Les transitions alimentaires constituent l’ensemble des transformations successives qui affectent les chaînes d’approvisionnement alimentaires, leur environnement et surtout les comportements et pratiques relatives à la consommation des aliments et à la gestion des déchets alimentaires dans le temps et dans l’espace.
Ces transitions ont entraîné sur le continent, de profondes et rapides mutations au niveau des systèmes alimentaires. Cette situation a favorisé la transition nutritionnelle, caractérisée par une augmentation des maladies chroniques telles que l’obésité, l’hypertension artérielle, le diabète et les maladies cardiovasculaires dans un environnement sanitaire caractérisé par une présence importante de la sous-alimentation.
Des questions de nutrition
Au plan national, des efforts sont en cours pour l’institutionnalisation de la nutrition. Une nouvelle politique nationale multisectorielle de la nutrition, ainsi qu’un plan stratégique national multisectoriel de la nutrition ont été élaborés. Une politique agricole est également élaborée. Mais le problème persiste malgré les actions menées. Des statistiques révèlent que 23,7% des enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance et 6,7%, de la malnutrition aiguë. Chez les adultes, la prévalence de l’anémie est de 48% chez les femmes de 15 à 45 ans. Le surpoids, l’obésité et les maladies chroniques associées, présentent des prévalences constamment croissantes.
« La faim est une réalité au Togo et environ 24,3% de personnes en souffrent au quotidien, avec plus de 40% de ménages pauvres. Par ailleurs, l’insécurité alimentaire est à un fort taux », a souligné Mathieu Tobossi (hygiéniste alimentaire), précisant qu’il est important d’agir pour la disponibilité et l’accessibilité des denrées.
« La formation est indispensable, quant à la bonne utilisation desdites denrées. Il faut veiller à ce que la disponibilité, l’accès, et l’utilisation jouissent d’une bonne stabilité. La gestion des prix est aussi importante pour ne affecter les budgets des populations », a-t-il ajouté.
De louables actions
Il a salué les actions de l’Organisation pour l’alimentation et le développement local (OADEL) en matière de résilience alimentaire.
« Cette structure forme les acteurs intervenant sur la chaîne alimentaire, du champ jusqu’à la table et il y a bien d’autres associations et ONG qui mènent des actions en faveur de la sécurité alimentaire. Nous avons par exemple le centre NFS Togo, spécialisé dans le domaine des thérapies nutritionnelles, Togossimè (exposition-vente de produits locaux transformés), etc. Ce sont des initiatives à encourager et à multiplier de façon à rendre accessibles sur toute l’étendue du territoire, ces transformations agro écologiques de qualité, qui garantissent la santé aux consommateurs », a indiqué M. Tobossi.
Pour Elom Assinou (spécialiste en transitions alimentaires au Centre d’excellence régionale sur les villes durables en Afrique/CERVIDA), il serait bien que les collectivités territoriales se saisissent des politiques élaborées au plan national et qu’elles les adaptent aux réalités socioculturelles et économiques, environnementales de leurs localités, afin que chaque acteur soit d’abord informé, éduqué, formé pour des systèmes alimentaires plus durables.
Pour la durabilité des systèmes alimentaires
« Il faut également comme piste de solution, cartographier ces systèmes alimentaires et faire en sorte que les problèmes réels qui sapent le développement des systèmes alimentaires soient mis en exergue. Par ailleurs les acteurs communaux doivent pouvoir travailler à leurs échelles respectives et aussi entre eux de façon coordonnée, de sorte à contribuer à la durabilité des systèmes alimentaires autant en milieux urbains qu’en milieux ruraux », explique M. Assinou.
Notons les transitions et systèmes alimentaires étaient au cœur d’une table ronde organisée par OADEL dans le cadre de la 3ème édition du Festival « La marmite » lancé mercredi au Palais des Congrès de Lomé, un rendez-vous culinaire, riche en conférences sur des thématiques d’actualité liées à l’amélioration et au renforcement des politiques publiques et la promotion d’environnements alimentaires beaucoup plus durables. FIN
Ambroisine MEMEDE