La lutte pour la santé et une meilleure condition environnementale est aujourd’hui plus âpre en Afrique qu’ailleurs et nécessite une bonne sensibilisation. Dans une interview accordée à l’agence Savoir News, Bamba Youssouf (Président du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement, Remapsen) explique comment ce réseau se positionne aujourd’hui à travers ses actions. Lisez plutôt.
M.Bamba, vous êtes le président fondateur du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN), un réseau présent dans plus de 25 pays d’Afrique. Depuis combien d’années existe ce réseau et qu’est-ce qui sous-tend sa mise en place ?
Je voudrais d’abord adresser mes vœux les meilleurs à toute la population du Togo, à tous les journalistes du Togo, à ceux qui sont engagés dans la lutte contre les pandémies en général, mais aussi la promotion de l’environnement. Je voudrais également m’incliner devant la mémoire de notre collègue trop tôt disparu, le premier coordonnateur du Remapsen au Togo, notre très cher et regretté de Thibault Adjibodin qui nous a quittés il y a quelques semaines. Il fut un des très grands combattants de notre organisation… que Dieu l’accueille dans sa félicité.
Le Remapsen est né le 13 juin 2020 après la dissolution du Réseau des Médias Africains pour la lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme (REMASTP), que nous avions créé en 2008 ; une époque où le sida était un réel problème pour l’Afrique (et il le demeure encore). Entre-temps, d’autres problèmes sont apparus et pour y faire face, nous avons dû nous accorder afin de regarder de façon plus large, l’ensemble des pandémies en Afrique ; d’où la mise en place du Remapsen.
Et le volet environnement a été intégré parce que l’ONUSIDA, l’OMS et toutes les organisations s’accordent désormais à reconnaitre qu’au moins 25% des problèmes de santé sont liés aux questions environnementales. D’ailleurs l’OMS a créé le Concept One Health (une seule santé).
Pourquoi rassembler les médias africains autour de ces deux thématiques ?
En général, on a considéré à tort que la santé était uniquement l’affaire des professionnels de la santé. Mais aujourd’hui, beaucoup de problèmes liés à la santé et à l’environnement, sont également liés à la communication. L’exemple palpable est la Covid-19 pour laquelle il y a eu une forte sensibilisation, pour la vaccination, la prévention (…) ; et c’est la même chose pour toutes les maladies. Il y a donc un volet prévention qui n’est pas forcément du ressort des médecins.
La création du Remapsen répond donc au souci de mieux informer nos populations, afin qu’elles fassent attention à certains comportements qui pourraient nous conduire dans les maladies ou la dégradation de l’environnement. Notre rôle est vraiment de sensibiliser, d’informer et je pense que cela pourra réduire le taux d’infection face aux problèmes de santé auquel nous faisons face aujourd’hui.
Et comment fonctionne le Remapsen ?
Le premier organe de fonctionnement du Remapsen est l’Assemblée générale, une structure qui prend toutes les décisions. Le deuxième organe est le Comité exécutif qui regroupe les coordonnateurs du Remapsen dans chaque pays où le réseau est présent. Ces derniers reçoivent mandat du président que je suis, pour mettre en place un bureau de coordination d’au moins 8 membres. Les bureaux de coordination pays ainsi constitués, représentent le troisième organe de mise en œuvre des décisions de l’AG, mais à l’échelle pays. Et à ce titre, ils peuvent également initier des activités au plan local.
Chaque représentation nationale travaille à faire avancer le Remapsen, en tenant compte des réalités du pays, des plans stratégiques nationaux que ce soit au niveau de l’environnement ou de la santé. Le réseau pays est tenu de se conformer aux règles en matière de reconnaissance associative. Nous mettons un accent sur la formation des journalistes en matière de santé et de l’environnement, afin qu’ils puissent donner de très bonnes informations en accord avec les partenaires qui existent dans leur pays.
Comment est-ce que le Remapsen a vécu la période de Covid ?
Ecoutez, on continue de vivre cette période. Et c’est la Covid19 qui nous a amenés à créer le Remapsen et nous continuons de travailler. D’ailleurs, vous étiez avec nous à Dakar, lors du Forum que nous avons tenu avec l’ONUSIDA. La Covid 19 a eu un impact sur plusieurs autres problèmes de santé. Tout le monde et notamment les professionnels de la santé se sont tellement mobilisés pour contrecarrer l’avancée de la Covid 19 en Afrique; et on a dû malheureusement abandonner les autres pandémies comme le VIH, qui continuent de causer des dégâts dans nos pays. Le cancer est une réalité, les problèmes comme le paludisme, la tuberculose, le sida et bien d’autres. Aujourd’hui, l’hypertension artérielle, le diabète, etc. sont également des réalités dans nos pays.
C’est un appel que je lance à travers cette interview, que tous les journalistes puissent s’engager à équilibrer l’information, et que les populations soient sensibilisées (dans les normes) sur toutes les maladies où il y a un besoin de sensibilisation. Je profite de l’occasion pour remercier tous les journalistes qui étaient avec nous au forum de Dakar sur le VIH. Plus de 77 articles ont été publiés par les participants, mais nous pouvons aussi en faire davantage pour les autres pandémies.
Depuis sa mise en place, quelles sont les grandes actions menées dans la région ?
Le Remapsen a été créé pendant la Covid19, donc on n’a pas pu voyager. Nous avons fait des webinaires qui ont été suivis de productions médiatiques dans chacun des pays. Depuis le début des activités du Remapsen, nous avons organisé plus d’une vingtaine de webinaires sur diverses thématiques dont la tuberculose, le paludisme, le VIH. Plusieurs sujets liés à l’environnement ont été développés, que ce soit au niveau régional ou au niveau de chaque pays. Mais l’activité d’envergure que nous avons menée a été le Forum des médias, organisé à Dakar du 8 au 10 novembre 2022. Cette rencontre nous a permis de renforcer nos capacités. Les partenaires aussi ont commencé à découvrir le Remapsen ; et nous allons multiplier ce genre d’actions en 2023.
Quelle est aujourd’hui la taille du réseau au plan africain ?
Au niveau du Remapsen, les choses bougent. Nous avons également des adhésions. Avant la fin de l’année, nous atteindrons 40 pays, membres du réseau.
Des projections pour 2023 ?
Beaucoup d’activités sont prévues dont un forum des médias sur le changement climatique, qui se tiendra à Yaoundé au Cameroun en juin. Nous aurons également un Forum à Conakry sur la santé de l’enfant, en partenariat avec l’UNICEF/bureau régional. Il est également prévu des projets à mener dans chaque pays. Par ailleurs, chaque coordination pays est chargée d’organiser une activité par trimestre. Nous allons également discuter avec les partenaires pour les autres régions, parce que le Remapsen concerne les médias de tout le continent africain.
En ce qui concerne le Togo, une rencontre est prévue avec la coordination nationale. De même qu’une activité en partenariat avec l’Organisation ouest africaine de la santé (OOAS) pour renforcer les capacités des journalistes. FIN
Propos recueillis par Ambroisine MEMEDE