Les Evêques du Togo ont exhorté le chef de l’Etat Faure Gnassingbé « à surseoir la promulgation de la nouvelle constitution et à engager un dialogue politique inclusif, après les résultats des prochaines élections législatives et régionales ».
Les députés togolais ont adopté lundi soir, une révision constitutionnelle qui fait basculer le Togo dans un régime parlementaire, donnant plein pouvoir au Parlement d’élire désormais le président de la République.
Sur les 91 députés, 89 ont approuvé ce texte. Un seul l’a rejeté et une abstention enregistrée.
Selon la nouvelle constitution, « le président de la République est élu sans débat par le Parlement réuni en congrès pour un mandat unique de 6 ans ».
La nouvelle constitution prévoit aussi un poste de « président du conseil des ministres ». Ce dernier est « le chef du parti ou le chef de file de la coalition de partis majoritaire à l’issue des élections législatives. Le président du conseil des ministres est désigné pour un mandat de 6 ans.
« Interpellés par le projet de modification de la Constitution de la quatrième République de notre pays par l’Assemblée Nationale, nous, membres de la Conférence des Evêques du Togo (CET), réunis en visioconférence en ce jeudi 21 mars 2024, nous sommes penchés longuement sur le sujet et ses conséquences sur la vie sociopolitique de notre pays », soulignent les Evêques dans une déclaration rendue publique.
« Au terme de nos échanges, nous avons jugé opportun de demander une urgente audience auprès de son Excellence Monsieur le Président de la République pour lui faire part de nos questionnements et réserves. Ceux-ci portent essentiellement sur trois points, à savoir : ⮚ L’opportunité ou non de faire cette modification. Il nous semble important d’expliquer au peuple, et pas seulement à ses Représentants à l’Assemblée Nationale, les raisons d’une telle modification. Qu’apportera-t-elle de mieux à notre marche commune et à notre vie sociopolitique ? ⮚ L’opportunité ou non du moment choisi. L’actuelle Assemblée Nationale est en fin de mandat depuis un moment. Théoriquement, elle ne devrait gérer que les affaires urgentes et courantes, en attendant les résultats des élections qui auront lieu le 20 avril prochain et la prise de fonction des nouveaux élus. Est-il opportun qu’une modification constitutionnelle soit organisée en cette période où les Députés eux-mêmes sont préoccupés par la campagne électorale qui commence très bientôt ? Ne serait-il pas plus sage de la reporter à une date ultérieure, pour des travaux plus sereins ? ⮚ La procédure adoptée : un sujet aussi important qui va profondément changer la vie politique de notre pays ne devrait-il pas être précédé d’une large consultation et d’un débat national plus inclusif ? « , s’interrogent-ils.
« Alors que nous attendions impatiemment la réponse à notre demande d’audience adressée au Président de la République, nous venons d’apprendre ce matin, avec grand étonnement, que l’Assemblée Nationale a adopté la modification de la Constitution pour faire passer le Togo d’un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire ce 25 mars 2024 », précisent les Evêques.
La proposition de révision est une initiative d’un groupe de députés dont des députés de l’opposition.
« Autant de motivations pour la présente démarche de révision constitutionnelle, dont les trois piliers, à l’instar du socle tripode des fourneaux séculaires de nos contrées, sont : le renforcement de la démocratie et la séparation des pouvoirs, l’amélioration de la stabilité gouvernementale et l’adaptation aux évolutions sociologiques du pays », précisent les initiateurs de cette révision constitutionnelle dans leur exposé des motifs.
« Notre proposition de loi de la révision constitutionnelle constitue une précieuse opportunité de discuter de la forme la plus appropriée de gouvernement pour notre pays, à ce stade de son développement. Elle vise à poser les bases d’une gouvernance qui garantisse une représentation fidèle de la volonté du peuple togolais, tout en assurant la stabilité et l’efficacité nécessaires à notre progrès économique et social », soulignent-ils.
La nouvelle constitution comporte 100 articles contre 159 dans l’actuel texte. FIN
Junior AUREL