L’Organisation pour l’alimentation et le développement local (OADEL) a organisé ce jeudi au Palais des Congrès de Lomé, une table ronde sur les atouts et contraintes liés aux farines panifiables locales au Togo. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la 3ème édition du Festival La marmite (FESMA) lancée mercredi sur le même site.
Une farine panifiable locale est une farine remplissant les conditions qui permettent de l’utiliser par exemple dans la fabrication du pain. Un tel pain est appelé pain local. Au Togo, les farines panifiables locales utilisées dans la fabrication de pain sont connues pour leur richesse en éléments nutritifs, ce qui leur confère une qualité nutritionnelle dont la farine de blé est dépourvue.
Selon les experts qui sont intervenus sur la question, les farines panifiables locales utilisées dans la fabrication du pain local sont le manioc, le sorgho, le soja.
Aziato Kokou Martin, responsable de la technologie alimentaire/ITRA, a indiqué que ces farines sont assez riches en vitamines, en minéraux et d’autres éléments nutritifs indispensables à l’organisme.
« Ces farines contiennent des fibres et bien d’autres nutriments bénéfiques à l’organisme. Par exemple, la farine de Sorgho est très riche en protéines, en beta carotène et contient beaucoup de fer, ce qui combat l’anémie. Donc un enfant qui prend ce pain, peut tenir lorsqu’il est sujet d’anémie. Et le soja regorge de beaucoup de nutriments bénéfiques pour l’organisme », a-t-il ajouté.
« Du point de vue digestibilité, le pain fabriqué à base d’ingrédients locaux est plus digeste que celui entièrement fabriqué à base de farine de blé, à cause de sa composition en gluten, une protéine de blé que la majeure partie des gens ne tolèrent pas. Mais le pain local peut être facilement digéré, donc mieux toléré « , a-t-il ajouté.
Il a salué des partenaires et ONG comme OADEL, dont les travaux ont révélé les taux d’acceptabilité et d’incorporation de ces farines locales à la farine de blé pour obtenir des pains locaux de qualité.
La fabrication de pain à base des farines panifiables locales est une réalité au Togo. Cependant, les pains et autres produits issus de ces farines peinent à conquérir le marché local, en raison entre autres des habitudes.
M. Aziato a souligné que, non seulement le pain entièrement à base de farine de blé est ancré dans les habitudes alimentaires, mais les farines locales panifiables coûtent plus chères, comparées à la farine de blé qui jouit d’une forte subvention au plan local.
« Maintenant il faut orienter les choses vers l’entreprenariat, mécaniser l’agriculture pour pouvoir produire en quantité et à bas prix, ce qui pourra également aider les transformateurs primaires de ces matières premières ou les transformateurs secondaires qui vont acheter ces matières premières à un prix abordable, produire des farines à un coût abordable et concurrentiel », a-t-il conseillé.
Pour Bassolawoè Koka (directeur de la promotion de l’investissement), face à ce défi, l’Etat est à pied d’œuvre pour mettre en œuvre des stratégies visant à soutenir les producteurs et transformateurs, et ainsi agir sur le coût des matières premières à divers niveaux et donc sur le pouvoir d’achat du consommateur.
« Lorsque nous consommons les produits des autres pays, nous développons leur économie en défaveur de la nôtre », a-t-il relevé.
Rappelons que cette table ronde a pris fin par une dégustation de pains et autres produits à base de farines locales panifiables. Elle a été suivie d’une conférence sur les enjeux de l’alimentation scolaire et de la pérennisation des cantines scolaires. FIN
Ambroisine MEMEDE