Assailli de questions sur son âge et à l’isolement en raison du Covid, Joe Biden a annoncé vendredi qu’il reprendrait sa campagne la semaine prochaine. Sans faire taire les voix au sein de son camp qui l’exhortent à passer le flambeau, craignant que le Parti démocrate ne sorte terrassé des élections de novembre.
«La vision lugubre de Donald Trump pour l’avenir ne représente pas qui nous sommes en tant qu’Américains», a dit le président de 81 ans dans un communiqué. «Ensemble, en tant que parti et en tant que pays, nous pouvons le battre et le battrons dans les urnes», a-t-il assuré, disant avoir hâte de retourner en campagne «la semaine prochaine».
Mais son ton combatif ne cache pas la fronde grandissante chez des responsables démocrates. Pas moins de sept élus de la Chambre des représentants et un troisième sénateur ont appelé ces dernières 24 heures le président, qui brigue un second mandat face au républicain Donald Trump, à laisser la place à un candidat ou une candidate plus jeune. En tout, ils sont déjà une trentaine d’élus à avoir demandé au président de quitter la course.
«Un retour de Donald Trump à la Maison Blanche représenterait un danger existentiel pour notre démocratie. Nous devons le battre en novembre, et nous avons besoin d’un candidat qui puisse le faire», a écrit sur X le sénateur du Nouveau-Mexique, Martin Heinrich.
«Nous devons faire face à la réalité: les inquiétudes largement répandues dans l’opinion publique concernant votre âge et votre condition physique mettent en péril ce qui devrait être une campagne gagnante», ont de leur côté estimé quatre élus, dont celui du Texas Marc Veasey, dans une lettre conjointe publiée par plusieurs médias.
«Passer le flambeau (…) redynamiserait la course et injecterait de l’enthousiasme et de l’élan chez les démocrates avant notre convention le mois prochain», ont-ils jugé.
La fébrilité au sein du Parti démocrate est de plus en palpable depuis que M. Biden a flanché lors de son débat fin juin avec M. Trump. Ce jour-là, c’est un Biden très affaibli, peinant à finir ses phrases, qui est apparu devant les écrans de ses partisans affligés.
Le tourbillon d’interrogations sur son acuité mentale n’a pas cessé depuis, même si le président affirme être en pleine possession de ses capacités intellectuelles et être le plus à même de battre Donald Trump.
«Absolument» dans la course
Ces derniers jours, nombre de fuites anonymes dans les médias américains ont fait état d’un possible changement d’état d’esprit de M. Biden, qui serait devenu plus réceptif aux inquiétudes de ses alliés démocrates haut placés.
Dans ce qui serait un développement majeur, l’ex-président Barack Obama, toujours très influent au sein du Parti démocrate, a selon la presse américaine fait part de ses doutes sur la «viabilité» de la candidature de Joe Biden.
La directrice de campagne du président, Jen O’Malley Dillon, a répliqué vendredi. «Vous l’avez directement entendu de la bouche du président encore et encore: il se présente pour gagner, il est notre candidat et il va être notre président pour un second mandat», a-t-elle dit à la chaîne MSNBC.
Il reste «absolument» dans la course à la Maison Blanche, a-t-elle insisté, tout en reconnaissant que les dernières semaines avaient été «difficiles» pour l’équipe de campagne.
«Nous avons constaté, c’est indéniable, une certaine baisse dans le soutien, mais c’est un mouvement de petite ampleur», a-t-elle déclaré. Une série de sondages montrent M. Biden à la traîne derrière M. Trump, qu’il avait battu en 2020. Le contraste entre les deux rivaux est actuellement saisissant et reflète les rebondissements d’une campagne pas comme les autres.
Pendant que M. Biden affronte une crise, M. Trump semble vivre un état de grâce alors qu’il a passé les derniers mois à comparaître devant des juges – il est d’ailleurs devenu le premier ancien président à être condamné au pénal. Samedi, il a miraculeusement survécu à une tentative d’assassinat. Et il a été sacré jeudi soir candidat de la droite lors d’une fête grandiose.
SOURCE : AFP