Des experts en planification familiale, en santé sexuelle et reproduction de 16 pays d’Afrique (Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, RCA, RDC, Sénégal, Tchad, Togo) participent depuis ce mardi à Lomé et ce, pour trois jours, à la 5ème réunion régionale annuelle de la Communauté de Pratique pour la planification familiale du post-partum FPP intégrée à la Santé Maternelle, Néonatale et Infantile et à la Nutrition en Afrique francophone.
Placée sous le thème : « Intensifier la mise à échelle de l’intégration de la PFPP (y compris post SAA) à la SMNI-N et la synergie d’action entre partenaires pour l’atteinte des Objectifs de 2030 dans les pays francophones de la région Africaine », cette rencontre a pour objectif de renforcer la synergie entre partenaires pour atteindre les objectifs fixés à l’horizon 2030 dans les pays francophones d’Afrique.
Elle sera également l’opportunité de faire le point des engagements et du niveau d’exécution des Plans nationaux de passage à grande échelle (PAGE) pays selon les ressources mobilisées, de partager les expériences et les leçons apprises de cette stratégie de passage à l’échelle avec les autres pays francophones, et de mobiliser davantage les parties prenantes de la SRMNIA-N en favorisant les synergies et la complémentarité dans les pays.
En Afrique de l’ouest francophone, la mortalité maternelle et infantile reste alarmante avec 347 décès maternels pour 100.000 naissances et 31 nourrissons sur 1000 décédant avant 18 jours. Les besoins non satisfaits en planification familiale sont considérables, seuls 43% des femmes ayant accès aux services nécessaires, et la malnutrition chronique affecte jusqu’à 42,2% de la population dans certains pays. Les taux de malnutrition sont élevés, variant entre 21,2% et 42,2%.
« Nous sommes tous interpellés par la situation de la santé de la mère et de l’enfant dans nos pays où les femmes, les nouveau-nés et les enfants continuent de mourir chaque jour plus que partout ailleurs et souvent de causes évitables. Les données disponibles le reflètent parfaitement », a souligné Kokou Wotobe (Secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique).
Mobiliser les parties prenantes
Cette 5ème réunion régionale annuelle, a-t-il précisé, « offre une plateforme unique pour partager les expériences, les leçons apprises et mobiliser les parties prenantes de la SMNI-N à s’engager davantage car, nous devons relever le défi de passage à l’échelle ».
Le Togo n’est pas en reste dans cette situation : la mortalité maternelle est de 401/100.000 naissances vivantes et la mortalité néonatale de 27/1000.
« Le taux de prévalence contraceptive est de 23,2% avec 24,5% de besoins non satisfaits en planification familiale. Le retard de croissance est à 23,8% chez les enfants de moins de 5 ans. C’est inacceptable. Nous devons intensifier nos efforts et prendre des actions courageuses pour la réalisation effective de la Couverture Sanitaire Universitaire et l’atteinte des ODD », a martelé Kokou Wotobe.
La Communauté de Pratique (CdP) régionale s’emploie à répondre à ces défis en réunissant des parties prenantes d’Afrique de l’Ouest et d’ailleurs autour d’une stratégie d’intégration des soins de PF, de santé maternelle, néonatale, infantile et de nutrition (SMNI-N). La CdP aide les pays à renforcer leur leadership pour une mise à échelle de pratiques intégrées, améliorant l’accès aux soins pour les mères et les enfants tout en réduisant les opportunités manquées d’adoption de la PF.
« Nous sommes ici pendant trois jours pour parler de l’intégration des services à offrir au couple mère-enfant. A travers ces jours, nous aborderons également la question critique de la santé de la mère et de l’enfant, de comment accélérer les progrès pour pouvoir atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Le rythme de progrès est lent actuellement dans nos pays et à ce rythme, nous ne pouvons pas atteindre ces objectifs-là », a relevé Dr Armand Yves Mèdessi Mongbo (Président de la Communauté de Pratique OOAS-Burkina).
« Raison pour laquelle l’intégration des services qui a été reconnue comme l’intervention à haut impact, a été adoptée comme modèle pour pouvoir accélérer le rythme de progrès et l’ensemble de ces pays vont accepter. Nous sommes en train de la mettre en œuvre chacun en ce qui le concerne à travers un plan de passage à grand échelle que l’ensemble des partenaires de chaque pays accompagnent », a-t-il ajouté.
Les indicateurs restent au-dessus des seuils tolérés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), exigeant des efforts accrus pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l’ODD3 d’ici 2030.
« Cette rencontre est importante pour nous parce que c’est une occasion pour nous de mobiliser les ressources pour le passage à grande échelle. L’intégration des services permet de rendre plus efficiente les ressources. Une femme qui vient consulter à la Consultation Prénatale (CPN), déjà qu’on lui donne des conseils sur sa propre nutrition et sur comment elle peut nourrir l’enfant après et sur des questions si elle a envie d’espacer les prochaines grossesses, comment est-ce qu’elle peut procéder. Ses occasions sont saisies pour interagir avec la femme en consultation prénatale, pendant l’accouchement, la consultation post-natale etc », a précisé Dr Amétépé Abram Agossou (Directeur de la Santé et de la Mère et de l’Enfant).
A la fin de la réunion, une synthèse des recommandations et des actions à mener, assortie d’un chronogramme et d’imputabilité dans la mise en œuvre sera élaborée, y compris les ressources et perspectives pour les 12 prochains mois.
Rappelons que le Togo abrite pour la seconde fois consécutive cette réunion de haut niveau. La première – la 3ème réunion régionale en 2022 – s’est tenue à Lomé où les participants ont planché sur le défi de la couverture sanitaire pour la femme et l’enfant dans le contexte de crises sécuritaire et sanitaire en Afrique de l’Ouest. FIN
Bernadette AYIBE