« On peut lutter contre la mortalité entraînée par les cancers de l’enfant », a déclaré Dr Issimouha Dillé, soulignant que la prévention est quasiment impossible, mais le diagnostic précoce est une solution.
« Les cancers de l’enfant ne sont pas fréquents, mais ont malheureusement une mortalité très élevée. Contrairement aux cancers des adultes dont les causes sont liées à l’alcoolisme, au tabagisme, à l’alimentation, ceux de l’enfant n’ont pratiquement pas de causes connues, mais 80% peuvent être soignées et guéries si elles sont vite diagnostiquées », a-t-elle expliqué.
Chargée de la lutte contre le cancer au Bureau régional de l’OMS Afrique à Brazzaville, Dr Dille fait partie des panélistes au 5ème webinaire du Remapsen, rencontre qui a permis d’aborder le cancer pédiatrique sous divers angles.
Au total, 6 cancers ont été identifiés par l’OMS chez l’enfant. Ce sont les plus fréquents et ils représentent 50% de tous les cancers de l’enfant dans la région : les cancers de reins, d’œil, du sang, les cancers de la moelle osseuse, des ganglions, identifiés grâce l’initiative mondiale de l’OMS visant à mobiliser pays africains autour de la lutte contre les cancers chez les enfants en Afrique.
« La bonne nouvelle est que 8 cancers sur 10 peuvent être guéris chez l’enfant. Dans les pays développés, c’est 80% de guérison : 4/5 enfants guérissent du cancer de l’enfant, alors que dans nos régions, c’est 1/5 enfants. On ne peut pas prévenir le cancer de l’enfant, mais on peut prévenir les décès liés à ces cancers ».
Mais le problème selon elle, c’est qu’il n’y a presque pas de données fiables liées aux cancers de l’enfant car les registres ne sont pas renseignés. D’un autre côté, il faut créer des conditions d’une prise en charge holistique.
Pour elle, les journalistes peuvent aider à remédier à cela, car leur voix porte.
« C’est vous qui allez parler aux familles et leur dire les signes qu’on vous a rapportés des cancers de l’enfant, leur expliquer qu’il faut les détecter tôt car cela permet de les traiter et on peut les guérir ; leur dire : si vous constatez une tâche blanche dans l’œil de votre enfant, amenez-le au soin, il sera opéré et cela va éviter qu’il perde l’œil, ou qu’il meurt d’atroces souffrances », a expliqué Dr Dille aux journalistes lors du webinaire.
« Quand on va dans un centre de santé, le constat est qu’il n’y a pas d’agent de santé qualifié, pas de moyen de traitement ou peu. Il faut l’accès au traitement et, un seul médecin ne traite pas les cancers de l’enfant. Il faut une équipe qualifiée et multi-disciplines », a-t-elle rappelé.
La gestion des complications de la maladie fait également partie des points relevés par Dr Dille qui nécessitent communication, sensibilisation.
« Les effets secondaires peuvent décourager le patient (vomissement, longue diarrhée, etc). Donc il faut des agents de santé équipés de plusieurs disciplines, agents de santé qualifiés, les moyens (humains et médicaux) de prise en charge et il faut éviter l’abandon du traitement », a-t-elle expliqué soulignant que l’abandon de traitement est non seulement une perte en temps, mais aussi en énergie, en ressources et malheureusement en vie.
Notons que les cancers de l’enfant représentent 1% de tous les cancers. Ils sont donc vraiment rares mais causent une mortalité très élevée faute de diagnostic précoce. FIN
Ambroisine MEMEDE