La journée mondiale de lutte contre le sida a été commémorée le 1er décembre sous le thème « Poussons à l’égalité », une invite à dépasser les inégalités qui entravent encore l’atteinte des objectifs fixés pour 2030.
Cette journée a été pour Mme Winnie Byanyima (directrice exécutive de l’ONUSIDA), l’occasion de se prononcer sur la situation des enfants séropositifs.
« Une inégalité qui me fend le cœur, est celle qui touche les enfants vivant avec le VIH », avait-elle déclaré, soulignant qu’il s’agit d’une honteuse injustice à laquelle il faut mettre fin.
Mettre fin au sida chez les enfants est une question préoccupante sur laquelle le réseau EVA (Enfant et VIH en Afrique) ne cesse de travailler. Le directeur exécutif de ce réseau était face aux membres du Remapsen (Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement), une rencontre virtuelle qui a permis à Dr Gérès Ahognon, d’exposer la situation des enfants vivant avec le VIH en Afrique de l’Ouest et du Centre, les difficultés liées à l’atteinte des objectifs et aussi des pistes de solution pour soutenir la lutte.
Ce dernier a déclaré que la situation du VIH pédiatrique est très critique sur notre région, car il n’y a pas assez d’investissement sur le Vih pédiatrique et les ressources sont très peu.
« Lorsque vous prenez les indicateurs chez les enfants, vous avez à peine 35% qui sont dépistés, 35% qui sont mis sous traitement et seulement 27% qui ont une charge virale indétectable. Comparés aux chiffres obtenus au niveau des adultes, l’écart est très grand », a déploré Dr Ahognon.
Cela veut dire que, a-t-il poursuivi, il y a soit un problème au niveau des médicaments qui sont pris, soit que le médicament n’est pas bien pris ou qu’il n’est pas efficace.
A en croire le responsable de EVA, la prise en charge est difficile au niveau pédiatrique : « Quand on parle de la pédiatrie, il y a la petite enfance, la grande enfance et l’adolescence. Et il faut noter que les problématiques chez les enfants de 0 à 5ans diffèrent de celles liées aux enfants de 5 à 14ans… Le VIH chez les enfants est très spécifique et complexe, et il faut non seulement un engagement politique, mais aussi des actions pour pouvoir apporter des solutions idoines aux différents problèmes », a-t-il longuement expliqué aux journalistes.
Plusieurs questions ont été abordées dont le traitement chez les enfants, comment inverser les chiffres à leur niveau, l’implication des enfants et des adolescents dans la lutte contre le VIH.
C’est compliqué, car la plupart des associations existantes sont constituées d’adultes PVVIH, a déclaré Dr Ahognon, prenant à titre d’exemple de difficulté, la gestion des ARV au niveau pédiatrique.
« Au niveau des adultes, lorsqu’il y a une rupture d’ARV dans un centre de santé, tout le monde est alerté. Mais au niveau pédiatrique, personne n’en parle car il n’existe pas d’organisation identitaire au niveau des enfants et des adolescents. En même temps, on ne peut pas demander aux enfants de faire un plaidoyer… », s’est-il plaint.
Avant d’ajouter que « le diagnostic chez les enfants est très spécifique. Ça part déjà du suivi de la femme enceinte qui va accoucher. Lorsque la femme enceinte n’est pas correctement suivie, cette femme va échapper au dispositif de diagnostic mis en place. De plus, les machines utilisées pour le diagnostic chez les enfants n’est pas disponible dans tous les centres… ».
« Donc notre travail c’est aussi le plaidoyer pour l’accessibilité de tout ce qu’il y a comme dispositif de dépistage au niveau des sites de prise en charge, mais également travailler avec les associations communautaires afin de mieux les impliquer, pour garder le couple mère-enfant dans le fil actif, parce que l’enfant qui doit être dépisté doit être amené par la mère et si ce n’est pas le cas, vous ne pouvez rien, mais le communautaire peut aller sensibiliser la famille, afin que la maman aille à l’hôpital », a expliqué Dr Ahognon.
Notons que depuis 2019, le réseau a entrepris dans quelques pays, de faire le renforcement de capacités et d’accompagner des adolescents et les constituer en associations de jeunes.
Il déclaré que le nouveau plan stratégique de EVA met l’accent sur le renforcement de capacités des associations communautaires, afin de mieux les impliquer pour accroitre le dépistage et de l’autre côté, continuer à faire le plaidoyer au niveau international et aussi au niveau de nos programmes pour que le plateau technique soit fourni. Car, on a beau envoyé la femme à l’hôpital, mais si le jour où la femme arrive, on lui dit qu’il y a un manque de réactif ou que l’appareil est en panne, soyez sûre que la semaine prochaine, elle ne reviendra pas.
C’est sur ces goulots d’étranglement que le réseau essaie de jouer et invite les médias à soutenir ses actions.
Rappelons que le réseau EVA est présent dans 11 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Le webinaire a permis aux membres du Remapsen, de cerner les enjeux de la lutte, les actions à mener et leur rôle. C’était également l’occasion de mieux connaitre le réseau EVA, l’étendue du réseau et de ses actions dans les pays membres. FIN
Ambroisine MEMEDE