« Un enfant meurt presque chaque minute du paludisme, ce qui est totalement inacceptable », a exposé James Wallen (Responsable équipe palu de Speak up Africa), lors d’un webinaire sur l’engagement de l’ONG international Speak Up Africa pour l’éradication du paludisme en Afrique.
Groupe d’action politique et de plaidoyer, Speak Up Africa travaille sur plusieurs thématiques de santé publique dont le paludisme qui, selon M. Wallen reste un des plus grands défis de santé publique.
Face aux membres du REMAPSEN, il a exposé les derniers chiffres liés aux ravages occasionnés par le paludisme et souligné que les enfants en sont une cible vulnérable.
« En 2022, on a vu le nombre de cas très élevé de 2.049 millions (dont 94% en Afrique) et de 608.000 décès (dont 580.000 décès en Afrique soit 95%) et ce sont les enfants de moins de 5ans qui sont les plus touchés, ils représentent 80% des décès en Afrique », a expliqué M. Wallen lors de cette rencontre virtuelle organisée par le REMAPSEN sur cette initiative de cette ONG.
L’initiative Zéro Palu
Intitulé « Zéro palu, les entreprises s’engagent« , l’initiative tire sa source de la campagne « Zéro paludisme je m’engage », lancée et menée avec succès (de 2014 à 2018) au Sénégal. Elle est axée sur trois piliers : l’engagement politique, l’engagement du secteur privé, et celui de la communauté.
Et selon M. Wallen, dans le domaine de la lutte contre le paludisme, l’engagement du secteur privé n’a pas été exploré à fond. En effet explique-t-il, de plus en plus d’entreprises du secteur privé développement des stratégies de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et veulent faire partie de la solution des stratégies sur le continent.
Le responsable équipe palu de Speak Up Africa signale en outre, qu’il reste au plan mondial, un écart annuel d’à peu près 3 milliards de dollars, pour la mise en œuvre des stratégies de lutte contre le paludisme, existantes. Et les besoins augmentent en raison de divers défis dont le changement climatique, la résistance aux insecticides et médicaments, les espèces envahissantes de moustiques… : « Il est donc impératif de trouver de nouvelles sources de financement, et de créer des mécanismes de financement innovants et durables pour la lutte contre le paludisme », a indiqué le spécialiste.
Notons que la RSE représente la contribution des entreprises aux enjeux de développement durable. Ces entreprises intègrent de façon volontaire, des préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties. Explorer ce volet se présente ainsi comme un atout de taille.
En 2020, Speak Up Africa a donc décidé de renforcer l’engagement du secteur privé (2ème pilier de sa campagne Zéro Palu), à travers la mise en place de cette initiative avec Ecobank sous la dénomination « Zéro palu! les entreprises s’engagent » avec l’idée de co-construire une stratégie d’engagement du secteur privé pour la mobilisation de ressources.
Ecobank : une entreprise panafricaine, importante capacité de mobilisation
Alors que Speak Up Africa a de l’expertise en communication et plaidoyer dans le domaine de la santé publique, Ecobank est un acteur du secteur privé avec une présence massive sur le continent avec un grand portefeuille de clients, partenaires et une capacité de mobilisation très importante.
Et selon Elisa Desbordes (Directrice des opérations/Fondation Ecobank), la fondation inscrit ses activités et priorités dans le cadre de l’agenda 2063 de l’Union africaine et dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations-unies.
« En 2020, on a décidé de lancer l’initiative Zéro Palu, les entreprises s’engagent avec comme volonté, de pouvoir mobiliser l’ensemble de notre réseau, de nos clients entreprises, de pouvoir mobiliser autour de cet objectif, de mobiliser des contributions supplémentaires pour appuyer le programme national de lutte contre le paludisme », a expliqué Mme Desbordes.
Notons que la stratégie repose sur la mobilisation des entreprises, l’organisation des champions et la mise en œuvre du fonds Zéro Palu au niveau de chaque pays d’intervention, avec une contribution initiale de 120.000 dollars.
L’important selon Mme Desbordes est de trouver des partenaires pour les accompagner sur les mêmes valeurs, sur les mêmes objectifs et faire en sorte qu’ensemble, ils puissent avoir une approche transformatrice et durable.
« Le paludisme est une maladie parfaitement évitable, parfaitement traitable et elle nous touche tous. Cette maladie peut avoir un impact sur le bien-être de nos employés, leur famille, mais aussi après, sur la productivité de l’entreprise et après derrière, sur l’économie même des pays de ces entreprises », a-t-elle précisé.
Depuis son lancement, l’initiative a permis de récolter 6 millions de dollars en contribution financières et en nature. À ce jour, une soixantaine d’entreprises du secteur privé africain se sont engagées et de nombreux chefs d’entreprises considérés comme des champions dans cette lutte.
Rappelons qu’en février dernier, les champions et entreprises du secteur privé ayant contribué à la lutte contre le paludisme à travers l’initiative ont été primés à Lomé. FIN
Ambroisine MEMEDE