Le vote du nouveau code électoral n’est pas sans déchainer beaucoup de passions chez nos compatriotes et des interprétations de toutes sortes. Il me parait opportun de faire quelques précisions en ce qui concerne notre formation politique, Moele Bénin.
« Ce n’est pas la critique qui compte, ni celui qui montre du doigt l’homme qui a trébuché ou qui explique comment on aurait pu mieux faire. Tout le mérite revient à celui qui descend vraiment dans l’arène, dont le visage est couvert de sueur, de poussière et de sang, qui lutte vaillamment, qui se trompe, qui échoue encore et encore – car il n’y a pas d’effort sans échec – mais qui fait son maximum pour progresser, qui connaît de grands enthousiasmes, qui se consacre à une noble cause, qui au mieux connaîtra in fine le triomphe de l’accomplissement et qui, au pire, s’il échoue, aura osé avec audace, et saura que sa place n’a jamais été parmi les âmes froides et timorées qui ne connaissent ni la victoire ni l’échec » – Théodore Roosevelt.
Cela étant, est-ce que le Code électoral entré récemment en vigueur au Bénin est en soi un challenge pour les partis politiques ? Incontestablement, oui, en raison des dures conditions fixées pour compétir désormais aux élections dont il est le code de procédures.
Mais affirmer qu’il est restrictif comme l’a allégué récemment professeur Albert Honlonkou dans une tribune parue dans La Nation du 25 mars 2024, c’est vider ce challenge de toute sa substance, car la compétition que cela implique en soi est d’autant passionnante que la barre est haute. C’est connu de tous qu’à « vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
Moele Bénin ne s’inscrit pas, pour sa part, dans une posture de faiblesse, car nous avons, chevillé à notre ADN, un leitmotiv dont nous ne nous écartons jamais : dans une marche politique, tout comme dans une vie, il faut avancer malgré les obstacles et les chutes et travailler à impacter positivement afin de laisser au présent comme à l’avenir des traces.
Méthode
Comme le dit Kierkegaard, « Ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin ». Partant de ce point de vue, notre parti a fait le choix de rester dans une dynamique de construction méthodique dans la durée.
Et aucune difficulté, si l’on inscrit certaines dispositions du nouveau code dans cette veine, ne viendrait nous distraire de cette marche résolue : bâtir du vrai, du solide et du durable pour avoir l’assurance d’un parti grand de par ses actes et sa conscience des responsabilités qui lui incombent face aux attentes de notre peuple. C’est ce à quoi nous nous employons depuis 2018, avec foi, conscience et détermination.
Fort de cela, nous ne pourrions rester sans réagir, suite aux affirmations du Prof Albert Honlonkou, soutenant dans sa tribune que « Les gagnants potentiels du nouveau code électoral sont dans l’ordre les partis Upr, Br et Ld » … Au motif que ces partis sont aujourd’hui représentés au Parlement. A l’en croire, Moele Bénin serait un parti « perdant », un « petit parti », comme l’indique l’universitaire ?
L’analyse sous cet aspect est largement discutable, d’autant que le signataire de la tribune relevée plus haut se contredit en indiquant expressément des « circonscriptions critiques » pour ces partis (Upr, Br, Ld) prétendument grands.
Et en soutenant lui-même par ailleurs qu’ils doivent y batailler dur pour obtenir les 20 % exigés désormais pour emporter des sièges de député. Du reste, qu’on sache, la charte des partis politiques ne fait aucune typologie de partis (grands, moyens, petits, etc …). C’est dire que les compteurs sont remis à zéro pour tous les partis. Et plus qu’on ne le souligne dans les analyses tous azimuts depuis le vote dudit code, les obstacles, s’il y en a, le seraient pour tous si les élections sont libres et transparentes, entérinant une équité dans la difficulté ou si l’on veut dans l’effort à accomplir pour décrocher les suffrages des Béninois. Et pour reprendre les termes d’Albert Honlonkou, « ce code électoral rend importantes toutes les circonscriptions électorales » et pour tous les partis. Ceci, suivant le principe démocratique mis en relief par sa tribune parue dans La Nation du 25 mars 2024 : la démocratie, selon Lincoln, est le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple.
Ce qui implique que le seul jury d’un rendez-vous électoral est le peuple, à qui Moele Bénin entend bien sûr se soumettre comme tous les partis sans a priori, fussent-ils positifs ou négatifs, au-delà de toutes amphétamines discursives.
Conquérir le pouvoir
Si conquérir le pouvoir revient à penser que Moele Bénin doit « se résoudre à fusionner avec l’un des trois grands » décrétés comme tels par Prof Honlonkou, c’est demeurer dans une ignorance crasse des réalités de Moele Bénin.
Au regard de notre structuration, aucune conjecture ne nous amènera à opérer une sortie de piste pour aller grossir quelque autre groupe politique que ce soit. La grandeur d’un parti, c’est d’abord la qualité de ses membres, la qualité de son fonctionnement et la cohérence de sa marche.
Notre modeste histoire depuis notre création, nous rend d’autant fiers que notre parti dispose de ressorts et d’énergies propres, capables, de maintenir la barque dans la direction unanimement choisie en dépit des tempêtes et des soubresauts du temps. C’est la preuve que les fondations sont solides et méritent d’être sans cesse consolidées.
Cela étant, nous ne sommes pas sans mesurer les exigences que requiert le nouveau code, encore moins les enjeux électoraux qui se profilent à l’horizon de 2026. Toutes choses étant égales par ailleurs, car ce ne sera pas la première fois que Moele Bénin sollicite le suffrage de nos compatriotes, convaincus que nous sommes que la victoire appartient à ceux qui restent fidèles à leur conviction. Ceci dit, quelles que soient les complications que recèle le nouveau code, notre leitmotiv reste de nous remobiliser pour faire grandir Moele Bénin dans une et une seule perspective : la conquête du pouvoir.
Jacques O.H.S. AYADJI, président de Moele Bénin (Source : La Nation/Quotidien national)