L’armée israélienne a annoncé ce vendredi soir qu’elle frappait trois dépôts d’armes du Hezbollah cachés, selon elle, sous des immeubles du sud de Beyrouth.
Israël a mené ce vendredi de nouvelles frappes aériennes contre le Hezbollah au Liban, ignorant les appels de ses alliés à un cessez-le-feu.
Dans la soirée, Tsahal a appelé les habitants de plusieurs zones de la banlieue sud de Beyrouth à évacuer « immédiatement », avant de frapper ce qu’elle a présenté comme trois dépôts d’armes du Hezbollah cachés, selon elle, sous des immeubles.
Plus tôt dans la journée, de violents tirs avaient visé cette même banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah. Ils ciblaient le chef du mouvement chiite libanais, Hassan Nasrallah, qui est indemne selon une source proche du mouvement islamiste libanais.
Six personnes ont été tuées et 91 blessées dans ces frappes, selon un dernier bilan du ministère de la Santé libanais.
En réponse, le Hezbollah a tiré des « salves de roquettes » sur Safed, dans le nord d’Israël, « en défense du Liban et de son peuple, et en réponse aux attaques d’Israël », a déclaré le mouvement.
« Un impact direct d’une roquette du Hezbollah a été constaté » sur une maison de Safed, a confirmé l’armée israélienne.
Des réactions partout dans le monde
Après les attaques du jour, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a dénoncé un « crime de guerre flagrant ». Pour le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le Proche-Orient est au bord d’une « guerre totale ».
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a de nouveau appelé à un cessez-le-feu au Liban et à Gaza.
« La chose la plus importante à faire est d’essayer d’abord que les tirs cessent dans les deux sens, et ensuite d’utiliser le temps que nous aurions au cours d’un tel cessez-le-feu pour voir si nous pouvons parvenir à un accord diplomatique plus large », a plaidé le secrétaire d’État.
De son côté, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a accusé Israël de mener une « guerre génocidaire ».
Depuis lundi, les bombardements massifs menés par l’État hébreu contre le Hezbollah, soutenu par l’Iran et allié du Hamas palestinien, ont fait des centaines de morts au Liban et le Hezbollah multiplie les attaques à la roquette sur le nord d’Israël.
« Israël n’a pas d’autre choix«
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, s’est engagé vendredi devant l’Assemblée générale des Nations unies à continuer à frapper le Hezbollah au Liban, et à poursuivre la guerre à Gaza contre le Hamas « jusqu’à la victoire », rejetant les appels à faire taire les armes pour éviter un embrasement régional.
« Tant que le Hezbollah choisit la voie de la guerre, Israël n’a pas d’autre choix », a-t-il affirmé.
Un responsable israélien de la sécurité a déclaré qu’une éventuelle opération au sol contre le Hezbollah serait « aussi courte » que possible.
« Je pense que nous nous y préparons tous les jours, et il est certain que nous disposons de ce moyen », a-t-il ajouté sous couvert d’anonymat.
Face à cette escalade militaire qui menace d’entraîner le Proche-Orient dans la guerre, les États-Unis et la France, rejoints par de nombreux pays occidentaux et arabes, ont lancé un appel à un cessez-le-feu de 21 jours, rejeté jeudi par Israël qui a promis de combattre le Hezbollah « jusqu’à la victoire ».
Cinq jours consécutifs de bombardements
De fortes explosions avaient été entendues à Beyrouth plus tôt ce vendredi, l’agence de presse officielle libanaise indiquant qu’une série de frappes israéliennes avaient visé la banlieue sud de la capitale, fief du Hezbollah. Des colonnes de fumée s’élevant de différents endroits étaient visibles sur les images diffusées par la télévision locale, et les sirènes des ambulances étaient entendues dans la capitale libanaise.
Quelques heures après cette attaque, Netanyahou a par ailleurs écourté son voyage aux États-Unis.
« Le Premier ministre Netanyahou a décidé de rentrer en Israël plus tôt que prévu et quittera les États-Unis ce soir » vendredi, a précisé son bureau, ajoutant qu’il devait initialement arriver en Israël dimanche.
À Beyrouth, l’armée israélienne avait fait état jeudi de « frappes précises » qui ont tué le chef de l’unité de drones du Hezbollah, Mohammed Srour. Ce décès a été confirmé par le mouvement chiite.
Selon une source proche du Hezbollah, Mohammed Srour faisait partie des hauts commandants du mouvement envoyés au Yémen pour entraîner les rebelles houthis, soutenus eux aussi par l’Iran. Les frappes israéliennes de jeudi ont fait 92 morts et 153 blessés, selon les autorités libanaises.
Plus de 700 morts depuis lundi
Les bombardements israéliens, qui ont fait plus de 700 morts depuis lundi, dont de nombreux civils, ont jeté plus de 90 000 personnes sur les routes au Liban, selon l’ONU.
Plus de 31 000 d’entre elles sont entrées en Syrie, selon Beyrouth. Hassan Slim est parti avec sa mère, cherchant refuge dans ce pays en miettes après des années de guerre civile.
« On évitait la Syrie à cause de la guerre, mais aujourd’hui la guerre est à nos portes », a confié ce chômeur libanais de 24 ans.
Rejetant l’appel international au cessez-le-feu, Benjamin Netanyahou a assuré jeudi que l’armée poursuivrait son combat contre le Hezbollah « avec toute la force nécessaire ».
Son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a affirmé que ce combat continuerait « jusqu’à la victoire » et qu’il n’y aurait « pas de cessez-le-feu dans le nord ».
Le président français Emmanuel Macron a estimé que ce serait « une faute » de la part de Benjamin Netanyahou de refuser le cessez-le-feu proposé au Liban et qu’il prendrait la « responsabilité » d’une escalade régionale.
Israël déplace le conflit de Gaza au Liban
Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le « centre de gravité » de ses opérations concentrées jusque-là sur la bande de Gaza vers le nord du pays, pour permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants qui ont fui depuis près d’un an les tirs de roquettes du Hezbollah.
L’escalade militaire s’est aggravée depuis la vague d’explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth qui a décapité l’unité d’élite du mouvement.
Mercredi, le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi, a demandé aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre au Liban.
En près d’un an, les violences transfrontalières ont causé la mort de 1 540 personnes au Liban, ont annoncé jeudi les autorités libanaises.
Selon le gouvernement israélien, 9 360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d’un an.
Avec l’Afp