« La moitié des africains n’ont toujours pas accès aux soins de santé dont ils ont besoin », a affirmé ce vendredi Dr.Matshidiso Moeti (Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique) à l’occasion de la journée mondiale de la santé.
Cette année, la célébration – placée sur le thème « La santé pour tous » – coïncide avec le 75è anniversaire de l’Organisation mondiale de la santé.
En septembre 2019, les dirigeants mondiaux ont approuvé la Déclaration politique de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la couverture sanitaire universelle, qui se trouve être l’accord international sur la santé le plus exhaustif de l’histoire.
La couverture sanitaire universelle représente l’aspiration à ce que des services de santé de qualité soient fournis à tous et selon le besoin, sans pour autant entraîner des difficultés financières pour l’usager. La couverture sanitaire universelle est l’outil qui permet d’instaurer la santé pour tous. Au-delà de la santé et du bien-être, la couverture sanitaire universelle contribue également à l’inclusion sociale, à l’égalité des genres, à l’éradication de la pauvreté, à la croissance économique et à la dignité humaine.
« Si la plupart des États Membres de la Région africaine ont intégré la réalisation de la couverture sanitaire universelle comme un objectif central de leurs stratégies nationales de santé, les progrès restent variés lorsqu’il s’agit de traduire ces progrès en des services équitables et de qualité et d’accroître la protection financière de la population », a déploré Dr.Moeti.
« La moitié des citoyens africains (48 %), soit quelque 672 millions de personnes, n’ont toujours pas accès aux soins de santé dont ils ont besoin. Cette situation résulte de la faiblesse des systèmes de santé, qui se caractérise par : l’inadéquation des infrastructures sanitaires, la mauvaise conception des politiques destinées à limiter les obstacles financiers aux services de santé, la pénurie de personnels de santé qualifiés et l’accès insuffisant à des médicaments, à des produits médicaux et à des technologies innovantes de qualité », a-t-elle relevé.
Selon elle, la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (Covid-19), les situations d’urgence sanitaire et l’aggravation de la situation climatique influent négativement sur les efforts qui sont faits pour accélérer les progrès vers la couverture sanitaire universelle.
Cette pandémie, a-t-elle poursuivi, « a largement perturbé la prestation des services essentiels. Les situations d’urgence sanitaire, dont bon nombre sont provoquées par le changement climatique, perturbent souvent l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement, augmentant ainsi le risque de maladies à transmission hydrique et vectorielle ».
« Le renforcement des systèmes de santé fondés sur des soins de santé primaires solides est indispensable pour reconstruire en mieux et accélérer les progrès vers la couverture sanitaire universelle et la sécurité sanitaire. L’investissement financier dans les soins de santé primaires axé sur les blocs constitutifs des systèmes de santé, précisément sur les personnels de santé, sur les infrastructures sanitaires, sur les médicaments et sur les technologies sanitaires, devrait être soutenu et informé par des bases factuelles », a insisté Dr. Moeti.
« Des investissements supplémentaires destinés à améliorer la protection contre les risques financiers, la lutte contre les inégalités et le renforcement de la résilience des systèmes de santé nationaux après la Covid-19 s’avèrent essentiels si nous voulons mener à bien nos actions visant à accélérer les progrès vers la couverture sanitaire universelle dans la Région africaine », a-t-elle ajouté.
Réalisations importantes
Par ailleurs, des «réalisations importantes ont été accomplies par rapport aux aspirations des dirigeants qui ont créé l’OMS», a noté la Directrice régionale de OMS pour l’Afrique.
« La variole, qui, selon des estimations, a fait 300 millions de morts rien qu’au XXe siècle, a été éradiquée. Depuis 1974, des millions d’enfants ont reçu des vaccins d’importance vitale et bénéficié d’autres interventions axées sur leur survie. En 2020, la Région africaine de l’OMS a reçu la certification de l’éradication des poliovirus sauvages », a-t-elle indiqué.
« L’élargissement des services de santé essentiels et de la couverture des interventions essentielles a donné des résultats. Entre 2011 et 2021, le nombre de nouvelles infections par le VIH a diminué de 44 % dans la Région africaine de l’OMS et la mortalité liée au sida a baissé de 55 %. Le nombre de décès dus à la tuberculose a diminué de 26 % dans la Région entre 2015 et 2021. Simultanément, l’espérance de vie en bonne santé dans la Région africaine a augmenté de dix ans en moyenne par personne entre 2000 et 2019 », a salué Dr.Moeti.
Le 7 avril 2023, qui marque la Journée mondiale de la santé, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) célébrera son 75e anniversaire.
En 1948, les pays du monde entier se sont réunis et ont fondé l’OMS pour promouvoir la santé, préserver la sécurité mondiale et servir les personnes vulnérables – afin que chaque personne, où qu’elle habite, puisse jouir du meilleur état de santé et de bien-être possible.
L’année du 75e anniversaire de l’Organisation est l’occasion de revenir sur les avancées en matière de santé publique qui ont contribué à améliorer la qualité de vie des populations au cours des sept dernières décennies. C’est également l’occasion d’appeler à l’action pour relever les défis qui se posent aujourd’hui et qui se poseront demain en matière de santé. FIN
Junior AUREL