Au Bénin, la pratique du mariage traditionnel par dot en travaux champêtres, appelé Popimbu, se poursuit chez les peuples natemba, dans le nord du pays. Ce processus, long et ritualisé, implique les familles des deux partenaires et joue un rôle important dans la socialisation.
A l’origine, Popimbu, le mariage traditionnel par dot en travaux champêtres était le plus légitime. Chez les Natemba, en milieu naténi dans le nord du Bénin, le mariage est une institution à laquelle on accorde une importance extrême. Le divorce n’existe pas. Et quand vous vous entêtez les conséquences sont grandes. Une fois dans les liens du mariage, vous y resterez à vie.
C’est ce qu’explique Lawani kitouyida, un cadre natemba vivant à Cotonou qui affirme que « ce mariage n’a pas de divorce. Vous vous mariez pour l’éternité. Même s’il y a séparation de corps et que la femme quittait pour un autre homme, il ne sera jamais légitime en ce sens que même si la femme lui faisait des enfants, ils appartiennent au premier mari, celui reconnu par la tradition ».
Les Natembas sont un peuple de la région montagneuse de l’Atacora dans la partie ouest du nord Bénin. Chez eux, le respect des coutumes est un principe sacro saint. Tchansi Kounyo s’est mariée il y a près de 50 ans alors qu’elle avait à peine 12 ans.
Elle souvient de ce qui s’est passé à l’époque. « J’étais encore petite quand mon mari est venu demander ma main auprès de mes parents. Il a labouré la terre pour eux pendant des années et il a payé tout ce qu’il faut dans ce sens. Je sais que je ne dois pas quitter mon mari quelque soient les circonstances. Car même si je le quitte pour un autre, les enfants que je ferai ailleurs lui appartiendront », déclare Tchansi Kounyo.
Popimbu fait partie de ces croyances traditionnelles que beaucoup ne comprennent pas. Kouaro a labouré la terre pendant neuf ans pour enfin épouser la fille que ses parents lui ont choisie alors qu’elle était encore au biberon.
« J’avais 20 ans quand mes parents m’ont trouvé une femme. Elle était encore petite. Avec l’aide de mes frères, nous avons accompli des travaux champêtres chez ses parents pendant les neuf ans exigés. Chaque année, j’offrais également des tubercules d’igname, du sorgho, du mil. Au bout des neuf ans, une cérémonie a été organisée pour permettre à ma femme de me rejoindre. C’est ainsi que je me suis marié », se souvient encore Kouaro.
Cette tradition est basée sur un lien sacré, réputé indissoluble et difficile à rompre sans conséquences. Le processus séduit certains jeunes. Confiance Nouanti est un jeune natemba.
Face à la montée des unions moins régulées, l’augmentation des divorces, l’instabilité matrimoniale parmi les jeunes, il a décidé de soutenir son mémoire de fin de formation en journalisme sur le Popimbu.
Pour lui, cette forme « de mariage dépasse la simple union matrimoniale. Mais aujourd’hui avec l’avènement de la modernité, les jeunes ont balayé d’un seul revers de la main cette forme traditionnelle de mariage comme s’il était totalement très mal pensé par nos aïeux. Conséquence, ils s’attrapent dans les marchés et les rues et forment des couples qui ne durent pas », déplore-t-il.
Les femmes célibataires et les familles monoparentales qui étaient autrefois très rares et même presque inexistantes refont surface dans la localité. Et ils sont nombreux ces cadres ou non de la région à appeler de tous leurs vœux au retour de cette coutume, peut-être pas dans sa forme rigide mais l’adapter afin qu’elle soit respectueuse des droits des enfants et de la femme.
Ginette Fleure Adandé (voaafrique.com)