Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, relève à l’issue de la sentence de la Cour constitutionnelle, ce jeudi 14 mars à Cotonou, que la Cour qui était l’arbitre du jeu entre les parties vient de sonner la fin de la partie et que chaque camp devrait passer à autre chose, et travailler à son enracinement sur le champ politique.
Patrice Talon obtient le feu vert de la Cour constitutionnelle pour la promulgation de la loi N° 2024-13 modifiant et complétant la loi 2019-43 portant code électoral en République du Bénin.
Le chef de l’Etat avait saisi la Haute juridiction pour un contrôle de constitutionnalité, alors que les députés du parti Les Démocrates ont formulé des recours visant à déclarer la loi contraire à la Constitution.
Mais la Cour a tranché en faveur du camp présidentiel, dont la majorité au parlement est à l’initiative de la loi. Une victoire pour Patrice Talon et les siens, mais à en croire Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, il s’agit plutôt d’une victoire du Bénin.
« Le président de la République avait la faculté de promulguer cette loi sans demander un contrôle de constitutionnalité a priori. Pourtant, parce qu’il s’agit d’une loi importante, étant une loi électorale, le chef de l’Etat a pris sur lui de ne pas promulguer directement et d’aller devant la Cour constitutionnelle », explique le porte-parole du gouvernement.
Pour Wilfried Léandre Houngbédji, la procédure devant la Cour s’est déroulée de façon publique et contradictoire. Les députés de l’Opposition qui ont saisi la Haute juridiction ont recouru au service de trois avocats.
« Il y en avait au moins trois, et sur les trois, j’ai entendu deux dire que le rapport proposé par le conseiller rapporteur à la Cour était un rapport pertinent même s’ils souhaitaient qu’il soit amélioré dans un sens donné. Ce qui veut dire que dans leur propre rang, leurs propres conseils ont considéré qu’en droit, le rapport était bien assis », a indiqué Wilfried Léandre Houngbédji.
Il en déduit que les acteurs concernés par la décision de la Cour devraient faire fi des querelles politiciennes qui ne sont que ce qu’elles sont.
« En droit, quand on a perdu, on s’incline quand on est démocrate. Tout démocrate doit considérer que la Cour constitutionnelle qui est l’arbitre du jeu entre les parties, vient de sonner la fin de la partie, et il faut prendre acte et passer à autre chose », soutient le porte-parole du gouvernement.
Un challenge
Il explique que les dispositions de la loi querellée sont porteuses d’espoir pour l’assainissement de la classe politique mais surtout pour le développement du pays. A l’en croire, le Bénin est à la croisée des chemins, et devrait légitimement nourrir de grandes ambitions, d’où les nouvelles dispositions du code électoral qui, selon lui, est inclusif parce que le même pour tous.
« Ce que la loi votée nous demande tous de faire, est d’aller travailler sur le terrain, de se renforcer, parce que les conditions que fixe désormais le code électoral pour enlever des sièges aux compétitions électorales législatives notamment sont les mêmes pour tous les partis à la date d’aujourd’hui. Les partis qui soutiennent le pouvoir, les partis d’opposition, les partis qui ne sont pas à l’Assemblée nationale, tous sont confrontés aux mêmes conditions », souligne Wilfried Léandre Houngbédji.
La vision pour les partis politiques, indique-t-il, est qu’ils deviennent plus forts, « des partis solides qui traversent le temps, comme on le voit ailleurs, en Europe, en Amérique et même sur notre continent, pas trop loin de nous, au Ghana, au Nigeria tout près ».
Pour le porte-parole du gouvernement, le Bénin est en train d’asseoir les bases de son développement durable, et il s’agit de faire en sorte que la scène politique devienne plus responsable, plus organisée, que les partis politiques soient viables, plutôt que des clubs électoraux comme ce fut le cas par le passé.
« Des gens peuvent dire, est-ce le moment, est-ce que ce n’est pas trop ambitieux ? Mais il faut viser haut pour grandir, et c’est ce que nous faisons. Nous sommes convaincus que tous, y compris ceux qui aujourd’hui ne sont pas contents, demain, ils diront que c’était une vision formidable, parce qu’elle structure autrement la scène partisane, la vie politique de notre pays », a indiqué Wilfried Léandre
Houngbédji.
Pour lui, les réformes contestées hier, ont permis au parti Les Démocrates d’être aujourd’hui un groupe d’opposition fort à l’Assemblée nationale avec 28 députés. « Peut-être que dans les conditions antérieures, l’opposition aurait 28 députés mais éclatés entre trois, quatre, cinq partis politiques. Pourtant de la même façon qu’aujourd’hui, ils avaient contesté les lois qui permettent d’avoir autant de femmes à l’Assemblée nationale aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas hier, et donc nous sommes convaincus que demain aussi, ils salueront la pertinence de ce code, et ils tireront chapeau à ceux qui en ont été les inspirateurs, les initiateurs, et qui ont eu le courage et le patriotisme de le voter, parce que c’est du bien du Bénin qu’il s’agit », a conclu Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement.
SOURCE : La Nation (Quotidien national)