L’annuel Forum du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen) s’est penché cette année sur l’épineuse question des violences faites aux femmes et aux filles (VFFF), considérées comme un obstacle majeur au plein épanouissement des femmes et des filles en Afrique.
Ces violences, à multiples facettes, représentent la violation des droits humains la plus répandue dans le monde, selon ONU Femmes.
Dans une de ses récentes publications, l’organisation révèle qu’en moyenne 140 femmes ou filles perdent la vie chaque jour sous les coups ou agissements de leur partenaire ou d’un parent proche. La thématique appelle donc à une écoute attentive, une réflexion profonde et une action concertée impliquant tous les acteurs. L’objectif : protéger les femmes et les filles, garantir le respect de leurs droits et leur permettre de s’épanouir pleinement.
Un appel à l’unité et à l’action
Organisé du 4 au 6 décembre à Dakar, le forum a donné la parole à une diversité d’acteurs engagés dans la lutte contre les VFFF, recueillant des témoignages et des perspectives variées.
Pour le Djaraf de Bargny, chef traditionnel, l’unité est essentielle. « Il faut unir nos forces et notre sagesse afin d’être les catalyseurs d’un changement positif. » Dans le royaume d’Oussouye, Son Altesse Royale Ahan Béatrice, reine d’Oussouye, a réaffirmé son engagement en faveur de la scolarisation des jeunes filles, qu’elle considère comme un levier essentiel pour lutter contre ces violences.
Des violations aux multiples formes
Selon Dr Ndao Dieynaba, chargée de projets Genre et Santé sexuelle et reproductive au Bureau régional Afrique de l’Ouest et du Centre d’ONU Femmes, ces violences, profondément enracinées dans des systèmes patriarcaux et des normes sociales discriminatoires, constituent une entrave majeure au développement des communautés.
« Elles prennent plusieurs formes : violence exercée par le partenaire intime, violences liées aux conflits, mariages forcés et précoces, mutilations génitales féminines (MGF), violences économiques, émotionnelles ou facilitée par les technologies numériques », a-t-elle expliqué.
Elle a également évoqué la montée des attaques contre les organisations de défense des droits des femmes, soulignant un « rétrécissement de l’espace d’expression » pour lutter efficacement contre ces violences.
Les médias, un levier crucial
Les discussions ont également mis en lumière le rôle clé des médias dans la sensibilisation. Dr Ndao a insisté sur l’importance d’outiller les journalistes et de leur fournir des éléments de langage adaptés pour produire des contenus de qualité et renforcer leur professionnalisme face à cette problématique.
Mme Cécile Goudou, journaliste à l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB), a quant à elle défendu l’idée de spécialisation des journalistes dans ce domaine.
« Un journaliste spécialisé maîtrise les contours de la thématique et acquiert des outils professionnels qui renforcent son impact et sa crédibilité. Une telle expertise permet de produire des articles de qualité capables de susciter un véritable changement », a-t-elle affirmé.
Mme Goudou a également insisté sur l’importance de l’engagement personnel, de la connaissance du contexte et du travail collaboratif. « La spécialisation des journalistes dans les questions de violences basées sur le genre est essentielle pour faire avancer la cause des droits des femmes. Cela nécessite un soutien adéquat au sein des rédactions et une réelle implication personnelle des journalistes. Ces derniers doivent aussi être encouragés à partager leurs expériences pour mieux porter la voix des victimes qu’ils représentent », a-t-elle conclu. FIN
Ambroisine MEMEDE