La représentativité des femmes dans les médias était vendredi, au cœur d’une conférence débat organisée par l’Observatoire togolais des médias (OTM) et ses partenaires, afin de promouvoir l’émergence féminine dans le domaine des médias au Togo.
Elle s’inscrit dans le cadre des activités au programme du projet liberté d’expression et des médias et protection des défenseurs des droits de l’homme.
Il s’agissait de réfléchir à comment encourager les partenaires (les associations, les autorités et les organisations professionnelles), à promouvoir les femmes à des postes de responsabilité car, elles ont de la compétence.
La conférence a démarré par la présentation d’un rapport de monitoring du genre dans les contenus médiatiques, et il en ressort que les sujets consacrés aux femmes dans les médias sont rares. Le rapport a été présenté par Hororé Blao (représentant de l’ONG FAMEDEV, partenaire de l’OTM) qui a souligné qu’il y a une grande disparité entre les sexes, dans les couvertures médiatiques au Togo. Et les femmes sont rares dans les domaines comme la politique, les sciences, les sports, la gouvernance …
« C’est peut-être lié aux journalistes chargés de traiter la question. Ils ne font pas attention aux angles qu’il faut, au fait que les femmes peuvent aussi bien que l’homme, avoir des réactions sur les mêmes sujets. On encourage donc les journalistes à s’intéresser aux compétences féminines dans divers domaines de la société », a dit M.Blao.
Et la presse fait partie de ces domaines où les femmes sont sous-représentées et peu responsabilisées. Pourtant, le directeur de l’Institut des sciences de l’information, de la communication et des arts (ISICA) souligne que le nombre de femmes à l’inscription dans cette école est largement supérieur à celui des hommes.
De 2020 à ce jour, au moins 60% des inscrits sont des femmes. Cette année, 75% des admis au concours d’entrée à ISICA sont des femmes. Par ailleurs, dans le domaine précis du journalisme, l’institut a enregistré cette année 22 femmes sur les 27 étudiants. Et sur la quarantaine d’étudiants ayant obtenu leur Licence, 26 sont des femmes, alors qu’il n’y a aucune sorte de discrimination en faveur des femmes, a expliqué Akue Adotevi Mawusse Kpakpo (Directeur de ISICA) lors de sa communication axée sur la politique du genre dans la formation des journalistes à ISICA.
Alors, persiste la question de la représentativité des femmes dans les médias. Si elles sont aussi nombreuses à s’inscrire et à finir le parcours en journalisme, pourquoi sont-elles si peu représentées dans les salles de rédaction, et encore peu à occuper des postes de responsabilité ? C’est la question qui a nourri le débat, suite à la communication de Patricia Adjisseku (Rédactrice en chef à Kanal Fm).
Elle a questionné les politiques et la culture de l’égalité des chances pour les femmes, dans les salles de rédaction au Togo.
Ses recherches ont révélé que, sur plus d’une dizaine de radios, on ne compte que 2 femmes à des postes décisionnels, il y a de quoi se poser la question. Les femmes sont de moins en moins visibles dans les salles de rédaction, sur le terrain, sur les questions politique et aussi de sciences et les sports. Et la question du harcèlement n’est pas à occulter…, a-t-elle dit.
« La valeur des femmes se mesure à leur physique et leur apparence, au lieu de se baser sur leurs compétences et leurs qualifications. Ces considérations constituent des stéréotypes collées à la femme », a déploré Mme Adjisseku.
Même si le Togo dispose d’une politique pour la promotion de l’égalité de genre, il n’y a pas un volet spécifique à la promotion du genre dans les médias, le métier de journalisme ayant longtemps été masculinisé. Et une telle politique pourrait favoriser l’émergence des femmes dans le secteur, a-t-elle expliqué, avant de proposer aux organisations de presse, d’accompagner l’émergence des organisations féminines.
« Suite au manque de confiance à l’égard des femmes, pourquoi ne pas octroyer des bourses aux femmes. Puisqu’on n’a pas confiance en elles, il faut leur donner l’opportunité d’aller se former davantage… », a-t-elle conseillé. Elle a souligné l’importance d’une solidarité féminine affichée, pour nourrir cette émergence féminine.
Plusieurs propositions et apports ont été faits par les panélistes et les participants notamment, renforcer l’idée de partenariats avec les organisations féminines et médiatiques à l’échelle nationale, pérenniser de pareils occasions de débats sur les questions liées à la femme dans les médias, propositions enregistrées par Estelle Koudjonou (Représentante de l’OTM).
C’est la deuxième conférence qu’organise l’OTM dans le cadre de la mise en œuvre du projet liberté d’expression et des médias et la protection des défenseurs des droits de l’homme. Et au nombre des activités inscrites à l’agenda de ce projet, figurent des enquêtes, des études thématiques liées à la représentativité des femmes dans les médias au Togo, a-t-elle expliqué.
Rappelons que l’OTM est l’instance d’autorégulation et le tribunal des pairs, créée en 1999 par les associations nationales des journalistes. L’Observatoire a pour objectif notamment de défendre la liberté de presse, de faire respecter le Code de déontologie des journalistes du Togo et de protéger le droit public à une information libre, complète, honnête et exacte.
Il sanctionne également les violations par les médias, des dispositions du code de déontologie des journalistes au Togo, œuvre pour la confraternité entre les journalistes et encourage les journalistes et les organes de presse qui font preuve de professionnalisme. L’OTM procède également au monitoring des journaux et des médias audiovisuels.
Ambroisine MEMEDE