Le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), l’une des vieilles formations politiques de l’opposition togolaise traverse encore une période assez délicate. Les « adeptes » de la méthode Agboyibo – (président du parti décédé le 30 mai 2020 à Paris) – sont divisés et deux camps s’affrontent farouchement. L’Agence Savoir News a approché Dokounon Kokou Nicolas AGBO, 2e Vice-Président National du CAR (bureau élu le 27 mai dernier).
Savoir News : Comment se porte aujourd’hui le CAR ?
Dokounon Kokou Nicolas AGBO : Nous avons eu certaines difficultés qu’on pourrait qualifier d’incompréhensions liées à l’organisation du 5ème congrès statutaire de notre parti le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR). Dieu merci, le congrès est organisé, tous les organes du parti sont légalement mis en place. Il est vrai que cela a suscité chez certains parmi nous, des frustrations et c’est normal mais tout cela est désormais derrière nous. Le CAR va donc de mieux en mieux.
C’est l’occasion d’adresser nos vifs remerciements aux fédérations du parti.
Mais depuis le 27 mai, nous avons eu l’impression d’être en présence de deux CAR : le « CAR officiel » conduit par Monsieur Awuku Nador et le CAR dirigé par Monsieur Yao Daté. Que dites-vous ?
Pure illusion ! Le CAR est unique. Monsieur Daté en est le président national ; il ne peut en être autrement. C’est la liste conduite par Daté qui été élue par les congressistes le 27 mai dernier. Je ne sais de quel CAR vous faites allusion, que conduirait le militant Nador Awuku.
J’apprécie quand même à juste titre le terme « dirigé » par Monsieur Daté au terme « conduit » par Monsieur Nador, ancien deuxième vice-président du CAR.
Le congrès du 27 mai est « illégitime et illégal. Le CAR officiel est là, nous nous organisons et le peuple togolais le constatera », a martelé M. Nador dans une interview accordée le 5 juin dernier à l’Agence Savoir News. Que répondez-vous ?
Le camarade Nador a toujours fait preuve d’une ignorance notoire des textes fondamentaux du parti. J’en veux pour preuve, lorsqu’il a été révoqué au poste de porte-parole du parti par feu président national Me Agboyibo qui l’avait nommé, il a réagi dans un courrier qu’il a adressé à ce dernier, qualifiant la décision de nul et de nul effet, estimant qu’il a été élu au congrès alors que les dispositions statutaires conféraient le droit de nommer et de révoquer le porte-parole du parti au président national.
Je ne doute pas un seul instant que mon camarade Nador puisse faire une déclaration aussi saugrenue soit-elle.
L’intéressé, dans le même égarement se fonde sur un fallacieux et fantaisiste rapport d’une des commissions mises en place au congrès, qui aurait été déposé à titre conservatoire au ministère de tutelle pour justifier ses incongruités, en lieu et place d’un rapport général du congrès signé par le président et le rapporteur général du congrès.
Mon cher camarade Nador est seul à savoir ce qu’il met dans « officiel ».
Cette nouvelle crise que traverse aujourd’hui cette vieille et grande formation politique de l’opposition togolaise, ne la fragilise pas la veille des élections législatives et régionales ?
L’essentiel est de savoir se relever lorsqu’on tombe, nous enseigne un vieux dicton. Nous sommes désormais debout. Le parti étant sauvé de justesse de la forclusion et par conséquent de la disparition comme le souhaitaient Nador et les siens. C’est une victoire d’étape que nous consolidons. Nous sommes sur la bonne voie.
Comment pensez-vous faire pour recoller les morceaux ?
Nous sommes les enfants d’un même père, liés par une communauté de destin. L’impossible ne peut donc être nôtre. Le peuple nous attend. Nous avons l’obligation de taire nos divergences au nom de l’intérêt général.
Face à la situation que traverse aujourd’hui le parti, certains analystes politiques accusent Me Yawovi Agboyibo, de n’avoir pas préparé la relève, en s’accrochant au fauteuil, jusqu’à son décès. Quel commentaire faites-vous ?
C’est une vision simpliste et erronée, de dire que Me Yawovi Agboyibo n’a pas su préparer sa relève, en s’accrochant au fauteuil, jusqu’à son décès. En 2008, il a passé la main, ce qu’aucun président de parti politique n’a pu faire auparavant.
L’homme est un fin stratège politique, intelligent et visionnaire. Il a réglé le problème de sa succession à travers les textes qu’il a légués au parti, étant conscient que son parti regorge de nombreux disciples capables de le remplacer valablement. Ce qui s’est justifié par les nombreuses candidatures enregistrées au dernier congrès. FIN
Propos recueillis par Junior AUREL