Le Rapport de la Fondation Gates appelle à des financements ciblés pour la Santé mondiale

Photo Fondation Bill & Melina Gates

Afin de Sauver des Millions d’Enfants de la Malnutrition et des Maladies
De récentes projections indiquent que 40 millions d’enfants supplémentaires souffriront des
pires effets de la faim d’ici à 2050 en raison du changement climatique. Mais une action
immédiate pourrait au contraire améliorer la santé et stimuler la croissance économique.
(18 septembre 2024) – Dans son huitième rapport annuel Goalkeepers publié aujourd’hui, la
Fondation Bill & Melinda Gates a exhorté les dirigeants mondiaux à augmenter les dépenses
mondiales en santé là où elles sont le plus nécessaires, et ce afin d’améliorer la santé et la
nutrition des enfants, en particulier face à la crise climatique mondiale.


Le rapport de Goalkeepers, intitulé « La course pour nourrir un monde qui se réchauffe »,
prévoit que sans une action mondiale immédiate, le changement climatique condamnera 40
millions d’enfants supplémentaires à un retard de croissance et 28 millions d’autres à
l’émaciation entre 2024 et 2050. La mise en œuvre dès maintenant de solutions à grande échelle
peut permettre d’éviter d’aboutir à cela, et ce tout en renforçant la résilience au changement
climatique et en stimulant la croissance économique dont nous avons tant besoin.
En 2023, l’Organisation mondiale de la santé estime que 148 millions d’enfants souffriront d’un
retard de croissance, ce qui leur empêchera d’atteindre leur plein potentiel mental ou
physique. Elle estime également que 45 millions d’enfants souffriront d’émaciation, un état
dans lequel les enfants deviendront faibles et émaciés, les exposant à un risque beaucoup plus
élevé de retard de développement et de décès. Il s’agit des formes les plus graves et
irréversibles de malnutrition chronique et aiguë.


Dans le même temps, alors que les défis mondiaux s’intensifient, la part totale de l’aide
étrangère destinée à l’Afrique a diminué. En 2010, 40 % de l’aide étrangère était destinée aux
pays africains. Aujourd’hui, ce chiffre n’est plus que de 25 % – le pourcentage le plus bas depuis
20 ans – alors que plus de la moitié des décès d’enfants surviennent en Afrique subsaharienne.
Cette tendance expose des centaines de millions d’enfants à un risque sérieux de mourir ou de
souffrir de maladies évitables et menace les progrès sans précédent que le monde a réalisés en
matière de santé mondiale en Afrique entre 2000 et 2020.


« Aujourd’hui, le monde est confronté à plus de défis que jamais dans ma vie d’adulte : inflation,
dette, nouvelles guerres. Malheureusement, l’aide ne suit pas le rythme de ces besoins, en
particulier dans les régions qui en ont le plus besoin », écrit Bill Gates et auteur du rapport,
coprésident de la Fondation Bill et Melinda Gates. « Je pense que nous pouvons donner un
second souffle à la santé mondiale, même dans un monde où des défis concurrents obligent les
gouvernements à restreindre leurs budgets ».


Selon M. Gates, la malnutrition est « la pire crise de santé infantile au monde » et le
changement climatique ne fait qu’aggraver la situation. Face à cette crise, M. Gates appelle à maintenir le financement de la santé mondiale, à répondre immédiatement à la menace croissante de la malnutrition infantile en soutenant le Fonds pour la nutrition infantile, une nouvelle plateforme qui coordonne le financement des donateurs pour la nutrition, et à financer intégralement par les gouvernements les institutions établies qui ont prouvé leur efficacité pour protéger des millions de vies chaque année. Ces institutions comprennent Gavi, l’Alliance du vaccin, qui doit procéder à sa prochaine reconstitution de fonds en 2025, et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui devrait également procéder à sa reconstitution de fonds l’année prochaine.

« Si nous faisons ces trois choses, nous ne nous contenterons pas d’inaugurer une nouvelle ère pour la santé mondiale et de sauver des millions de vies, nous prouverons également que l’humanité est encore capable de relever ses plus grands défis », écrit M. Gates. Le rapport met également en lumière les coûts économiques catastrophiques de la malnutrition et présente des solutions qui peuvent contribuer à les atténuer. Selon la Banque mondiale, le coût de la dénutrition s’élève à 3 000 milliards USD en perte de productivité chaque année, car la malnutrition affaiblit les capacités physiques et cognitives des individus.
Dans les pays à faible revenu, cette perte va de 3 à 16 % (ou plus) du PIB, ce qui équivaut à une
récession mondiale permanente de niveau de 2008 chaque année.

