Le Forum des médias ouvert mardi dans la capitale sénégalaise sur l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles (VFFF), a accueilli jeudi deux leaders traditionnels pour entendre leurs témoignages et comprendre leur rôle dans le changement des normes sociales en faveur du respect des droits et de l’autonomisation des femmes.
Les normes sociales regroupent un ensemble de règles de conduite imposées à chaque membre d’une communauté ethnique. Ces normes, transmises par la socialisation, varient d’un groupe à l’autre et visent la cohésion ainsi que la survie de la communauté. Elles trouvent leurs racines dans les traditions, dont les chefs sont les gardiens.
Étaient présents Son Altesse Royale Ahan Kalidji Béatrice Diedhiou, Reine mère de Bubadjum Ayii (localité située en Casamance, au sud du Sénégal), ainsi que l’honorable Moussa Ndione, Jaraf de Bargny (localité située à environ 30 km de Dakar).
Leaders d’opinion, ces autorités traditionnelles occupent une place centrale dans la société africaine, où les us et coutumes prédominent. Et ONU Femmes s’est engagée à mobiliser ces leaders pour une lutte efficace contre les violences faites aux femmes et aux filles, notamment en transformant certaines pratiques culturelles problématiques.
Selon le Jaraf de Bargny, les chefs traditionnels sont les garants des normes sociales et doivent donc être à l’avant-garde de leur évolution positive.
« Les chefs traditionnels sont héritiers d’un patrimoine culturel millénaire, qui place le respect et la dignité humaine au cœur de nos valeurs. Ils ont donc la responsabilité ancestrale de préserver l’harmonie sociale au sein de leur communauté. Cette mission englobe naturellement la protection des femmes et des filles contre toute forme de violence », a souligné le Jaraf.
S’adapter aux exigences actuelles, une continuation du rôle de protecteur.
« Notre responsabilité aujourd’hui est de nous adapter aux exigences de notre temps tout en préservant ce qui fait notre identité. Et la lutte contre les VFFF n’est pas une rupture avec nos traditions, mais plutôt une continuation naturelle de notre rôle de protecteurs et de gardiens de l’harmonie sociale. C’est pourquoi nous devons être les premiers à nous lever et à agir concrètement pour un changement durable dans nos communautés », a-t-il expliqué.
Pour lui, le développement harmonieux de nos sociétés passe également par la création d’un environnement favorable à leur plein épanouissement, une mission qui nécessite un engagement ferme et constant de tous les acteurs de la société.
« Unissons nos forces et notre sagesse ancestrale pour être les catalyseurs d’un changement positif dans nos communautés. Avec l’appui d’organisations comme ONU Femmes et d’exemplaires personnalités comme la reine d’Oussouye, nous pouvons créer un avenir où chaque femme, chaque fille pourra vivre dans la dignité et la sécurité. Notre légitimité traditionnelle, combinée à une volonté sincère de progrès, peut faire de nous les véritables artisans de cette transformation sociale tant attendue », a-t-il déclaré dans un appel solennel adressé à ses pairs leaders traditionnels d’Afrique.
Face aux journalistes, la reine d’Oussouye a de son côté, réaffirmé son engagement en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. A la tête d’une vingtaine de villages, elle fait de la scolarisation des filles un des points qu’on ne négocie pas. Elle bénéficie du soutien de ONUFemmes.
Notons que ces interventions s’inscrivent dans le cadre des réflexions du forum sur les violences faites aux femmes, frein majeur à leur épanouissement sur le continent.
Organisé par Remapsen, le forum est soutenu par ONU Femmes et les fonds français Muskoka. Cette rencontre s’inscrit dans les 16 jours d’activisme contre les Violences Basées sur le Genre, une campagne internationale débutant le 25 novembre (Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) et se terminant le 10 décembre (Journée des droits humains). FIN
De Dakar, Ambroisine MEMEDE