Putsch au Gabon: Le président Bongo appelle dans une vidéo ses « amis » à « faire du bruit », la France « condamne » le coup d’Etat

Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba, placé en résidence surveillée

Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba, placé en résidence surveillée par des militaires qui l’ont destitué à l’issue d’un coup d’Etat mercredi, appelle « tous » ses « amis » à « faire du bruit », dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

On l’y voit, sans pouvoir déterminer le moment où la vidéo a été tournée, assis dans un fauteuil, et il assure être dans sa « résidence ». Manifestement inquiet, il dit en anglais: « Je suis Ali Bongo Ondimba, président du Gabon », « j’envoie un message à tous nos amis dans le monde entier pour leur dire de faire du bruit » à propos « des gens qui m’ont arrêté, moi et ma famille », dit en anglais.

Ali Bongo, qui dirige, à 64 ans, le Gabon depuis plus de 14 ans, avait été proclamé, quelques instants avant le putsch, vainqueur de l’élection de samedi. « Mon fils est quelque part, ma femme est dans un autre endroit, et moi je suis à la résidence et rien ne se passe, je ne sais pas ce qui se passe », poursuit M. Bongo. « Je vous appelle pour faire du bruit », répète-t-il trois fois.

Son fils et proche conseiller Noureddin Bongo Valentin a été « arrêté » avec six autres jeunes membres de l’entourage professionnel proche de M. Bongo, notamment pour « haute trahison », « détournements massifs de denier publics » et « falsification de la signature » du chef de l’Etat, ont annoncé les militaires putschistes en fin de matinée.

Les militaires n’ont rien dit du sort de son épouse franco-gabonaise Sylvia Bongo Ondimba.

La France « condamne le coup d’Etat militaire qui est en cours »

« La France condamne le coup d’État militaire qui est en cours au Gabon », a annoncé mercredi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, devant la presse en indiquant que Paris « surveille avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation ».

« Nous rappelons notre attachement à des processus électoraux libres et transparents », a ensuite déclaré M. Véran à l’AFP, précisant de précédents propos sur les élections gabonaises tenus lors de son compte-rendu du Conseil des ministres.

Mercredi, les autorités gabonaises venaient d’annoncer la réélection d’Ali Bongo avec 64,27% des voix quand un groupe d’une douzaine de militaires est apparu sur les écrans de la chaîne de télévision Gabon 24 pour annoncer mettre « fin au régime en place ».

La Première ministre, Elisabeth Borne, avait dit dans la foulée que la France suivait « avec la plus grande attention » la situation, lors d’une réunion devant les ambassadrices et ambassadeurs de France réunis à Paris.

Ali Bongo avait été élu en 2009 après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui avait dirigé le Gabon pendant plus de 41 ans. Omar Bongo était l’un des plus proches alliés de la France dans l’ère post-coloniale et Ali est un habitué à Paris, où sa famille possède un vaste portefeuille immobilier qui fait l’objet d’une enquête de la part des magistrats anti-corruption.

Emmanuel Macron s’était, lui, rendu au Gabon en mars dernier à l’occasion du Sommet sur les forêts, une visite perçue par certaines personnalités de l’opposition comme un soutien à Bongo avant la présidentielle.

Lors d’un discours à Libreville, le président français avait toutefois nié toute ambition d’intervention en Afrique, affirmant que l’ère de l’ingérence était « révolue ».

A la suite du coup d’État au Niger le 26 juillet dernier, la France a refusé de reconnaître le régime militaire et promis de soutenir les pays de la Communauté économique d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dont certains membres soutiennent une action militaire contre les putschistes.

Lundi, Emmanuel Macron a évoqué l' »épidémie » de coups d’État dans la région francophone d’Afrique, défendant sa politique de fermeté à l’égard des militaires au Niger. La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, avait, elle, estimé début août qu’il s’agissait du « coup d’Etat de trop ».

SOURCE : AFP