Des outils éprouvés existent aujourd’hui
« Le meilleur moyen de lutter contre les effets du changement climatique est d’investir dans la
nutrition… La malnutrition rend chaque pas en avant que notre espèce veut faire plus lourd et
plus difficile », écrit M. Gates. « Mais l’inverse est également vrai. Si nous résolvons le problème
de la malnutrition, nous aidons à la résolution de tous les autres problèmes. Nous résolvons
l’extrême pauvreté. Les vaccins sont plus efficaces. Et des maladies mortelles comme le
paludisme et la pneumonie deviennent beaucoup moins mortelles ».
Le rapport met en lumière des outils éprouvés qui contribuent à résoudre le problème de la
malnutrition, à renforcer la résilience des populations face aux pires effets du changement
climatique et à faire reculer la mortalité infantile. Ces outils comprennent :

  • De nouvelles technologies agricoles qui produisent jusqu’à deux ou trois fois plus de
    lait et un lait plus sûr, ce qui permet de prévenir des millions de cas de retard de
    croissance chez les enfants d’ici à 2050.
    o La modélisation montre qu’en Inde, en Éthiopie, au Kenya, au Nigeria et
    en Tanzanie, ces technologies peuvent prévenir 109 millions de cas de
    retard de croissance chez les enfants d’ici à 2050.
  • Les efforts pour développer de nouvelles méthodes d’enrichissement des aliments de
    base, tels que le sel et le bouillon peuvent réduire des millions de cas d’anémie et
    prévenir les décès dus aux anomalies du tube neural.
    o En Éthiopie, un nouveau procédé d’enrichissement du sel en iode et en acide
    folique pourrait entraîner une réduction de 4 % du taux d’anémie et éliminer
    jusqu’à 75 % des décès et des mort-nés dus à des anomalies du tube neural.

o Au Nigeria, l’enrichissement en fer, en acide folique, en zinc et en vitamine
B12 des cubes de bouillon pourrait permettre d’éviter jusqu’à 16,6 millions
de cas d’anémie et jusqu’à 11 000 décès dus à des anomalies du tube neural.

  • Les efforts visant à fournir des vitamines prénatales de haute qualité aux femmes
    enceintes pourraient sauver près d’un demi-million de vies et améliorer les résultats
    des naissances de 25 millions de bébés d’ici à 2040.
    o L’adoption de suppléments en micronutriments multiples (MMS) ne
    représente qu’un coût de 2,60 dollars pour une grossesse entière dans tous les
    pays à revenu faible ou intermédiaire.

Le rapport souligne également comment les nouvelles recherches prometteuses sur le
microbiome peuvent améliorer la santé des personnes. Des études indiquent qu’une
meilleure santé intestinale peut aider les enfants à absorber les nutriments, à développer
un système immunitaire fort et à grandir comme ils le devraient pour s’épanouir. M.
Gates précise qu’une meilleure compréhension de la santé intestinale pourrait changer
non seulement la façon dont le monde gère la malnutrition, mais également la
suralimentation, qui affecte les pays riches.


Le rapport de cette année présente également des essais d’agriculteurs et d’experts en
première ligne de la crise de la malnutrition, qui expliquent l’impact de ces outils sur
leurs communautés.
Sushama Das, productrice laitière à Astaranga, dans l’État indien d’Odisha, écrit sur le
Programme d’amélioration et de promotion de l’élevage : « Aujourd’hui, nous avons huit
vaches qui produisent 60 litres de lait par jour… Les subventions et les programmes de
formation ont aidé notre famille à gagner plus d’argent – notre revenu mensuel est
aujourd’hui cinq fois supérieur à ce qu’il était auparavant ».


Coletta Kemboi, une productrice laitière de Maili Nne, au Kenya, qui a participé à une formation
avec MoreMilk, écrit : « Avant, il y avait des traces de lait impur, mais depuis que j’ai suivi la
formation, ils [les inspecteurs] sont venus environ trois fois dans notre magasin et leurs tests
prouvent que notre lait est bon… L’argent supplémentaire que nous gagnons va à la ferme…
Nous sommes en mesure de payer les frais de scolarité de mes trois enfants ».


Ladidi Bako-Aiyegbusi, directeur de la nutrition au ministère nigérian de la santé et de la
protection sociale et responsable d’une initiative de grande envergure visant à enrichir les
bouillons cubes, écrit : « Si les enfants de moins de cinq ans n’ont pas accès aux nutriments
essentiels dont ils ont besoin pour grandir, s’épanouir et mener une vie saine, ils sont privés de
leur avenir ».
Le Dr Sabin Nsanzimana, ministre rwandais de la santé et chef de file des efforts visant à garantir l’accès de toutes les femmes rwandaises aux MMS, écrit : « Les vitamines prénatales sauvent des vies. C’est pourquoi on les trouve dans les rayons des supermarchés dans les pays riches. Mais pour les femmes des pays à revenu faible ou intermédiaire, comme le Rwanda, elles sont à la fois plus essentielles et plus difficiles à trouver ». À ce jour, plus de 50 000 femmes rwandaises ont reçu des MMS dans le cadre d’un programme dans sept districts où les taux de retard de croissance sont les plus élevés.
Le Dr Víctor Aguayo, directeur de la nutrition et du développement de l’enfant à l’UNICEF,
écrit : « Le Fonds pour la nutrition de l’enfant pourrait changer la donne. Il a le potentiel de
répondre à la crise de la malnutrition infantile et de transformer la philanthropie en faveur de
la nutrition maternelle et infantile ».