Togo/Evala: Bravoure, chants et danses, une tradition culturelle qui se perpétue

Des jeunes lutteurs

Démarrées le 8 juillet dans la Kozah (environ 420 km au nord de Lomé) avec de chaudes empoignades, les luttes traditionnelles ou « Evala » en pays Kabyè se poursuivent sous le regard admiratif du chef de l’État Faure Gnassingbé.

Les « Evala » ou fête annuelle des « muscles », constituent un véritable rite initiatique auquel sont soumis les jeunes Kabyè pour accéder à l’âge adulte ou être appelés Homme.

Périodes d’allégresse, de débordement, c’est également des moments de chants, danse et surtout une démonstration de force, où chaque canton exhibe ses pas de danse, entonne des chants qui galvanisent les vaillants lutteurs, une démonstration de courage, d’ardeur et de fierté qui expose à la vue de tous, le degré d’enracinement dans la tradition.

Plusieurs milliers de jeunes de tous les cantons, torse nu, s’affrontent pendant une semaine sur des places publiques pour éprouver leur force et comparer leurs techniques.

De chaudes empoignades sous le regard du président Faure Gnassingbé

En effet, la tradition exige du jeune Kabyè, de franchir cette étape marquée par des luttes successives sur une période de trois ans et de se distinguer parmi ses co-initiés par sa force, son endurance, sa ténacité et sa capacité à affronter son adversaire, avant d’accéder à un nouveau statut social qui lui confère des priorités d’adulte.

Au début des empoignades et tout au long des luttes, des chants sont entonnés pour galvaniser les lutteurs et surtout les inviter à s’armer de bravoure, de courage et de force pour dominer leurs adversaires, afin d’honorer leurs parents et les populations sorties massivement pour les soutenir.

Notons que les rites initiatiques sont marqués par des étapes de scarification, de privation, d’internement. L’initié est par exemple, tenu d’observer le jeûne et l’abstinence sexuelle. La consommation de la viande de chien permet au jeune d’acquérir la force, de développer l’intelligence de l’animal et d’acquérir sa ruse, son endurance et sa ténacité.

Evala, des rites, une tradition

Selon des anciens, il s’agit d’une tradition qui se perpétue. « Evala, c’est une fête du terroir qui rassemble les fils et filles de chaque canton de la région. Les chants et danses disent, tenez-vous forts et affrontez l’adversaire, n’ayez pas peur. Une fois que tu es Evalu, tu dois affronter vaillamment toute personne qui veut t’attaquer » a témoigné Abalo, un ancien du canton de Tchitchao.

Des animateurs, autour des terrains de luttes

Cette année, particulièrement à Lassa, Somdina, Tcharè et à Pya Hodo, le spectacle était saisissant.

« Nous sommes ici aujourd’hui pour rendre hommage à nos ancêtres pour leur protection et assistance durant les deux jours d’Evala que nous avons observés. Et nous le faisons à travers des chants et danses pour perpétuer la tradition et démontrer notre vaillance », a affirmé Lucien, encadreur des lutteurs.

Les danses, baignant dans une ambiance empreinte de convivialité, mettent également en exergue la fierté des jeunes d’appartenir à ces communautés. En plus d’être une affirmation identitaire, c’est un mode de vie assumé, un spectacle traditionnel et culturel qui comporte une dimension spirituelle pour chaque communauté.

Plus impressionnantes les grandes danses d’illustration des lutteurs. Pour perpétuer la tradition, les Evala des différents cantons se donnent rendez-vous dans des places publiques pour la grande épreuve de démonstration de la danse Evala. Aux sons de flûtes, de castagnettes, d’harmonicas et de chants, les lutteurs, encadreurs, femmes et autres supporteurs démontrent leur savoir-faire en danse Evala.

Notons que sur les terrains de « combats », les accrochages sont parfois rudes et plusieurs centaines de blessés sont enregistrés à la fin de ces luttes traditionnelles. Certains cas graves sont transportés d’urgence dans des hôpitaux.

Des animateurs autour des terrains de lutte

Mais, au-delà des rites initiatiques, Evala est et demeure des spectacles et des moments de retrouvailles entre peuples et de réjouissance pour les populations. FIN

Ambroisine MEMEDE