Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), dans un rapport publié le 20 avril, « s’inquiète du trop grand nombre d’enfants ayant manqué des vaccins entre 2019 et 2021, avec pour conséquence, des taux de couverture vaccinale en baisse dans 112 pays ».
L’agence onusienne a estimé à environ 67 millions, le nombre d’enfants dans cette situation.
D’après de nouvelles données, souligne-t-elle, la confiance à l’égard de la vaccination infantile s’est érodée durant la pandémie de Covid-19, atteignant une baisse de l’ordre de 44 points de pourcentage dans certains pays.
Pendant la pandémie, la perception de l’importance de la vaccination infantile a diminué chez les habitants de 52 des 55 pays à l’étude, avertit l’Unicef dans son rapport.
« Les enfants nés juste avant ou pendant la pandémie auront bientôt dépassé l’âge auquel les vaccins sont habituellement administrés : il s’avère donc d’autant plus urgent de rattraper les retards accumulés afin de prévenir des flambées épidémiques de maladies mortelles. En 2022, par exemple, le nombre total de cas de rougeole a plus que doublé par rapport à l’année précédente, tandis que le nombre d’enfants paralysés après avoir contracté la poliomyélite a augmenté de 16 % sur la même période. Entre 2019 et 2021, ce chiffre a été multiplié par huit comparativement à la période de trois ans antérieure – une situation qui souligne la nécessité d’intensifier durablement les efforts en faveur de la vaccination », souligne le rapport.
La pandémie, poursuit l’agence onusienne, a également exacerbé les inégalités existantes. En effet, la vaccination reste indisponible, inaccessible ou inabordable pour beaucoup trop d’enfants, en particulier ceux issus des communautés les plus marginalisées – une population déjà difficile à atteindre avant la pandémie – dans un monde où les taux de vaccination stagnent depuis près de dix ans.
« Parmi les 67 millions d’enfants qui n’ont pas reçu tous leurs vaccins de routine entre 2019 et 2021, 48 millions n’en ont reçu aucun – ce sont des enfants +zéro dose+. Si, fin 2021, l’Inde et le Nigeria (deux pays affichant une très forte natalité) recensaient la plus grande population d’enfants zéro dose, c’est au Myanmar et aux Philippines que leur nombre a le plus notablement augmenté », note l’Unicef.
Les enfants non vaccinés vivent dans les communautés les plus pauvres, les plus reculées et les plus marginalisées, dans des pays parfois en situation de conflit.
Les nouvelles données produites aux fins de ce rapport par l’International Center for Equity in Health, révèlent qu’1 enfant sur 5 au sein des ménages les plus pauvres n’a reçu aucun vaccin, contre 1 sur 20 au sein des ménages les plus riches. Souvent, les enfants non vaccinés vivent dans des communautés difficiles d’accès (par exemple, en milieu rural ou dans des bidonvilles) et sont nés de mères qui n’ont pas pu aller à l’école et qui ont peu d’influence sur les décisions familiales.
« Ces problématiques sont d’autant plus présentes dans les pays à revenu faible et intermédiaire, où l’on recense environ 1 enfant zéro dose sur 10 en milieu urbain et 1 sur 6 en milieu rural. Dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, en revanche, l’écart est pratiquement nul entre ces deux milieux », souligne l’Unicef.
« Au Togo, en se basant sur les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef sur la couverture vaccinale nationale, les enfants +zéro dose+ constituent 12% de la cible à vacciner soit environ 38 825 enfants. Les régions de Grand Lomé et Maritime sont les plus concernées », indique l’agence.
Pour vacciner chaque enfant, il est capital de renforcer les soins de santé primaires et de fournir au personnel de première ligne, majoritairement féminin, les ressources et le soutien dont il a besoin.
Le rapport précise que les femmes, premières actrices de la vaccination, se heurtent à des obstacles tels que le faible niveau de salaire, l’emploi informel et le manque d’occasions de formation formelle et de perspectives d’avancement, quand leur sécurité n’est pas directement menacée.
Pour résoudre cette crise de la survie de l’enfant, l’Unicef appelle les gouvernements à « accroître leurs investissements en faveur de la vaccination et à collaborer avec les parties prenantes pour débloquer les ressources disponibles, notamment le solde des fonds alloués à la lutte contre la Covid-19, de façon à déployer de toute urgence des campagnes de rattrapage et à intensifier la vaccination afin de protéger les enfants et de prévenir des flambées épidémiques ». FIN
Edem Etonam EKUE