Chaque jour, Mawussi Tohouégnon, la quarantaine révolue (Togolais vivant à Atakpamé, environ 175 Km au nord de Lomé,) se rend à son atelier avec le même espoir : réussir à faire un geste significatif pour ces enfants souvent regardés de travers, auxquels lui-même se sent très lié.
Le combat de Mawussi, c’est faire respecter les droits de ces enfants en proie à la discrimination, les mettre à l’abri du besoin. Et il ne peut en être autrement si trois de ses propres enfants subissent les mêmes injustices.
« Je ne suis qu’un aiguiseur de dents de moulin, je n’ai que trop peu de ressources pour les besoins de ma famille. Mais les enfants atteints d’albinisme sont victimes de discrimination, ce qui conduit souvent à la déscolarisation. Ils sont issus de familles très pauvres, et cela les rend plus vulnérables. Et je ne peux rester silencieux face à cette injustice, surtout que trois de mes quatre enfants vivent avec cette anomalie », explique Mawussi, lui-même affecté par le gène.
M.Tohouégnon puise sa détermination de la tristesse qu’il éprouve face à tant d’injustices, d’abus, de stigmatisation et de souffrance.
Il faut vraiment agir
A cela, il faut ajouter les affections cutanées et oculaires. « Ça me fait vraiment de la peine. Les PAA ont les mêmes droits que les autres et c’est ce qui m’a amené à mettre en place en 2013, l’initiative ProToPa (Promotion Tohoegno Mawussi Papa des Albinos) pour promouvoir les droits et l’inclusion sociale des personnes atteinte avec l’albinisme (PAA) à Atakpamè, les enfants en particulier. Mon rêve, c’est une maison d’accueil dotée d’une aire de jeu où ces enfants pourront s’épanouir », souligne M.Tohouégnon.
Surnommé « Papa des albinos », Mawussi soutient qu’il est indispensable de sensibiliser les populations et les informer sur les conséquences de la discrimination sur la vie et l’épanouissement de tout être humain.
« Les personnes atteintes d’albinisme ne sont pas des tarés ! Ce sont des personnes mentalement bien et intelligentes, mais le regard des autres les amènent à douter même de leur capacité à réussir quoi que ce soit dans la vie. Leurs parents sont traités de malchanceux, leurs familles sont craintes, et les gens disent qu’elles ont mis au monde des entités marines… », raconte-t-il.
« C’est très important de sensibiliser sur l’albinisme dans les milieux scolaires. Les superstitions habitent ceux qui n’ont jamais été éduqués par rapport à cela. Il est maintenant temps de préparer la future génération, de lui faire comprendre ce que c’est que l’albinisme et que les PVA ont besoin de leur soutien », a-t-il expliqué.
A travers ProTopa, il s’emploie à les soutenir, les consoler, les conseiller et leur donner de l’espoir.
« Papa fait beaucoup pour nous. Il nous écoute et nous vient en aide malgré ses maigres ressources. Moi j’ai été abandonnée, enceinte de mon premier enfant, et j’ai subi le même rejet de la part de l’auteur de ma deuxième grossesse, ce qui l’oblige à demeurer chez mes parents avec mes enfants… et j’ai aussi perdu mon emploi, renvoyée par ma patronne, parce que des clients l’ont exigé : ils ne veulent pas être servis par une personne atteinte d’albinisme… C’est grâce à Papa que j’arrive à garder espoir et sourire malgré mes difficultés… », a confié Afiwa, une PAA.