Les autorités béninoises ont entamé le dépouillement des élections législatives de dimanche dont les résultats sont attendus en fin de semaine, a-t-on appris mardi auprès de la commission électorale (Cena), après un vote jugé sans incident.
Les décomptes « suivent leur cours et avant la fin de la semaine, on devrait avoir les tendances du scrutin », a précisé à l’AFP une source au sein de la Cena.
Ce vote, considéré comme un test démocratique clé pour ce pays d’Afrique de l’Ouest, est marqué par la participation de plusieurs partis de l’opposition, pour la première fois sous la présidence de Patrice Talon, élu en 2016.
« Tous les coordinateurs d’arrondissement ont déjà acheminé sur Cotonou » les urnes contenant les votes, ont confirmé mardi à l’AFP plusieurs sources au sein de la Cena, qui a reçu les derniers bulletins lundi après-midi.
Quelques 6,6 millions de Béninois étaient appelés aux urnes pour élire pour trois ans les 109 députés du parlement. La campagne électorale s’est déroulée « dans un environnement calme et pacifique » et le vote a été bien organisé, a estimé une mission d’observation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Sept partis, dont trois se réclamant de l’opposition, ont été autorisés à y participer. Les leaders de l’opposition, pour la plupart emprisonnés ou en exil, espèrent voir leurs partis gagner des sièges au Parlement avant les présidentielles de 2026 et ont félicité leur supporters pour leur mobilisation.
Les dernières législatives, tenues en 2019, avaient été marquées par des violences meurtrières, une abstention record et une coupure totale d’internet, des faits rarissimes au Bénin.
L’opposition n’avait pu y participer en raison d’un durcissement des règles du scrutin. Seules deux formations de la mouvance présidentielle y avaient été autorisées, donnant un Parlement entièrement acquis au président Talon.
Les partisans de Patrice Talon, un magnat du coton réélu en 2021, estiment qu’il a favorisé le développement économique du pays. Mais l’opposition dénonce de son côté un recul démocratique marqué par de lourdes condamnations d’opposants politiques.
Depuis sa cellule, l’opposante Reckya Madougou a salué dans un communiqué, « la maturité du peuple béninois » qui « s’est exprimé sans ambiguïté pour la restauration de la démocratie et la liberté de choix et d’expression ».
En décembre 2021, Mme Madougou a été condamnée à 20 ans de prison pour terrorisme. L’universitaire Joël Aïvo, autre membre de l’opposition, a lui écopé de dix ans d’emprisonnement pour conspiration contre l’autorité de l’Etat. Le Bénin, comme d’autres pays du Golfe de Guinée comme le Ghana, le Togo et la Côte d’Ivoire est de plus en plus confronté aux violences de groupes jihadistes aux abords de sa frontière nord avec le Burkina Faso et le Niger.
SOURCE : AFP