Les progrès dans la mise en place de la couverture sanitaire universelle (CSU) en Afrique subsaharienne (ASS) ont été lents et difficiles. Malgré l’intégration de la CSU dans les stratégies nationales de santé, seuls 43 % de la population de l’ASS avaient accès aux services de santé essentiels en 2019 et 2021.
Cette proportion a constamment augmenté, mais lentement, depuis 2000, où elle était de 22 %. En outre, la proportion de la population d’ASS confrontée à des dépenses de santé catastrophiques a pratiquement stagné au cours de ces années et s’élevait à 8,8 % en 2019, ce qui indique la nécessité d’actions urgentes.
Les partenariats avec le secteur privé constituent une voie prometteuse pour accélérer la mise en place de la CSU
Dans les pays à revenus élevés, ces partenariats ont permis de relever avec succès les défis liés aux soins de santé, notamment le manque d’infrastructures, de services et d’équipements. Les modèles les plus courants sont le partenariat public-privé (PPP) et la contractualisation.
Le PPP est une forme structurée de collaboration par le biais d’un contrat à moyen ou long terme entre des parties privées et publiques, qui implique le partage de risques, de coûts, de bénéfices, de ressources et de responsabilités dans la planification, la construction et/ou l’exploitation d’infrastructures ou la prestation de services. La contractualisation implique que le secteur public achète des services à des opérateurs privés locaux.
Dans les PPP, les actifs générés par le partenaire privé sont transférés au partenaire public, contrairement aux modèles de contractualisation, où les actifs restent privés.
En ASS, il est essentiel de tirer parti de l’expertise et des ressources du secteur privé
Le secteur privé y joue déjà un rôle important dans la prestation des services de santé : le secteur privé à but lucratif et les prestataires privés informels fournissent respectivement 35 % et 17 % des services ambulatoires en ASS. La collaboration avec le secteur privé peut donc contribuer à combler les lacunes des gouvernements en termes de financement, d’infrastructures, d’équipements et de ressources humaines.
Plusieurs pays d’ASS ont initié des collaborations avec le secteur privé dans le domaine de la santé en adoptant diverses approches. Certains pays utilisent ces modèles depuis près de vingt ans. En Éthiopie, par exemple, le secteur privé fournit des services de laboratoire à 200 hôpitaux du pays depuis 2004 grâce à un modèle de contractualisation. À l’inverse, des pays comme le Togo n’ont commencé à mettre en œuvre leurs modèles que récemment, tandis que d’autres, comme le Cabo Verde, en sont encore au stade du développement de leur partenariat en santé.
Bien que la collaboration avec le secteur privé soit prometteuse, elle présente des défis uniques dans les pays à faibles ressources
Les exemples de collaboration réussie entre le secteur public et le secteur privé sont moins nombreux dans les pays à faibles ressources que dans les autres pays. L’établissement de contrats avec le secteur privé est un processus complexe qui nécessite de fortes capacités et une prise en compte minutieuse de plusieurs facteurs.
Afin de contribuer à la CSU en ASS et au-delà, la Banque mondiale et la Société financière internationale ont identifié les leçons qui peuvent éclairer le développement et la mise en œuvre de projets réussis de PPP et de contractualisation dans le domaine de la santé pour l’imagerie et les laboratoires de diagnostic.
L’étude a porté sur 15 projets de PPP et cinq projets de contractualisation dans divers pays. Les résultats suggèrent qu’il est primordial de s’abstenir de reproduire aveuglément les contrats d’autres pays mais qu’il faut plutôt entreprendre des évaluations diligentes des besoins, des risques, des avantages et des ressources au niveau local.
Tirer parti de l’expertise et des ressources du secteur privé en ASS est crucial pour accélérer la réalisation de la CSU
Les collaborations avec le secteur privé peuvent aider à relever les défis auxquels sont confrontés les gouvernements pour fournir des services de santé essentiels à leurs populations. Même si la mise en œuvre de ces partenariats présente des difficultés, un examen attentif et des évaluations diligentes peuvent conduire à des résultats positifs.
Il est essentiel que toutes les parties prenantes impliquées dans la prestation des soins de santé tirent les leçons des expériences et des idées identifiées dans le rapport. En travaillant ensemble, nous pouvons faire des progrès significatifs vers la réalisation de la CSU en ASS et au-delà.
Source: Banque mondiale