Une centaine de chefs traditionnels, leaders religieux, préfets, maires, directeurs régionaux de l’action sociale, paire-éducateurs, représentants des partenaires techniques et financiers, des organisations de la société civile se sont réunis ce jeudi à Lomé dans le cadre d’un atelier bilan de la mise en œuvre des actions de lutte contre les pratiques traditionnelles préjudiciables aux enfants, a constaté une journaliste de l’agence Savoir News.
La rencontre qui est organisée par le ministère de l’action sociale et l’UNICEF, vise à attirer l’attention de l’ensemble des acteurs impliqués dans la protection et la promotion du droit des enfants sur les avancées dans la prévention des pratiques traditionnelles préjudiciables aux enfants et à examiner les défis pour éliminer lesdites pratiques au Togo.
Les pratiques préjudiciables aux droits des enfants au Togo sont entre autre les mariages forcés et précoces, le phénomène des enfants placés dans les couvents, le phénomène des enfants dits sorciers, des mutilations génitales féminine, de l’infanticide.
En 2013, suite à des consultations régionales sur l’ensemble du pays, un forum des chefs traditionnels et religieux s’est tenu à Notsé où ces derniers ont signé déclaration dans le sens d’alléger les conditions des pratiques traditionnelles qui compromettent le développement harmonieux de l’enfant. Trois ans plus tard, le 1er mars 2016, les mêmes acteurs ont signé à Togblékopé, un engagement additionnel à ladite déclaration, axé sur la lutte contre le mariage des enfants.
« Il y a 10 ans, nous avons adopté la déclaration de Notsé et son engagement additionnel àTogblékopé. Au jour d’aujourd’hui, nous nous réjouissons de ce qui est fait notamment la prise de conscience générale par rapport aux pratiques culturelles et traditionnels préjudiciables aux enfants, une prise de conscience de telle sorte qu’aujourd’hui, les enfants qui rentraient au couvent pour une durée de 3 voire 9 ans et plus et ne pouvait plus revenir à l’école ou en apprentissage, cette durée a été sensiblement réduite. Aujourd’hui, les enfants ne passent que 45 jours dans les couvents et ce pendant les grandes vacances. Les rites sont reconduits en cas de nécessité. En ce qui concerne les mariages précoces, en lien avec la déclaration de Togblékopé, les leaders religieux se sont levés contre cette pratique de telle sorte que ces genres de phénomènes ne se produisent plus. Au nord du pays, l’infanticide est systématiquement éliminé après la déclaration de Togblékopé », a confié Remy Kossi Apélété rapporteur général de la Fédération national des cultes vaudous et traditions du Togo.
Les leaders traditionnels et religieux ont donc dressé le bilan de la mise en œuvre de la déclaration de Notsé de 2013, de l’engagement additionnel sur la lutte contre le mariage des enfants en 2016 et, aussi, de la stratégie de communication pour la protection des enfants contre les pratiques sociales, traditionnelles préjudiciables aux enfants.
« Même si l’on peut se féliciter des nombreux résultats obtenus grâce à la volonté politique des plus hautes autorités de notre pays et grâce à l’appui des partenaires techniques et financiers, nous restons conscients que beaucoup de défis restent encore à relever », a reconnu Mme Adjovi Lolonyo Apédoh-Anakoma (ministre de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation.
« C’est pourquoi, je salue la tenue du présent atelier qui vient à point nommé, pour nous permettre de faire le bilan de l’ensemble des mesures prises à l’instar de la déclaration de Notsè, conformément à l’appel en 2022 de l’Union Africaine, qui invite les États membres à faire le bilan des actions menées en vue d’éradiquer les pratiques néfastes aux enfants », a-t-elle ajouté.
Rappelons qu’au Togo, de 2015 à 2018, 1 593 enfants sont victimes de mariages précoces ou forcés, 701 enfants sont considérés comme «des enfants sorciers», 334 enfants sont placés dans les couvents, 16 filles sont victimes des mutilations génitales féminines (MGF) et 04 enfants sont victimes d’infanticide. FIN
Chrystelle MENSAH