Le réseau social Tiktok a conquis le monde et le Bénin n’y échappe pas. Prisé par les jeunes surtout, Tiktok est devenu pour certains un outil de communication et de concrétisation de grands projets, mais pour d’autres, cette application reste un moyen de perdition et de dépravation des mœurs.
Comme tous les médias sociaux existant avant lui, tiktok dès sa création a fait l’unanimité au sein de la jeunesse béninoise. Mais ils sont une infime frange de cette couche de la société qui s’en servent à des fins éducatives.
« Le niveau est complètement affecté puisque sur Tiktok il y a des publications qui ne répondent à rien, qui ne contribuent pas au bien de l’humanité. Le jeune qui se consacre à Tiktok n’a plus le temps à consacrer à ses études. Ce qui me paraît surprenant c’est que même si on n’a pas l’argent, on s’efforce pour l’avoir afin d’avoir internet…Tiktok au Bénin c’est la dépravation des mœurs surtout du côté des filles. C’est déplorable…… », dit cet habitant de Cotonou.
L’application dispose d’une fonctionnalité qui rend accro ses utilisateurs et les pousse à des défis et à se lancer des propos déplacés et même des menaces de mort. Sinarike Amal et Brunelle Amoussou, deux influenceuses sur Tiktok parlent des dérapages observés généralement sur cette plateforme.
« Pour moi Tiktok n’a pas une influence négative mais c’est plutôt l’utilisation qu’on en fait. Il y a certains qui par Tiktok intimident les autres, ils font de la cyber intimidation… Il y a des images obscènes par exemple, tu te dis que l’algorithme va censurer mais rien », poursuit-il.
Michäel Boco est spécialiste de l’éducation. Il évoque le cas le plus déplorable sur Tiktok notamment la dépravation des mœurs tout en rappelant que l’utilisation du Tiktok affecte négativement le rendement académique.
« Aujourd’hui, observez bien les étudiants, faire du n’importe quoi devant vous ne leur dit plus rien. Ce qui est très grave pour l’éducation. En matière d’apprentissage, de pédagogie, mais nous avons des difficultés puisqu’ils n’ont plus le temps de lire les documents. Au bout de l’année, ce sont des échecs à la pelle. Niveau cognitif et affirmation de soi, c’est la débandade », explique Michäel Boco.
Raymond Assogba est docteur en sociologie à l’université d’Abomey Calavi. Il souligne ici la façon dont Tiktok influe négativement sur le comportement de nombreux étudiants.
« Quand je suis au cours, j’ai des étudiants filles comme garçons penchés sur leur téléphone et c’est Tiktok. Et que dire des jeunes filles qui miment dans des tenues légères et qui se présentent comme de potentiels clientes pour des gens à la recherche du sexe », déclare le docteur en sociologie.
De nombreux jeunes étudiants, compte tenu des contenus divertissants qu’ils consomment, passent assez de temps sur la plateforme, oubliant les risques que cette addiction peut entraîner. Comlan Kouassi Bernard, psychologue clinicien, met l’accent sur les effets néfastes que peut entraîner l’utilisation abusive du Tiktok sur la santé mentale et physique des étudiants.
« Le risque c’est la dépression, le stress mental, la dépression. La fatigue n’est pas mentale. Elle est aussi physique. Et c’est tout ça qui conduit au suicide devenu monnaie courante au Bénin », estime Comlan Kouassi Bernard.
Les réseaux sociaux offrent des opportunités mais peuvent détruire selon l’utilisation qu’on en fait. Dr Mahoussi Wenceslas, maître assistant des universités de cames, expert en média parle ici des impacts de tiktok et de son influence sur la vie des étudiants béninois.
« Lorsque vous allez sur internet pour des recherches pour vos cours et que vous tombez sur des images érotiques, la faute est à qui ? Le jeune qui va innocemment chercher l’information ou au jeune qui ne prend pas des dispositions que certains liens lui soient interdits ? C’est facile de tomber sous l’addiction quand on n’a pas reçu d’éducation dans ce sens-là avant. Vous tombez dessus et vous constatez que c’est en libre accès. Et la société elle-même sexualise tout », selon le Dr. Wencelas.
Pour contrôler l’ampleur des réseaux sociaux plus précisément Tiktok, il faut nécessairement une politique d’encadrement et de sensibilisation des jeunes pour une utilisation responsable et profitable des plateformes numériques au Bénin.
Source : VOA (Ginette Fleure Adandé)