Les togolais s’apprêtent à célébrer le 27 avril, le 63è anniversaire de l’indépendance du pays et plusieurs manifestations officielles sont annoncées. Déjà le week-end, des offices religieux ont été organisés à Lomé et dans les autres localités du pays : prières musulmanes, messes d’action de grâce et cultes protestants.
Ce lundi, le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé a présidé trois cérémonies : la pose de la première pierre pour les travaux de construction de l’Université de Kara (environ 420 km au nord de Lomé dans la préfecture de la Kozah), l’inauguration du nouveau marché central de Kara, dont la mise en service est attendue avec impatience par les commerçantes et commerçants et l’inauguration de l’Institut de formation en alternance pour le développement, dédié aux métiers de l’élevage (IFAD-Elevage) de Barkoissi dans la préfecture de l’Oti.
L’IFAD-Elevage forme des jeunes togolais en création, conduite, gestion et exploitation de fermes agro-pastorales, en production et transformation des produits laitiers pour le développement de la filière au Togo.
Les manifestations officielles vont se poursuivre mercredi avec le discours du chef de l’État togolais Faure Gnassingbé sur l’état de la nation devant l’Assemblée nationale, l’inauguration de l’hôpital Dogta-Lafiè et la ranimation de la flamme de l’indépendance. Et la boucle sera bouclée jeudi (27 avril) par le traditionnel défilé militaire en présence du chef de l’État.
Programme ‘très riche’
Pour bon nombre d’observateurs, le programme concocté pour cette célébration est ‘très riche’, surtout en raison de la nature des actes qui seront posés : inauguration d’hôpital, de marché, d’Institut de formation etc…
Mais la grande question que beaucoup de togolais se posent est de savoir, si une fois encore, les « leaders » de l’opposition resteront à l’écart: bref, une célébration encore dans la « division ». D’aucuns pensaient que les choses allaient bouger dans le bon sens avec l’avènement de la décentralisation au lendemain des élections locales de 2019. Mais apparemment, les lignes n’ont toujours pas bougé. Déjà le week-end, seuls les proches du pouvoir, des officiers supérieurs de l’armée togolais et des chefs traditionnels ont assisté aux offices religieux à Lomé, selon des images diffusées par la télévision nationale et des photos publiées par les médias.
« Les dispositions sont toujours prises pour inviter les leaders politiques de l’opposition aux festivités et autres manifestations liées au 27 avril. Il appartient donc à tous les togolais de se dépasser et de mettre la Nation au cœur de notre ambition collective pour faire de ce jour un jour de commémoration mais aussi de projection dans l’avenir », a déclaré à l’Agence Savoir News Akodah Ayewouadan, ministre de la communication et des médias, porte-parole du gouvernement.
Certains chefs traditionnels et responsables religieux interrogés préconisent des jeux de couloirs et d’intenses tractations, plusieurs semaines avant la célébration, afin d’arrondir les angles, car les positions sont « trop tranchées ».
« Le sujet est plus profond, car il faut surtout interroger l’histoire. Nous venons de très loin et les plaies ne sont pas encore cicatrisées. La célébration de la fête nationale dans la +division+ trouve son origine dans une succession de faits historiques. Il faut vraiment un travail de couloirs, avec la bonne volonté des politiques: pouvoir et opposition », a estimé un chef traditionnel sous le couvert de l’anonymat.
‘Changer de paradigme’
« Pour corriger les choses, il est impératif de changer de paradigme, c’est-à-dire mettre les citoyens au centre de la gouvernance, en réconciliant le peuple avec leurs gouvernants. Cela passe nécessairement par une autre perception de ceux qui sont appelés opposants au régime. La notion de l’opposition doit être révisée et reconsidérée dans le subconscient collectif des populations. Ceci sera possible lorsque ceux qui sont à la tête du pays ou les gouvernants actuels chercheront moins à briser ou à humilier à tout prix leurs adversaires politiques », a confié à l’Agence Savoir News Gérard Adja, secrétaire exécutif de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP, regroupement de partis politiques de l’opposition et d’organisations de la société civile).
Selon ce dernier, « il faut une réconciliation nationale en posant les bases d’une véritable nation togolaise qui prend en compte tous les togolais dans la manière de gouverner ».
Pour Prof. David Dosseh, porte-parole du Front Citoyen Togo Debout (FCTD), le pouvoir doit mettre en place, « une vraie politique inclusive ».
« Le pouvoir ne peut pas à la fois mener une politique de ségrégation politique pour ensuite appeler à l’unité autour de la fête nationale », a-t-il critiqué.
L’événement majeur de cette célébration qui accroche les togolais est le discours du président de la République sur l’état de la nation devant l’Assemblée nationale mercredi. Car le chef de l’État se prête rarement à cet exercice, qui « n’est plus obligatoire », selon des juristes.
« Le président de la République peut adresser des messages à la Nation. Il s’adresse une fois par an au Parlement sur l’état de la nation », précise l’article 74 de la constitution. FIN
Junior AUREL