Togo / Entrepreneuriat féminin : Un moteur de croissance socio-économique

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Un peu partout dans le monde, l’entrepreneuriat s’est longtemps définit au masculin. Les initiatives de vente de biens et services ont été pendant de nombreuses années conjuguées au masculin et l’entrepreneuriat considéré contre un bien propre aux hommes.

Mais elles sont de plus en plus nombreuses aujourd’hui ces femmes à s’affirmer à travers leur savoir-faire et à se positionner sur les marchés nationaux et internationaux. Même si globalement elles sont très peu à s’aventurer dans l’entrepreneuriat, les femmes sont de plus conscientes de l’importance d’entreprendre en vue de leur autonomisation. L’entrepreneuriat féminin fait ainsi son petit bonhomme de chemin et suscite admiration.

A l’échelle internationale, les femmes aux commandes des affaires et des initiatives de développement socio-économique sont de plus en plus honorées parce qu’elles sont nombreuses à se lancer.

Au Togo, selon les statistiques (INSEED 2021), l’entreprenariat féminin est dominé par le secteur informel où la proportion de femmes est estimée à 52%. Ces chiffres s’élèvent à 81% dans le secteur du commerce, 70% dans la transformation agro-alimentaire, 47% dans les services et 40% dans le vestimentaire.

Au niveau local, des projets et programmes sont donc initiés par les gouvernants pour accompagner, aider et célébrer ces femmes qui osent aller au-delà des stéréotypes et clichés imposés par les sociétés africaines.

Le Togo s’inscrit aussi dans cette logique et avec l’aide des partenaires au développement, le pays n’hésite pas à créer des initiatives destinées uniquement aux femmes.

Innov’up, un incubateur d’entreprises dédié aux femmes a été inauguré à Lomé en avril 2016 avec pour mission de promouvoir un entrepreneuriat féminin compétitif. Cet incubateur est une initiative de la Fédération des Femmes Entrepreneurs et Femmes d’Affaires du Togo (FEFA) qui vise à encourager l’entrepreneuriat des femmes au Togo.

En partenariat avec le Conseil National du Patronat (CNP), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a octroyé en novembre 2022 plus de 434 millions FCFA de subventions à 35 entrepreneuses togolaises dans les zones urbaines et péri-urbaines avec pour l’objectif de booster leur productivité et les aider à la transition vers le formel afin d’être beaucoup plus compétitif dans le contexte de la zone de libre-échange continental africaine (Zlecaf). Les secteurs concernés par cet appui sont l’agro-alimentaire, l’élevage, l’artisanat, les services et logistiques, le commerce, l’énergie, la petite transformation industrielle.

Des femmes qui osent

Longtemps restées dans l’informel, les femmes entrepreneurs en Afrique se décident de plus en plus à mettre leurs entreprises en lumière grâce aux appuis multiformes. Seule ou en groupes, instruites ou non, les idées créatives ne manquent pas à ces femmes qui bravent parfois le poids des cultures afin de s’affirmer et de s’autonomiser.

Mamavi jeune femme togolaise, s’est lancée dans l’entrepreneuriat après des stages répétitifs suite à l’obtention de son diplôme professionnelle. Aujourd’hui, elle produit de la farine de cacao pour en faire ensuite du chocolat.

« Je suis issue d’une famille de grands producteurs de café cacao et cola dans la région des plateaux. Mais malheureusement nous avons perdu une grande partie de nos plantations à cause de l’exode rural et de la scolarisation. Après les études j’ai fait pratiquement 8 ans, passant de chômage au sous-emploi. C’est ma grand-mère qui m’a finalement conseillé de retourner à la plantation ce que je fis en 2013 et il n’y avait pratiquement plus de plantations dans le village où j’ai grandi. J’ai donc commencé par la création d’une nouvelle plantation avant d’en arriver aujourd’hui à récolter le cacao pour faire la poudre de cacao et très récemment, j’ai appris à faire du chocolat bio », a-t-elle confié.

