« Le paludisme reste l’une des maladies les plus meurtrières en Afrique, tuant chaque année près d’un demi-million d’enfants de moins de 5 ans. En 2021, la région enregistrait près de 95 % des cas de paludisme dans le monde et de 96 % des décès liés à la maladie », peut-on lire avec regret dans un communiqué de presse conjoint de l’OMS, Gavi et UNICEF en date du 5 juillet 2023.
De manière plus précise, « le paludisme a emporté, d’après les estimations, 619.000 personnes en 2021, contre 625.000 en 2020. On comptait quelque 247 millions de nouveaux cas de paludisme en 2021 contre 245 millions en 2020 « , renseigne le Rapport 2022 sur le paludisme dans le monde.
Le paludisme est une maladie potentiellement mortelle qui est transmise à l’être humain par les piqûres de certains types de moustiques. On le trouve principalement dans les pays tropicaux.
Cette maladie, pourrait-on dire, ne plie pas devant la batterie de mesures existantes entre autres la distribution de moustiquaires imprégnées et du traitement préventif saisonnier connu sous le vocable chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS).
Face à cette résistance, des solutions plus radicales s’imposent. Aussi, l’OMS a garni son carquois d’une nouvelle arme. Il s’agit du vaccin RTS,S/AS01, premier vaccin antipaludique recommandé par ladite institution internationale.
Sous la coordination de l’OMS et l’appui financier de l’Alliance du vaccin Gavi et d’autres Fonds mondiaux, ce vaccin est administré depuis 2019 sur le continent africain, précisément au Ghana, au Kenya et au Malawi. Plus de 1,7 million d’enfants ont ainsi bénéficié du vaccin RTS,S/AS01 dans ces pays depuis 2019.
L’efficacité du vaccin n’est plus à démontrer. Déjà, l’on peut se réjouir de la réduction substantielle des cas graves de paludisme et une diminution du nombre de décès d’enfants.
Si « presque chaque minute, un enfant de moins de 5 ans meurt du paludisme », comme le déplore Ephrem T. Lemango, Directeur adjoint chargé de la vaccination de l’UNICEF, il demeure tout de même persuadé que « le déploiement de ce vaccin donnera aux enfants, en particulier en Afrique, une meilleure chance de survie ».
18 millions de doses du vaccin
Dans cette lancée, 18 millions de doses du vaccin RTS,S/AS01 seront allouées à 12 pays africains pour la période 2023-2025. C’est la nouvelle qui défraye la chronique depuis le 5 juillet 2023.
Le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Libéria, le Niger, l’Ouganda, la République démocratique du Congo et la Sierra Leone sont les nouveaux pays où seront déployés les programmes de vaccination antipaludique.
D’autres gouvernements dont celui togolais entendent leur emboîter le pas portant à 28 le nombre actuel de pays africains ayant manifesté leur intérêt pour recevoir ce vaccin.
Le vaccin RTS,S/AS01 est mis au point par le groupe pharmaceutique britannique GSK. Un deuxième vaccin, R21/Matrix-M, mis au point par l’Université d’Oxford et fabriqué par le Serum Institute of India (SII), devrait également être préqualifié par l’OMS dans un futur proche.
« Ce vaccin a le potentiel de marquer un tournant dans la lutte contre le paludisme et, s’il est largement déployé en parallèle d’autres interventions, de prévenir des dizaines de milliers de décès chaque année », se réjouit Thabani Maphosa (Directeur général de la mise en œuvre des programmes de pays à Gavi, l’Alliance du vaccin).
Mais pour bon nombre d’observateurs, une forte campagne de sensibilisation doit être menée, avant la distribution de ce vaccin dans les 12 pays.
Notons que les symptômes peuvent être bénins ou engager le pronostic vital. Les symptômes bénins sont la fièvre, les frissons et les maux de tête. Les symptômes graves sont la fatigue, la confusion, les convulsions et des difficultés respiratoires.
Les nourrissons, les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes, les voyageurs et les personnes vivant avec le VIH ou le sida courent un risque plus élevé d’infection grave. FIN
Jean-Baptiste TAKOUMA