Clips à contenus obscènes qui frisent la pornographie et chansons à contenus vulgaires : le monde du showbiz prend une proportion inquiétante, avec l’apparition de certaines catégories d’artistes.
Comme le disait l’autre: « Dans les journaux, le « sang à la +Une+ se vend ». Mais attention, les garde-fous sont désormais posés et le législateur veille au grain.
Aujourd’hui, dans le monde de la musique, « le sexe à la +Une+ est fortement rentable ». Le phénomène prend de l’ampleur et il faut arrêter cette fougue qu’ont certains artistes, spécialistes en la matière dont des femmes.
« Dans certaines chansons aujourd’hui, on ne parle que de sexe et de manière vulgaire. Le mal, c’est qu’on emballe les enfants et les jeunes dans cette mayonnaise de mauvais goût », déplore Ayi Patouigou, banquier à la retraite depuis une vingtaine d’années.
En décembre dernier, le ministre des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat a tapé du poing sur la table, en relevant trois directeurs de l’École Primaire publique (EPP) Anfoin, suite à la prestation de l’artiste Conii Gangster dans l’établissement lors d’une cérémonie de remise des dons. Ils ont été « démis » de leur fonction pour « manquement à la protection d’élèves mineurs au sein de leur établissement ».
Quelques jours après, l’artiste, dans une vidéo, a présenté ses excuses publiques.
« Je demande pardon aux trois directeurs qui ont été démis de leurs fonctions. On les a réengagés certes, mais je leur présente mes excuses. Je demande également pardon aux autorités et parents d’élèves que j’ai offensés. La prochaine fois, je vais modifier plusieurs titres », a promis l’artiste en langue locale.
Récemment, Mme Myriam Dossou-d’Almeida (ministre du développement à la base, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes) était également montée au créneau, appelant certains artistes à une « prise de conscience ».
« Il faut une prise de conscience de nos artistes, du rôle d’éducation et de sensibilisation qu’ils devraient avoir à l’endroit des jeunes, des adolescents et des mineurs. L’artiste est porteur de message et devrait lui-même questionner la qualité de son message, sa portée et ses effets », a publié la ministre sur sa page Facebook.
« La promotion par certains artistes de la consommation de drogues, de la vulgarité doit être bannie par tous les moyens et j’en fais mon affaire personnelle ! Nous voulons une jeunesse performante et exemplaire et nos jeunes artistes doivent adhérer à cela pour combattre ensemble la dépravation des mœurs », a-t-elle poursuivi.
Les artistes togolais, a-t-elle ajouté, doivent dorénavant être une source d’inspiration pour la jeunesse et non une source de destruction ou de dépravation.
‘Aux grands maux, les grands remèdes’
Pour bon nombre de togolais, les autorités doivent sévir, afin d’arrêter l’hémorragie, car l’expérience a montré que ce sont ces artistes qui sont fortement adulés par les jeunes. Ils fredonnent à cœur-joie ces chansons qu’ils emmagasinent dans leurs téléphones portables.
« La plupart de nos jeunes artistes ne chantent plus. Rien que des verbiages et des images obscènes : des femmes pratiquement nues qui s’exhibent dans tous les sens. Aux grands maux, les grands remèdes. L’autorité doit commencer par censurer ces chansons. Si une ou deux chansons sont interdites de diffusion sur les radios et les chaînes de télévision, cela servira d’exemple à ceux qui tenteront de s’aventurer sur ce terrain », suggère un pasteur d’une Église évangélique.
Dans certains pays, les autorités ont servi, face à certaines chansons. En novembre 2015 au Cameroun, le préfet de Mifi a interdit la diffusion de la vidéo de la chanson « Coller la Petite » de l’artiste camerounais Franko, décision qui a fait grand bruit au sein de la population, en raison de la popularité de ladite chanson.
En 2019, la police des mœurs du Kenya a interdit la diffusion à la radio, à la télévision des lieux publics, de l’une des chansons du groupe musical Sailors.
En septembre 2019, Christophe-Antoine Agbepa Mumba dit Koffi Olomidé avait eu des ennuis avec la justice de son pays (RD Congo) pour ses chansons censurées par la commission nationale de censure et de spectacles. FIN
Chrystelle MENSAH/Bernadette AYIBE/Rédaction