« Trop c’est trop. Nous sommes déterminés à engager la lutte. Nous allons leur livrer la bataille », a martelé Jean Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC, opposition) lors d’une conférence de presse organisée mercredi après-midi par un groupe de partis politiques de l’opposition et d’organisations de la société civile.
« C’est un combat qui va durer des mois. Il faudrait que la population se mobilise pour mettre fin à cette forfaiture », a appuyé Prof David Dosseh, porte-parole du Front Citoyen Togo Debout (FCTD, un regroupement d’organisations de la société civile).
Des partis politiques de l’opposition et organisations de la société civile n’entendent pas baisser les bras, au lendemain de la révision constitutionnelle.
Les députés togolais ont adopté lundi soir, une révision constitutionnelle qui fait basculer le Togo dans un régime parlementaire, donnant plein pouvoir au Parlement d’élire désormais le président de la République. Sur les 91 députés, 89 ont approuvé ce texte. Un seul l’a rejeté et une abstention enregistrée.
Selon la nouvelle constitution, « le président de la République est élu sans débat par le Parlement réuni en congrès pour un mandat unique de 6 ans ».
La nouvelle constitution prévoit aussi un poste de « président du conseil des ministres ». Ce dernier est « le chef du parti ou le chef de file de la coalition de partis majoritaire à l’issue des élections législatives. Le président du conseil des ministres est désigné pour un mandat de 6 ans.
Le groupe de partis politiques et d’organisations de la société civile présents (FDR, ADDI, ANC, FCTD) à la conférence de presse cet après-midi au siège de l’ANC, dénoncent dans une déclaration commune, une « flagrante violation de la constitution togolaise ». La rencontre était prévue au centre communautaire de Bè, mais ils ont été empêchés.
« Des actions seront menées en concertation avec les autres formations politiques et associations sincèrement engagées dans le même combat en vue de la jonction des efforts pour faire cesser cette trahison », soulignent-ils.
Déjà dans la matinée de ce mercredi, les forces de l’ordre ont interrompu au siège de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI), la conférence de presse d’un autre regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile, qui se prononçaient sur le même sujet (révision constitutionnelle).
‘C’est inacceptable’
« C’est inacceptable, le régime togolais se permet absolument tout, après avoir changé la Constitution en catimini, sans que les Togolais ne sachent quel est le contenu du texte. Il est temps que l’on mette un terme à cette humiliation du peuple », a réagi Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais, l’un des partis politiques présents à cette conférence de presse.
Dans la nouvelle constitution, les députés quant à eux sont élus au suffrage universel, direct et secret pour un mandat de 6 ans renouvelable. Le mandat des sénateurs est également de 6 ans renouvelable.
La proposition de révision est une initiative d’un groupe de députés dont des députés de l’opposition.
« Autant de motivations pour la présente démarche de révision constitutionnelle, dont les trois piliers, à l’instar du socle tripode des fourneaux séculaires de nos contrées, sont : le renforcement de la démocratie et la séparation des pouvoirs, l’amélioration de la stabilité gouvernementale et l’adaptation aux évolutions sociologiques du pays », ont précisé les initiateurs de cette révision constitutionnelle dans leur exposé des motifs.
« Notre proposition de loi de la révision constitutionnelle constitue une précieuse opportunité de discuter de la forme la plus appropriée de gouvernement pour notre pays, à ce stade de son développement. Elle vise à poser les bases d’une gouvernance qui garantisse une représentation fidèle de la volonté du peuple togolais, tout en assurant la stabilité et l’efficacité nécessaires à notre progrès économique et social », ont-ils souligné.
« Ce que le régime parlementaire a d’intéressant, c’est qu’il participe au dynamisme au niveau du fonctionnement des institutions de la République. Donc, il y a eu un rééquilibrage des pouvoirs du chef de l’Etat et des pouvoirs du président du conseil des ministres. Dorénavant, vous gagnez le Parlement, vous dirigez le pays. C’est aussi simple que ça », a expliqué Innocent Kagbara, député et président du Parti démocratique panafricain (PDP, opposition). FIN
Junior AUREL