Elections générales de 2026 : Talon autorise l’audit de la liste électorale par l’opposition

Patrice Talon et Boni Yayi en tête-à-tête

Une délégation du parti politique « Les Démocrates » a été reçue en audience au palais de la Marina, le lundi 27 novembre, par Patrice Talon, président de la République. Au terme des échanges, certaines décisions ont été prises afin de créer un cadre rassurant pour l’organisation des élections générales de 2026.

« Je suis favorable pour que les acteurs politiques fassent l’audit du registre d’état civil et du processus d’extraction de la liste électorale ».

Ces propos de Patrice Talon, président de la République, lors des discussions avec une délégation du parti politique « Les Démocrates » témoignent de l’ouverture qui a prévalu au cours de l’audience qu’il a accordée à la délégation du parti.

Cette décision fait suite aux inquiétudes de Boni Yayi et sa crainte au sujet de la liste électorale contre laquelle, le parti aurait quelques griefs.

Le chef de l’Etat donne ainsi carte blanche au principal parti de l’opposition pour qu’il inspecte aussi bien l’état civil que la liste électorale. Mieux : « si vous n’avez pas les moyens pour le réaliser, je vous promets l’accord du Conseil des ministres pour mettre à votre disposition le financement nécessaire. Seulement qu’il ne faudrait pas que ce soit fantaisiste », poursuit le chef de l’Etat.

Patrice Talon et Boni Yayi

Mais cet exercice ne sera pas conduit uniquement par «Les Démocrates». Les autres formations politiques pourront s’y associer pour qu’un mouvement d’ensemble se fasse avec l’adhésion de tous ceux qui s’y intéressent afin de rassurer toutes les parties prenantes. «Vous pouvez compter sur mon engagement pour que les élections n’écartent personne qui veuille y aller », martèle le président de la République.

Dans la même logique, il est convenu par le chef de l’Etat et ses invités que tous les partis politiques soient associés au processus de sélection du personnel électoral. Patrice Talon se porte garant du respect de cette mesure afin que les élections générales, les premières de ce genre, se déroulent dans de bonnes conditions. Dans tous les cas, le président de la République confirme : « dès demain (ce jour donc), l’Anip sera instruite pour se mettre au service des acteurs politiques afin que l’audit se déroule dans les meilleures conditions ».

Il donne également la certitude que tout ce qui serait constaté et qui constituerait une insuffisance sera corrigé.

Pour des élections inclusives

A travers ces actes, le gouvernement démontre sa volonté d’organiser des scrutins inclusifs. Du moins, soutient le chef de l’Etat, tous ceux qui exprimeront la volonté d’y participer ne trouveront aucun blocage devant eux.

« Ce n’est pas parce qu’on n’est pas à la Cour constitutionnelle qu’il y a exclusion », clarifie le chef de l’Etat.

Il s’oppose ainsi formellement à une idée de Eric Houndété, vice-président du parti « Les Démocrates » de faire entrer, par un mécanisme, à la haute juridiction, une personnalité désignée par l’opposition.

Pour Patrice Talon, il n’est pas question de satisfaire au besoin d’inclusion de l’opposition en violant les lois en vigueur. Selon lui, le Bénin a déjà dépassé certaines choses et est très respecté à l’extérieur par rapport à sa gestion des élections notamment au regard de l’arsenal institutionnel qui est en place depuis des dizaines d’années.

« Il ne faut pas que nos intérêts politiques nous amènent à fragiliser l’image de notre pays ; ce n’est pas parce que Les Démocrates estiment que les autres sont une opposition molle qu’il faut modifier les textes. Il ne faut pas remettre en cause ce qui fait la fierté de notre pays », insiste le chef de l’Etat.

Patrice Talon (au milieu), lors des échanges

A la délégation de l’opposition qui n’a pas manqué d’idées pour faire entrer ses représentants à la Cour constitutionnelle et à la Commission électorale nationale autonome, le premier magistrat a indiqué la voie de l’ordre constitutionnel en les appelant à la patience pour que chaque institution finisse son mandat.

« Au moment du renouvellement de la Cena, celui qui sera chef de file de l’opposition désignera son représentant. Si c’est vous qui êtes toujours dans cette position, vous le ferez », leur a-t-il conseillé.

Mais il fait remarquer que les présidents élus en 1996, en 2006, et en 2016, l’ont été dans des conditions où ils n’avaient même pas un représentant à la Cour constitutionnelle.

Disposé

L’autre point sur lequel les discussions ont été fructueuses entre les membres du parti «Les Démocrates» et leur hôte, c’est celui des étudiants détenus pour leur implication dans les violences lors de la dernière élection présidentielle. A la demande de Boni Yayi de les voir en liberté, son interlocuteur s’est montré disposé.

D’ailleurs, informe-t-il, de nombreuses personnes impliquées dans ces violences sont déjà dans leurs familles même si elles sont sous contrôle judiciaire afin que le processus judiciaire suive son cours. Selon Patrice Talon, des instructions seront données au Garde des sceaux qui, à son tour, instruira le parquet afin que les dossiers de ces personnes soient traités avec diligence pour qu’elles soient libres, car en définitive, estime-t-il, ces jeunes sont aussi en partie des victimes, ayant été manipulés par des hommes politiques.

Quant à ceux qui sont déjà condamnés, ils peuvent s’attendre à la faveur constitutionnelle du chef de l’Etat.

« C’est avec enthousiasme et bonheur que je vais gracier ceux-là  »  , a-t-il promis.

S’agissant de la proposition de loi d’amnistie en étude à l’Assemblée nationale, le chef de l’Exécutif tient à respecter la séparation des pouvoirs.

« Vous êtes des députés. C’est à vous d’en parler avec vos collègues au Parlement », a-t-il répondu à Eric Houndété qui sollicitait son intervention pour que les députés de la mouvance présidentielle adhèrent à l’initiative.

Les échanges

Mais personnellement, il n’est pas partant pour qu’une telle loi soit votée. Car, c’est une manière de cautionner des actes répréhensibles posés par des citoyens à cause de leur manteau politique. Il soutient que devant la loi, le citoyen ordinaire et le politique devraient bénéficier du même traitement.

 Quant aux acteurs politiques de l’opposition qui ne sont pas sur le territoire national, Patrice Talon se veut clair. «Je n’ai envoyé personne en exil »  , affirme-t-il.

« Nous ferons tout pour que la paix règne». C’est l’engagement qu’a pris Boni Yayi, président du parti « Les Démocrates », au terme des discussions. Mais l’ancien président de la République convie son successeur à instaurer un dialogue permanent.

Message qui a reçu une suite favorable de son destinataire. La délégation de l’opposition est alors repartie du palais de la Marina avec de réelles avancées sur ses principales préoccupations. FIN

Source : La Nation (Quotidien national)