L’agro écologie est une façon de concevoir des systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes, et Jérémie Gadah l’a compris. Ce jeune cultivateur togolais gère depuis plus de 4 ans, une ferme agro écologique, un mode de culture, qui selon lui, ne s’arrête pas qu’aux pratiques agricoles. (INTERVIEW).
Savoir News: Vous êtes cultivateur dans un domaine un peu particulier : l’agro écologie. En quoi consiste cette pratique agricole ?
Jérémie Gadah: A mon humble avis l’agro écologie va au-delà des pratiques agricoles. C’est avant tout un mode de vie qui consiste à vivre dans la nature, par la nature et pour la nature. C’est une pratique qui allie respect de l’environnement et bien-être.
Pourquoi avez-vous choisi ce domaine ?
Au premier abord, j’ai choisi l’agro écologie pour garder une indépendance sur les intrants de production et protéger surtout ma santé. Mon rêve ultime est de vivre longtemps, heureux et en bonne santé.
Au fil des ans, j’ai constaté que la majorité des producteurs conventionnels dépensent plus dans l’achat d’intrants agricoles, mais peinent à obtenir des rendements consistants. En plus, ils accumulent des maladies. Voilà pourquoi depuis 2 ans, j’ai mis en place l’Académie paysanne pour vulgariser les pratiques agro écologiques.
Qu’est-ce qu’il y a d’aussi intéressant dans l’agro écologie ?
Quand vous vivez l’agro écologie, c’est la nature qui travaille pour vous et prend soins de vous. Au-delà des avantages liés à la qualité, à l’augmentation du rendement et à la protection de l’environnement, l’agro écologie garantit à son praticien, une meilleure santé et un état de bonheur. Vous obtenez un état d’âme où vous n’avez plus besoin d’autres choses pour être heureux. C’est une passionnante aventure que j’ai démarrée depuis 4 ans 7 mois, pour être précis.
Qu’est-ce que vous plantez ? Qu’est-ce que vous élevez ?
Nous avons des produits destinés à la commercialisation et ceux destinés aux besoins de la ferme.
Sur la ferme, vous verrez du piment blanc, des épinards, du gombo, de l’arachide, de la patate douce (pour la commercialisation). Par ailleurs, je cultive une variété de produits destinés à la consommation : du maïs, du haricot, du sorgho, de la corète potagère, du champignon, du manioc, de la banane, ainsi que la papaye. En termes d’élevage, vous verrez des poulets locaux (pour la commercialisation), lapin et chèvres pour la consommation.
Avec combien avez-vous démarré ? Est-ce que les débuts ont été assez faciles ?
Je suis arrivé ce 1er octobre 2018 avec un capital de 200.000 F.CFA. Je les ai perdus en moins de 6 mois, à force de vouloir tout produire à la ferme. J’ai contracté un crédit de quelques centaines de mille, qui ont pris le même chemin. C’est parti pour un an et demi de combat entre solder mes créances et gagner mon quotidien. Ce fut aussi 18 mois de réflexion et de structuration de ma vie professionnelle et de mon entreprise. Une expérience riche en leçons, qui a forgé ma décision.
Aujourd’hui, j’ai acquis une certaine stabilité et je profite progressivement des fruits de mon entreprise. Je peux parler de mon parcours, des défis auxquels j’ai dû faire face, des découvertes qui ont meublé ce parcours, et surtout donner des conseils.
Quelle est l’évolution de votre chiffre d’affaires ces trois dernières années ?
Les deux dernières années sont les meilleures. Même en plein confinement, nous rempilons bien.
Où est située votre ferme et quelle est l’étendue du domaine ?
Notre ferme est à Kouvé-Adékpé, localité située à environ 60 kilomètres de Lomé. Le domaine s’étend sur exploitons 5.000 mètres carrés soit un demi-hectare. Notre philosophie est d’optimiser le rendement par superficie que d’augmenter les superficies à emblaver. Je travaille avec mon épouse et au besoin, on fait appel à une dame pour nous aider.
Entre la sécurité alimentaire et l’autonomie alimentaire, vous optez pour quel concept ?
Je penche pour l’autonomie alimentaire, puisqu’elle est facile à atteindre pour tout producteur agricole. Il suffit de savoir planifier sa production en fonction de ses propres besoins et surtout, de bien conserver et de gérer son stock à bon escient.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes désireux de suivre vos pas?
L’agriculture est un secteur vierge et bourré d’opportunités. J’invite les jeunes à s’engager avec plus d’objectivité et de professionnalisme. FIN
Propos recueillis par Ambroisine MEMEDE