A Akoumapé dans la préfecture de Vo, les femmes ont le secret de la transformation du manioc en gari, un processus qu’elles ont actualisé grâce à une formation visant à donner un produit fini de meilleur qualité.

« Nous cultivons le maïs, le gombo, le piment à côté des hectares de manioc et souvent la culture du manioc se fait avant celle du maïs donc nous profitons au maximum des terres. En fin avril début mai, nous récoltons le manioc que nous transformons en gari et tapioca et nous libérons l’espace pour faire le maïs. Nous avons suivi une formation qui nous a aidé à faire autrement la transformation du manioc en gari il y a de cela 4 ans. Le gari est fortement consommé par nos populations. La particularité de notre gari c’est que nous n’enlevons pas l’amidon et cela ne provoque pas l’indigestion. Notre travail est bien difficile mais il nous aide à produire du gari de meilleur qualité qui est très consommée par notre population et nous en sommes très fières », a aussi confié la présidente du groupement Kékéli un regroupement d’une dizaine de femmes dans la préfecture de Vo.

En pleine zone urbaine, dans le quartier Nukafu, dame Akpene de Scoops Akpene soja a le secret de la transformation du soja et plus récemment du Moringa.

« Nous transformons le soja et le Moringa, en lait, en huile, thé, farine, viande de soja ainsi que la farine de Moringa. Je me suis spécialisée dans le soja parce qu’il est très nutritif. On dit souvent que le soja renferme un élément toxique et c’est vrai donc il faut apprendre comment enlever cette substance pour que le soja soit un allié pour la santé. J’ai commencé depuis 2015 et ça m’a beaucoup aidé pour l’éducation de mes enfants. Moi-même je ne produis pas de soja et donc quand j’en achète auprès des agriculteurs moi aussi je les aide à écouler leurs produits agricoles », a ajouté pour sa part la première responsable de Scoops Akpene Soja.

Selon l’indice 2022 sur la confiance dans les affaires, les entrepreneuses africaines font preuve d’un optimisme généralisé et d’une résilience constante malgré le climat économique actuel.

Quelques freins à l’entrepreneuriat féminin

L’entrepreneuriat est perçu chez les femmes comme une source d’émancipation ce qui quelques fois n’est pas bien perçu par nos sociétés africaines. Les mentalités changent certes mais certaines cultures ne permettent pas à la femme de jouir pleinement de ses potentialités et de s’affirmer.

Même si l’entreprenariat féminin tant à sortir de l’ornière, il demeure néanmoins des freins à cette volonté des femmes à émerger. La tendance des femmes en entrepreneuriat dépend à la fois du poids culturel et du contexte économique. Les différences entre femmes et hommes en matière d’entrepreneuriat semblent être aussi liées au stéréotypes de genre. Les femmes entrepreneurs se retrouvent plus souvent dans les secteurs d’activité correspondant à des stéréotypes féminins et sont très peu à s’aventurer sur des terrains dits masculins.

A ces stéréotypes s’ajoute le faible taux de financements des entrepreneurs féminins. Les femmes ont encore plus de difficultés que les hommes pour lancer leur entreprise au Togo.

Pour les personnes vulnérables notamment les femmes, l’accès au crédit ou à un capital de départ pour entreprendre reste difficile. En milieu rural, c’est encore plus compliqué, puisqu’il y a très peu d’agences de microfinance.

Aussi, la plupart de des institutions financières ont des taux d’emprunt élevés : jusqu’à 25% et de nombreuses femmes ont ainsi vu leur activité couler à cause du calendrier de remboursement et de leur surendettement.

Le manque d’éducation ou l’analphabétisation des femmes constitue également un autre frein à l’entrepreneuriat féminin au Togo. Même si la courbe sera un peu plus renversée dans les années à venir avec les programmes de promotion de la scolarisation de la jeune fille, pour l’heure, elle constitue également un frein à l’entrepreneuriat féminin. FIN

YIBOKOU-MENSAH A.

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