Une pluralité d’acteurs ont pris part du 1er au 2 mars à Libreville (Gabon), aux travaux du One Forest Summit, rencontre de haut niveau visant la gestion durable des écosystèmes forestiers, la lutte contre les changements climatiques et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations.
Co organisée par le Gabon et la France, ce fut deux jours d’intenses réflexions axées sur les trois piliers que sont : débloquer des sources de financements innovants, promouvoir les chaînes de valeurs durables et promouvoir la coopération scientifique sur les forêts tropicales.
La première journée a regroupé des membres de gouvernements et de la société civile ainsi que des experts afin d’avancer sur l’ambition portée par le One Forest Summit. Les participants ont également pris part à des événements ministériels et d’autres rencontres en marge de ces 3 piliers du Sommet.
Selon Mme Chrysoula Zacharopoulou (Secrétaire chargée au développement de la France), il y a une convergence entre climat et biodiversité.
« Climat, biodiversité et développement forment les trois phases d’un même défi…, il faut créer un partenariat global, rassemblant tous les acteurs pour travailler ensemble afin de faire émerger des marchés pour des crédits carbone et poser les bases d’un marché pour des certificats biodiversité », a-t-elle expliqué.
La nature peut fournir 30% de la réponse à la crise climatique. Face à cet immense défi la France appelle tous les pays et tous les bailleurs à développer une approche intégrée, unifiée qui peut concilier Finance-climat et Finance-Biodiversité, a-t-elle signifié.
« Nous pouvons et nous devons valoriser les services rendus par la nature, soit indirectement avec des crédits carbone à haute valeur environnementale, qui doit être acheté et vendu plus cher, soit directement en faisant émerger un marché pour des certificats nature ou certificats biodiversité », a ajouté Mme Zacharopoulou.
‘Ecouter le secteur privé, encourager les pays vertueux’
Pour Lionel Zinsou (ancien premier ministre béninoise) qui a participé à un panel sur la promotion de l’investissement et de l’industrialisation des pays producteurs, il faut écouter le secteur privé et créer les conditions de sa rentabilité.
« Et on y arrive de plusieurs façons notamment, en utilisant les coproduits et en faisant de vrais efforts sur le coût du financement qui est exorbitant », a expliqué M. Zinsou.
« L’investissement est drainé partout, par des questions de rentabilité », a mentionné Hugues Mbadinga Mediya (ministre gabonais de la promotion des investissements, des partenariats public-privé, chargé de l’amélioration du climat des affaires), expliquant que c’est ce qui motive l’engagement du secteur privé.
« C’est l’un des principaux points à retenir, et les exemples donnés dans les différents panels démontrent que nous sommes capables de le faire ». Pour le ministre, il faut également considérer les chaînes de valeurs durables, conditionnées par la présence de producteurs et de consommateurs.
« Je pense qu’il faut donner de la rationalité à ceux qui font des efforts pour préserver les forêts et l’environnement, ça veut dire la question d’un juste prix. Deuxièmement il faut prendre des données globales, car la plupart des pays veulent aller vers une remontée de filière. Par ailleurs, il est aussi important d’encourager les pays vertueux à travers la contrepartie liée à l’effort de conservation des forêts,… J’ajouterai également la question sociale ; qu’il faut intégrer »
La deuxième journée du Sommet axée sur le thème « One Forest Business Forum » a été une séquence de haut niveau du « One Forest Summit », qui a réuni des chefs d’Etats et de gouvernements sur le sujet du bassin du Congo et des défis communs rencontrés par les bassins forestiers tropicaux africain, amazonien et asiatique.
Après les sessions de brainstorming, les travaux de One Planet Summit ont débouché sur une déclaration dite « Déclaration de Libreville », pour la gestion durable des écosystèmes forestiers, la lutte contre les changements climatiques et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. Selon les signataires, il faut la mise en place de politiques fortes pour sauver les forêts du Bassin du Congo, et cette déclaration va être un guide jusqu’aux prochaines Cop biodiversité et changement climatique.
La Déclaration de Libreville
Au nombre des actions contenues dans la Déclaration de Libreville : le renforcement du dispositif d’accompagnement des actions sous régionales en matière de conservation, de gestion durable des ressources forestières, de lutte contre les changements climatiques et de prise en compte des problématiques émergentes. Le document engage les signataires à soutenir la mise en place d’un Programme régional de développement de la diplomatie environnementale parlementaire et d’un Programme d’appui au développement des textes et du droit de l’environnement et des ressources naturelles.
Il s’agira également, de soutenir l’élaboration de stratégies et lois communautaires sur le développement rural et d’apporter au REPAR-AC les appuis nécessaires pour l’élaboration et la mise en œuvre des programmes parlementaires, notamment en matière de conservation de la biodiversité, de gestion durable des forêts, de lutte contre la désertification, de prévention des conflits Homme-Faune, de prévention de la criminalité faunique, de lutte contre les changements climatiques et la promotion du One Health,…etc. Le document engage ses signataires à la matérialisation de ce projet, a indiqué Yannick Ongonwou Sonnet (haut-commissaire à l’environnement et au cadre de la vie à la présidence de la république).
Notons que cette rencontre a réuni des chefs d’États et de gouvernements, des dirigeants d’organisations internationales, des institutions financières, des représentants du secteur privé, des ONG internationales, des groupes de réflexion et des centres de recherche, des organisations de populations autochtones et la société civile. Elle a été l’occasion de réfléchir à la promotion de la solidarité entre les trois grands bassins forestiers à l’échelle mondiale : la forêt amazonienne, le bassin du Congo et les forêts tropicales d’Asie du Sud Est.
Précisons que le choix du Gabon repose sur le fait que ce pays est en première ligne dans la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité, très tôt hissées au rang de priorités au niveau national. Cette nation – dont 88% du territoire est recouverte par la forêt équatoriale -, a adopté un modèle économique alliant développement industriel et gestion durable de ses ressources naturelles.
Ambroisine MEMEDE