« Non à la corruption, oui à l’intégrité ! », c’est avec ce slogan que professionnels des médias et responsables de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) se sont séparés vendredi à Kpalimé (environ 120 km de Lomé) après deux jours de formation pour une meilleure contribution à la lutte contre la corruption.
Et selon Kimelabalou Aba (président de HAPLUCIA), les objectifs sont atteints, « une totale » satisfaction.
Il ressort des différentes communications que la corruption est un phénomène qui nuit gravement à l’Etat de droit et entraîne un gaspillage de compétences et de précieuses ressources.
Le Togo perd au moins 10 milliards de F.CFA par an, du fait de la corruption, révèle une étude commanditée et publiée par HAPLUCIA en août 2020.
Et la HAPLUCIA a décidé de renforcer ses liens avec les journalistes car, ils constituent les canaux les plus pertinents de relais de ses actions au sein des populations.
« La capacité des médias à mobiliser les citoyens contre le phénomène de la corruption est vitale pour la bonne gouvernance et la démocratie. Et nous devons rester optimistes et œuvrer ensemble pour qu’à termes, nous puissions venir à bout de ce fléau », a indiqué M. Aba.
Mais la dénonciation des faits de corruption et d’infractions assimilées, a-t-il précisé, doit se faire dans « le respect » de la vie privée et de la présomption d’innocence des personnes qui seraient impliquées dans les actes de corruption.
– Respecter la réputation d’autrui –
La notion a fait l’objet d’une communication intitulée « Respect de la présomption d’innocence dans la lutte contre la corruption », présentée par Mme Jackey Atitso (Vice-présidente de la CNDH).
Et il ressort de cette communication que la présomption d’innocence est le premier attribut d’un procès équitable, un principe cardinal de la justice pénale, le gage de respect de la non immixtion des tiers dans le fonctionnement de la justice.
« Et que serait donc cette justice si les médias se permettent de juger à la place des personnes habilitées ? », s’est interrogée Mme Atitso.
Il est donc capital que chaque partie reste dans les limites de son camp. Mais la perte de confiance en la justice, amène de plus en plus les victimes à faire valoir leur droit à la justice, à travers un « tribunal médiatique », remettant en cause le caractère absolu du principe de la présomption d’innocence.
Par ailleurs, l’avènement des réseaux sociaux a rendu très fluide la circulation d’informations pour la plupart non vérifiées, des rumeurs qui parfois, portent atteinte à l’honneur d’honnêtes citoyens, mettant ainsi en cause leur présomption d’innocence, des actes pouvant cependant conduire à une condamnation pénale, une réparation des préjudices subis ou une insertion de rectification.
– Responsabilité engagée –
Et d’ailleurs, la déontologie du journaliste interdit la diffamation, a rappelé Pierre Sabi Kasséré (représentant de la HAAC). Ce dernier a déploré le fait que les journalistes ne font pas croiser les sources : « la plupart des plaintes adressées à a HAAC sont liées à la diffamation. La lutte contre la corruption requiert du journaliste, discernement, doigté, concentration, vigilance, responsabilité… Le meilleur moyen de faire la lumière sur les faits de corruption est l’investigation », a conseillé M. Kasséré.
Pour Augustin Sizing (Journaliste-consultant), l’investigation nécessite du journaliste, la maîtrise de son enquête, une solide culture générale, une probité morale, de la rigueur. Il doit aussi avoir un sens aigu de l’analyse et de la synthèse, et garder à l’esprit que la pratique peut mettre en péril sa sécurité.
« Le rôle de la presse dans la lutte contre la corruption dépend de sa capacité à opérer de manière indépendante et à être libre de toute forme de pression ou d’influence extérieure », a appuyé Michel Tchadja (président de l’association nommé Médias togolais contre la corruption et le blanchissement).
Sur toute la chaîne de production et diffusion médiatique, la responsabilité du journaliste est donc engagée. Autant doit-il respecter les règles éthiques et de déontologie de sa profession, autant il doit s’assurer du respect de la vie privée et de la présomption d’innocence de la personne indexée.
Notons que ces deux jours de formation initiée par la HAPLUCIA, ont débouché sur des recommandations à l’endroit de divers acteurs de la lutte.
« Nos attentes c’est que les participants puissent restituer les connaissances acquises au cours de cette rencontre, à divers niveaux de leurs médias. Nous espérons que les journalistes accompagnent HAPLUCIA dans ses actions de sensibilisation, de formation et d’éducation de la population », a déclaré M. Aba Kimelabalou à la fin des travaux. FIN
De Kpalimé, Ambroisine MEMEDE