Plus de 370 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi un viol ou une agression sexuelle avant 18 ans, selon des estimations rendues publiques par UNICEF jeudi en amont de la Journée internationale de la jeune fille. Cette année, les réflexions tournent autour de « la vision des filles pour l’avenir ».
Les estimations sont issues d’enquêtes nationales représentatives, menées entre 2010 et 2022 dans 120 pays et régions.
Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance, ces violences sont d’ampleur mondiale et touchent particulièrement les adolescentes, et entraînent souvent des conséquences pour la vie entière.
« La violence sexuelle envers les enfants entache notre conscience morale », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. « Elle crée un traumatisme profond et durable, et est souvent infligée par une personne que l’enfant connaît, en qui il a confiance, dans des lieux où il devrait se sentir en sécurité », souligne-t-elle.
Les données montrent que la violence sexuelle envers les enfants est présente partout, quel que soit le contexte géographique, culturel ou économique. Et c’est en Afrique subsaharienne que l’on compte le plus grand nombre de victimes : 79 millions de filles et de femmes, soit 22 % de la population féminine.
« Les enfants vivant dans un contexte fragile sont particulièrement vulnérables à la violence sexuelle. Nous constatons des violences sexuelles effroyables dans les zones de conflit, où le viol et la violence liée au genre sont souvent utilisés comme armes de guerre », rappelle Catherine Russell.
L’urgence de prendre des mesures
D’après les données, la plupart des violences sexuelles interviennent au cours de l’adolescence, un pic important étant observé entre 14 et 17 ans. Les études montrent que les enfants qui subissent des violences sexuelles ont plus de risques de souffrir d’abus répétés. Il est par conséquent essentiel de mettre en œuvre des interventions ciblées au cours de l’adolescence, afin de sortir de ce cycle de la violence et d’atténuer les répercussions à long terme de ces traumatismes.
UNICEF souligne que les personnes survivantes portent souvent le traumatisme des violences sexuelles jusqu’à l’âge adulte et sont davantage exposées aux maladies sexuellement transmissibles, à la consommation de drogues, à l’isolement social et aux problèmes de santé mentale tels que l’anxiété et la dépression.
« Elles ont également des difficultés à nouer des relations saines. Les données montrent que les conséquences sont d’autant plus importantes lorsque les enfants tardent à parler de ce qu’ils ont vécu, parfois pendant de longues périodes, ou taisent complètement les violences », explique le Fonds des Nations unies pour l’enfance.
Par ailleurs, les données montrent que les garçons et les hommes sont également concernés. On estime que 240 à 310 millions de garçons et d’hommes – soit 1 sur 11 – ont subi un viol ou une agression sexuelle pendant l’enfance.
Les agressions en ligne ou verbales sont estimées entre 410 et 530 millions chez les garçons et les hommes, et 650 millions de personnes chez les filles et les femmes à l’échelle mondiale, soit 1 femme sur 5.
Ces chiffres soulignent qu’il est urgent de mettre en place des stratégies complètes de prévention et de soutien permettant de lutter efficacement contre toutes les formes de violence et d’abus, afin de bâtir un avenir plus sûr pour les enfants du monde entier.
Des actions concrètes
Remettre en question et en modifiant les normes sociales et culturelles qui permettent aux violences sexuelles d’avoir lieu et découragent les enfants de demander de l’aide,
Fournir à chaque enfant des informations pertinentes, accessibles et adaptées à son âge,qui lui permettent de reconnaître et de dénoncer la violence sexuelle,
Garantir que chaque enfant victime et survivant a accès à des services qui favorisent la justice et la guérison, et qui réduisent le risque de subir d’autres préjudices,
Renforcer les lois et les réglementations afin de protéger les enfants contre toutes les formes de violence sexuelle, notamment dans les organisations œuvrant auprès des enfants, et en investissant dans les personnes, les ressources et les systèmes nécessaires à leur application.
Établir des systèmes nationaux de données de meilleure qualité qui permettent de suivre les progrès et de garantir la reddition de comptes grâce à la mise en œuvre de normes internationales telles que la Classification internationale de la violence contre les enfants.
Ambroisine MEMEDE