression du journaliste professionnel consiste en l’exercice sans entrave de son activité de recherche, de collecte, de sélection, d’exploitation, de publication, et de présentation de l’information dans une ou plusieurs publications ou encore dans une ou plusieurs sociétés de presse.

« La liberté d’expression constitue la charpente autour de laquelle s’organisent les règles juridiques applicables aux journalistes professionnels et aux activités professionnelles de son rang. Elle forme d’une part le corpus de l’ordre juridique qui en fait une liberté d’expression garantie d’une part et d’autre part une liberté dont l’exercice reste encadré », a-t-elle expliqué.

Plus loin, la communicatrice a longuement épilogué sur les deux garanties juridiques conférées au journaliste professionnel, notamment la garantie constitutionnelle et les garanties légales.

Tout en exposant les limites du droit, l’experte a conclu sa communication, non sans marteler que la liberté d’expression doit être exercée dans le respect des autres droits et libertés afin d’arriver à un « renouveau social ».

Notons que les questions-réponses et les contributions ayant suivi les deux communications, ont été, on ne peut plus enrichissantes et ont permis d’aller encore plus en profondeur des notions développées par les communicatrices. FIN

Gabriel BLIVI