L’armée israélienne mène des combats « féroces » mardi dans la bande de Gaza, où le Hamas a dénoncé le bombardement d’un camp de réfugiés ayant tué des dizaines de personnes.
La guerre, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre, a déjà fait des milliers de morts et menace d’embraser toute la région.
Depuis ce week-end, l’armée israélienne a progressivement déployé des troupes au sol et intensifié ses frappes aériennes. Elle a déploré mardi la mort de deux soldats, les premières pertes depuis le début de la guerre.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, un bombardement a touché le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord du territoire palestinien, faisant « plus de 50 » personnes tuées.
L’armée israélienne a confirmé ce bombardement mené dans le cadre d’une opération qui a tué un commandant du Hamas, présenté comme un des responsables de l’attaque du 7 octobre.
Dans une vidéo de l’AFPTV, il est possible de compter au moins 47 corps drapés de linceuls allongés au sol dans la cour d’un hôpital après avoir été extraits des décombres.
Les images montrent aussi un énorme cratère et des destructions causées par le bombardement. « C’était une scène de tremblement de terre », a affirmé à l’AFP un habitant du camp, Ragheb Aqel, âgé de 41 ans.
Près d’un mois après le début de la guerre, les appels à une « trêve humanitaire » pour soulager les souffrances des 2,4 millions d’habitants de Gaza, et notamment les enfants et les blessés qui s’entassent dans des hôpitaux, restent sans suite, malgré les cris d’alarme de l’ONU.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exclu lundi tout cessez-le-feu.
« 300 cibles »
Des « combats féroces (…) en profondeur dans la bande de Gaza » opposent les soldats israéliens au Hamas, a affirmé mardi l’armée israélienne, ajoutant que des dizaines de combattants palestiniens avaient été tués au cours des dernières heures.
« Nous avons fait entrer des véhicules lourdement blindés, des chars, des véhicules blindés de combat, des bulldozers », a décrit le porte-parole de l’armée, Jonathan Conricus, faisant état de quelque « 300 cibles » frappées en 24 heures.
De son côté, la branche militaire du Hamas a affirmé avoir ciblé « deux blindés » israéliens avec des obus antichars, affirmant que la bande de Gaza deviendrait « un cimetière et un bourbier » pour les soldats israéliens.
Elle a promis par ailleurs, d’infliger à Benjamin Netanyahu une défaite « qui sonnera la fin de sa carrière politique ».
Si les combats sont intenses, il est impossible de fournir de bilans humains de source indépendante.
La veille, l’armée israélienne avait avoir frappé « 600 cibles » en 24 heures, des dépôts d’armes, des positions de lancement de missiles ou des caches du Hamas, qu’Israël, les Etats-Unis et l’UE considèrent comme une organisation « terroriste ».
« Ne serait-ce que trois heures »
En Israël, d’après les autorités, plus de 1.400 personnes sont mortes depuis le 7 octobre, essentiellement des civils tués le jour de l’attaque du Hamas. Près de 240 otages sont encore aux mains du mouvement palestinien, selon la même source.
La branche militaire du Hamas a assuré mardi qu’elle se tenait prête à libérer « un certain nombre d’étrangers dans les prochains jours ».
Le mouvement islamiste palestinien affirme que plus de 8.500 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans les bombardements israéliens dans la bande de Gaza qu’il contrôle depuis 2007.
La situation humanitaire dans le petit territoire, soumis depuis le 9 octobre à un « siège complet » par Israël, est alarmante, privant les habitants de livraisons d’eau, de nourriture et d’électricité.
Mardi, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé à « plus de 485.000 » le nombre de Gazaouis souffrant « de troubles psychiques sévères ou modérés ».
A Rafah (sud), des tonnes d’aide continuent de s’entasser du côté égyptien du poste-frontière, en attendant d’être inspectées par Israël, selon un responsable américain ayant requis l’anonymat.
Quelque 117 camions ont pu entrer à ce jour mais cette « poignée de convois (…) n’est rien comparé aux besoins », a dénoncé le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
Le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, a imploré mardi le Conseil de sécurité de « surmonter » ses fractures afin d' »exiger » un cessez-le-feu et mettre fin à « l’engrenage mortel » de la guerre entre Israël et le Hamas.
A Gaza-ville, près d’un centre culturel grec-orthodoxe touché dans la nuit, Ahmed al-Kahlout, 50 ans, implore. « Le minimum qu’ils pourraient nous accorder, c’est une trêve, donnez-nous ne serait-ce que trois heures », a-t-il dit à l’AFP.
SOURCE : AFP