Le journaliste sénégalais Pape Alé Niang, détenu depuis près d’un mois près de Dakar, a entamé vendredi une grève de la faim pour protester contre son « emprisonnement injuste et arbitraire », selon une confédération syndicale.
« Il a entamé la grève de la faim aujourd’hui. Nous n’avons pas réussi à l’en dissuader », a déclaré à l’AFP Ibrahima Lissa Faye, un responsable de la Coordination des associations de presse (CAP), qui regroupe plusieurs syndicats de presse.
Détenu à Sébikotane, M. Niang avait annoncé qu’il entamerait une grève de la faim à partir de vendredi, dans un communiqué publié jeudi par la CAP qui lui a rendu visite ce jour-là.
« J’ai décidé d’observer une grève de la faim pour dénoncer mon enlèvement, ma séquestration et ma torture psychologique dans les locaux de la (police), mon emprisonnement injuste et arbitraire à la prison de Sébikotane », a-t-il dit dans ce texte.
Patron du site d’informations en ligne « Dakar Matin », le journaliste a été arrêté le 6 novembre puis inculpé le 9 novembre pour « divulgation d’informations de nature à nuire à la Défense nationale », « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques ».
Le secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF) Christophe Deloire a exhorté jeudi le président sénégalais Macky Sall à respecter ses engagements en matière de liberté de la presse à l’occasion d’une visite au journaliste.
« Nous nous souvenons tous qu’à sa première élection le président Macky Sall a formellement annoncé qu’aucun journaliste ne serait en prison au Sénégal pendant son exercice du pouvoir », a déclaré M. Deloire, cité dans un communiqué de son organisation.
Selon les syndicats de la presse, les autorités reprochent à M. Niang d’avoir diffusé des messages confidentiels sur le dispositif sécuritaire autour de l’interrogatoire du principal opposant politique, Ousmane Sonko, le 3 novembre dans une affaire de viols présumés, et d’avoir appelé à descendre dans la rue. L’arrestation puis la détention du journaliste ont suscité une vague de critiques de la presse et de la société civile contre M. Sall.
De nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme et l’opposition exigent sa libération. Le Sénégal est 73e sur 180 au dernier classement sur la liberté de la presse de établi par RSF. Le pays a perdu 24 places par rapport à 2021.
SOURCE : AFP